Tout le monde est d’accord pour dire que le mal de dos a des conséquences négatives sur la fonction, c’est-à-dire sur les activités de la vie quotidienne. Certains doivent sacrifier plusieurs activités sociales, d’autres abandonner leur sport favori. Mais si je vous disais que la douleur pouvait avoir un effet délétère sur le cerveau?! Dans l’article suivant, Yvan Campbell, kinésiologue spécialiste en douleur chronique, discute de la relation entre la taille du cerveau et certaines maladies chroniques.
Novembre 2004. Un chercheur américain, le Dr Apkar Vania Apkarian, publie une étude qui démontre hors de tout doute que la douleur chronique produit une réduction de 11 % de la matière grise du cerveau. Les sujets de son étude étaient des individus qui souffraient de maux de dos chroniques.
“Étonnement général chez les chercheurs et les cliniciens! Par contre, panique et désarroi chez les gens qui souffraient de douleur persistante!”
Le travail du Dr Apkarian illustrait que la diminution du volume cérébral était directement proportionnelle au nombre d’années pendant lesquelles ces personnes avaient souffert de leur lombalgie. Cette diminution du volume du cortex préfrontal et du thalamus équivalait à 10 ans de vieillissement «normal» du cerveau. Étonnement général chez les chercheurs et les cliniciens! Par contre, panique et désarroi chez les gens qui souffraient de douleur persistante.
Depuis la parution de cette étude, de nombreux chercheurs ont démontré le même phénomène dans les cas de fibromyalgie, de syndrome douloureux général complexe (algodystrophie réflexe), de migraine et du syndrome du colon irritable. Cette atrophie de certaines régions du cerveau pourrait expliquer pourquoi les douloureux chroniques éprouvent des problèmes de concentration, de mémoire et autres troubles cognitifs.
Réversibilité
La bonne nouvelle est que ce phénomène est réversible. Une étude effectuée à l’université McGill en 2011 et pilotée par le Dr David Seminowicz démontre que les douloureux chroniques affectés par ces changements dans la structure physique de leur cerveau peuvent inverser le phénomène. En effet, les participants de l’étude ont vu leur cerveau revenir à la normale après avoir réussi à diminuer et à éliminer leur douleur.
Exercice et BDNF
Un des mécanismes qui expliquerait la réversibilité de l’atrophie de certaines régions du cerveau conséquente à une douleur persistante pourrait être lié à l’exercice. En effet, l’exécution régulière d’un programme d’exercices stimule la production du facteur neurotrophique issu du cerveau (Brain-Derived Neurotrophic Factor en anglais) ou BDNF. Le BDNF est un membre d’une famille de composés chimiques, les neurotrophines, qui agissent littéralement comme un engrais pour les cellules du cerveau. Le BDNF favorise la neurogénèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux neurones, ce qui pourrait contrecarrer l’atrophie induite par une douleur qui dure depuis des mois, voire des années. De plus, le BDNF favorise les connexions entre les neurones, que l’on nomme synapses, et qui sont les fondements de l’efficacité du fonctionnement de notre cerveau.
Ceci pourrait expliquer, en partie, pourquoi l’exercice est tellement efficace dans la prise en charge des syndromes de douleur persistante.
Conclusion
Si vous souffrez du dos depuis un long moment déjà, il est possible que votre cerveau ait diminué en taille. D’ailleurs, certains expliquent la perte de concentration et de mémoire souvent décrite par les lombalgiques chroniques avec ce phénomène d’atrophie de la matière grise du cerveau. Par contre, il faut également se rappeler que c’est un phénomène réversible (et non pas une condamnation!). L’exercice physique, s’il est effectué de la bonne façon, est un parfait outil pour permettre la réduction de la douleur et le retour du cerveau à sa taille “normale”. Une raison de plus d’adopter une approche proactive en lien avec votre mal de dos!
Si vous désirez bénéficier d’une approche structurée, simplifiée et complète pour combattre vos maux de dos, une série de GUIDES EN LIGNE est mise à votre disposition. Peu importe votre condition, vous trouverez un guide qui répondra à vos besoins, et vous orientera vers le chemin de la guérison!
Références
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304395906002557
https://www.jneurosci.org/content/24/46/10410.short
https://link.springer.com/article/10.1007/s11926-008-0077-7
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0304395908001280