Arthrite réactionnelle : tout savoir sur cette maladie

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Il existe diverses infections qui peuvent avoir des répercussions sur les articulations. On parle alors d’une arthrite réactionnelle, une pathologie appartenant à la famille des spondylo-arthropathies. Elle touche majoritairement les individus de sexe masculin, entre 20 et 40 ans. On vous dit tout sur cette pathologie articulaire dans cet article.

Définition de l’arthrite réactionnelle

L’arthrite réactionnelle (AR), également connue sous son ancienne appellation « syndrome de Reiter » est une spondylarthrite stérile. Elle traduit une inflammation des articulations et des tendons en réaction à une ou plusieurs infections.

Dans l’arthrite réactionnelle, le site infectieux ne concerne pas vraiment les articulations. Les pathologies provoquées par les germes situées dans les articulations elles-mêmes ne sont donc pas concernées par cette maladie.

Les causes et les facteurs de risque de cette maladie articulaire

L’infection est la principale cause de l’arthrite réactionnelle. Les agents pathogènes responsables sont nombreux, mais les plus souvent impliqués sont les microbes responsables d’une infection digestive, uro-génitale ou respiratoire.

 Les germes d’origine génitale

Le principal germe responsable d’une arthrite réactionnelle est Chlamydia trichomatis.

Au début de l’infection, ce germe provoque l’inflammation de l’urètre (blennorragie ou urétrite non gonococcique) dans environ un cas sur deux. Chez la femme, l’infection peut entrainer une cervicite (inflammation du col de l’utérus) qui peut évoluer vers une inflammation des conduits ovulaires ou salpingites.

Après une évolution chronique, l’infection par Chlamydia trichomatis aboutit non seulement à la stérilité, mais aussi à une arthrite réactionnelle.

En dehors du Chlamydia, la bactérie Ureoplasma urealyticum peut aussi engendrer une atteinte articulaire.

Si on se réfère à ces germes, il faut croire que les personnes qui souffrent de maladies sexuellement transmissibles sont alors plus à risque de développer une arthrite réactionnelle.

Les germes d’origine digestive

Le système digestif abrite plusieurs microorganismes. Ils peuvent provenir de l’extérieur, par l’alimentation par exemple. Certains sont pathogènes et franchissent la barrière épithéliale intestinale pour attaquer et infecter les muqueuses. Ce sont ces infections qui peuvent conduire à une arthrite réactionnelle.

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Voici les germes digestifs pathogènes.

  • Les shigelles (Shigella sonnei, flexnei et Shigella dysenteriae)qui sont responsables de la dysenterie.
  • Les salmonelles (Salmonella enteridis et Salmonella typhimurium) : agents de la gastro-entérite.
  • Campyilobacter jejuni.
  • Yersinia enterocolitica et Yersinia pseudotuberculosis: germes responsables des troubles digestifs aigus avec diarrhées, fièvres et douleurs abdominales.
  • Escherichia coli.

D’autres microorganismes peuvent aussi entrer en jeu :

  • Streptocoques ;
  • Staphylocoques dorés ;
  • borreliae ;
  • Kingella kingea: observé dans 64 % des cas d’arthrite réactionnelle.

Dans des cas peu habituels, l’AR est induit par d’autres animalcules et d’autres vers qui parasitent l’intestin comme les amibes, les ténias.

Parfois, les vaccinations comme l’anti-salmonelle et le BCG intravésical peuvent aussi conduire à une arthrite réactionnelle.

À noter que toute les personnes ayant contracté ces agents pathogènes ne souffriront pas obligatoirement d’une arthrite réactionnelle. Il existe des facteurs de risque particulier comme une prédisposition génétique, c’est-à-dire acquise dès la naissance. Cela concerne le système de typage tissulaire hérité des parents : le système HLA (antigènes leucocytaires humains).

Le type HLA-B27 accroît plus de 12 fois, voire 50 fois de plus le risque de développer une AR. En effet, ce facteur génétique est observé chez plus de la moitié des personnes qui souffrent d’une arthrite réactionnelle.

Pour expliquer ce fait, certaines hypothèses ont laissé supposer que HLA-B27 pourrait favoriser des réactions auto-immunes. La raison est que certaines séquences de l’antigène ressemblent à ceux des agents pathogènes, notamment à ceux des entérobactéries.

Certaines études ont aussi montré que les molécules de certains agents pathogènes ont comme ligand les molécules de HLA-B27. Ils s’en servent pour se fixer sur la capsule articulaire. Ce phénomène bouleverse les réactions immunitaires et favorise la persistance de l’agent pathogène d’où l’apparition d’une arthrite réactionnelle.

Ce cas n’est observé qu’à un faible pourcentage chez les populations de race blanche (entre 6 à 7 %) et encore plus faible chez la race noire.

Quels sont les symptômes d’une AR ?

L’AR se manifeste par des symptômes extrêmement variés.

  • Des problèmes articulaires : des douleurs et d’autres signes inflammatoires qui touchent plusieurs articulations à la fois (celles des membres supérieurs, celles des membres inférieurs surtout les genoux [dans 90 % des cas], de la colonne vertébrale et des articulations sarco-iliaques). Ces symptômes articulaires apparaissent brutalement dès 2 semaines ou 1 mois après l’infection.
  • Des problèmes oculaires : conjonctivite, inflammation de l’iris, ulcérations cornéennes, uvéite antérieure aiguë… Ces syndromes peuvent s’accompagner de douleurs oculaires, de photophobies et d’une diminution de l’acuité visuelle.
  • Des signes dermatologiques : au début de l’AR, on peut constater des éruptions des vésicules claires qui deviennent des pustules à aspect proche du psoarisis. Elles apparaissent au niveau des paumes des mains, des plantes des pieds où il prend l’aspect connu sous le nom de « clou du tapissier ». On peut aussi en voir au niveau du scrotum et du cuir chevelu. Les muqueuses des organes digestives, ou des organes de reproduction peuvent présenter des lésions. Et, un épaississement anormal de couleur jaune (hyperkératose) se constate en dessous des ongles et des autres téguments.
  • Des problèmes digestifs comme la diarrhée, une rectocolite hémorragique.
  • Des problèmes cardiaques: myocardite, péricardite, insuffisance aortique, troubles de conduction. L’atteinte cardiaque reste exceptionnelle.
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Chez certaines personnes, l’arthrite réactionnelle peut également affecter le rein. Le patient peut également ressentir d’autres symptômes à l’instar de la fièvre, de la fatigue et du manque d’appétit.

Le diagnostic d’une arthrite réactionnelle

Vu la pluralité des signes cliniques qui n’apparaissent pas tous à la fois, le diagnostic de l’arthrite réactionnelle peut s’avérer compliqué.

Le diagnostic différentiel permettra d’écarter les pathologies telles que les arthrites septiques ou les autres spondylarthropathies.

Pour ce faire, le médecin réalise un interrogatoire et des examens cliniques pour en savoir plus sur l’état général du patient et les symptômes qu’il ressent.

Il va ensuite poursuivre la consultation avec des examens biologiques et bactériologiques pour mettre en évidence :

  • la présence des germes infectieux ;
  • les signes d’inflammation : augmentation de la PCR et de la vitesse de Sédimentation ;
  • la présence de pus dans l’urine ;
  • l’abondance de globules blanc polynucléaire neutrophile dans le liquide articulaire ;
  • les antigènes HLA-B27 dans les cas plus sévères.

Enfin, les examens d’imagerie sont aussi d’une grande aide pour justifier le diagnostic et pour évaluer l’évolution de l’AR.

  • La radiographie : elle montre à priori des résultats normaux, mais si la maladie s’est évoluée, on observerait des anomalies osseuses telle une diminution de la densité osseuse, une érosion articulaire, une ossification et une inflammation dans certaines zones articulaires concernées.
  • L’IRM: elle montre un signal inflammatoire.
  • L’échographie: elle permet d’observer les inflammations dans les autres structures de l’articulation, au niveau de l’enthèse.

Que faire pour traiter cette maladie articulaire ?

Les traitements symptomatiques

Pour apaiser les symptômes, on a souvent recours aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il s’agit d’un traitement de première ligne, administré par voie générale ou en injection locale.

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En alternative, on opte pour les corticoïdes qui peuvent se faire en injection locale. Il faut toutefois faire attention aux effets indésirables.

La physiothérapie (kinésithérapie), l’ostéopathie et le repos peuvent aussi apporter un grand soulagement dans le cadre d’une arthrite réactionnelle.

Les traitements étiologiques

  • L’antibiothérapie : pour lutter contre les agents infectieux. C’est surtout important dans le cas des infections uro-génitales à Chlamydia. Les deux partenaires doivent être traités à la fois pour éviter les récidives qui tendent à provoquer une arthrite réactionnelle.
  • L’administration d’ARMM (médicaments antirhumatismaux modificateurs de la maladie)
  • Les agents biologiques qui bloquent le TNF alpha (protéines qui interviennent dans l’inflammation).

Pour finir, sachez qu’il ne faut pas négliger une arthrite réactionnelle. Elle peut conduire à de multiples complications au niveau de divers organes comme les yeux, la peau, le cœur, etc. Elle n’est pas contagieuse et se soigne généralement au bout de 3 mois si le traitement est bien conduit. Si vous ressentez des signes articulaires après un épisode de maladie infectieuse, consultez votre médecin.

Références

http://www.rhumato.info/cours-revues2/90-arthrites-reactionnelles/72-les-arthrites-reactionnelles

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2018/revue-medicale-suisse-597/arthrite-reactionnelle # tab=tab-read

https://scholar.google.com/scholar?hl=fr&as_sdt=0%2C5&q=arthrite+r%C3%A9actionnelle&oq=arthrite+r%C3%A9a # d=gs_qabs&u=%23p%3DqEhSoY8fX0cJ

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