Épiphysiolyse de hanche : diagnostic et traitement

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L’épiphysiolyse est une pathologie de la hanche qui touche principalement les enfants entre 9 et 16 ans. Elle affecte en moyenne 10 adolescents sur 100 000 et est plus fréquente chez les garçons que chez les filles. Sans traitement, le déplacement du col fémoral continue à se faire progressivement et peut aboutir à des complications dramatiques comme la nécrose avasculaire ou la chondrolyse. Pour en savoir un peu plus à ce sujet, lisez cet article jusqu’à la fin.

Comment définir une épiphysiolyse de hanche ?

L’épiphysiolyse de hanche ou épiphysiolyse fémorale supérieure est une pathologie de la hanche qui touche les adolescents (entre 9 et 16 ans), surtout les garçons prépubères. Liée à une anomalie du cartilage de croissance, elle se traduit par un glissement vers l’arrière et le bas de la tête du fémur (épiphyse fémorale supérieure) par rapport au col de ce même os.

Le glissement se produit au niveau du cartilage de croissance, dans l’articulation de la hanche. La tête fémorale reste en place dans la cotyle fixée par le ligament rond et c’est la métaphyse qui se déplace, en haut et en avant poussant ainsi la tête en arrière et en bas.

Ce déplacement peut-être :

  • rapide et brutal (dure moins de 3 semaines), dans ce cas on parle d’épiphysiolyse aiguë ;
  • lent et progressif (dure plusieurs mois) : c’est l’épiphysiolyse chronique.

Les douleurs sont souvent vagues. Radiographiquement, les signes de remodelages sont visibles.

L’épiphysiolyse aiguë représente 15 % des cas des patients qui décrivent des coxalgies (douleur au niveau de la hanche), des gonalgies (douleur au niveau du genou) ou des douleurs ressemblant à celles d’une fracture.

Quelles en sont les causes ?

La cause exacte de l’épiphysiolyse de la tête fémorale reste encore inconnue jusqu’à présent. Toutefois, cette affection est probablement due à un affaiblissement du cartilage de croissance. Des facteurs mécaniques, hormonaux et métaboliques jouent un rôle important dans l’avènement de la maladie.

C’est souvent pendant la période de croissance pubertaire que l’épiphysiolyse survient. Elle peut être due à un traumatisme, une inflammation, des complications dues à l’obésité ou à des modifications des taux d’hormones dans le sang (comme l’hypothyroïdie, baisse du taux d’hormone thyroïdienne, l’hyperparathyroïdie, l’insuffisance en hormone de croissance…).

Il existe aussi d’autres facteurs de risque comme :

  • les facteurs de risque anatomiques tels que les déformations de la hanche, la rétroversion fémorale ou la protrusion acétabulaire ;
  • la radiothérapie (le risque d’épiphysiolyse augmente proportionnellement à la dose de radiothérapie reçue) ;
  • les maladies rénales (exemple l’hyperparathyroïdie secondaire à l’insuffisance rénale) ;
  • les prises de médicaments tels que les stéroïdes ;
  • les antécédents d’épiphysiolyse dans la famille.

Le glissement engendre une contrainte au niveau des vaisseaux qui vascularisent la tête fémorale avec un risque accru de nécrose (mort cellulaire) de cette dernière. Cette condition est qualifiée de d’ostéonécrose de hanche (ou nécrose avasculaire).

Quels sont les symptômes ?

Le début est souvent insidieux et les symptômes reflètent l’importance du glissement de la tête fémorale.

Le premier symptôme de l’épiphysiolyse de la tête fémorale peut être une raideur ou une légère douleur dans la hanche qui s’atténue avec le repos, mais s’aggrave à la marche et à la mobilisation de la hanche. Parfois, la douleur peut sembler provenir du genou ou de la cuisse. La douleur irradie ensuite vers la face interne de la cuisse jusqu’au genou. Elle s’explique par l’irritation d’une branche du nerf obturateur qui chemine dans le ligament rond.

À un stade plus avancé, les signes peuvent comprendre une douleur à la mobilisation passive de la hanche avec limitation de la flexion, de l’abduction (écart par rapport à l’axe du corps dans un plan frontal) et de la rotation interne et une boiterie, voire une impossibilité de marcher.

À l’examen clinique, la hanche est en rotation externe avec un léger raccourcissement du membre inférieur, comme dans les fractures du col du fémur. Une amyotrophie du quadriceps (diminution du volume des muscles quadriceps) est souvent retrouvée témoignant de la chronicité de la maladie.

Si le diagnostic est tardif, deux types de complications peuvent survenir : la nécrose de la tête fémorale et la chondrolyse. La nécrose de la tête fémorale est due à une altération de la circulation sanguine. L’os se détruit alors progressivement. Quant à la chondrolyse, elle désigne la destruction du cartilage articulaire de la hanche. L’arthrose précoce est la principale complication d’une épiphysiolyse non traitée.

Comment établir le diagnostic de l’épiphysiolyse de hanche ?

Le diagnostic se base avant tout sur l’interrogatoire du médecin qui recherche les symptômes et les facteurs de risque d’une épiphysiolyse de hanche. Après cela, il faut également passer par un examen radiologique.

La radiographie des deux hanches (incidences de face et de profil) permet de visualiser l’élargissement du cartilage de conjugaison et le déplacement postérieur et inférieur de la tête fémorale.

L’échographie et l’IRM de hanche sont utiles, si les radiographies sont normales.

L’échographie permet de rechercher la présence d’un éventuel épanchement articulaire associé.

Quant à l’IRM, elle permet non seulement de se prononcer par rapport à la présence d’une nécrose de la tête fémorale (atteinte de la vascularisation), mais aussi par rapport au degré et à la sévérité du déplacement de cette dernière. Cela orientera la prise en charge chirurgicale.

Comment soigner une épiphysiolyse de hanche ?

Le traitement d’une épiphysiolyse de hanche est toujours chirurgical. Il n’existe malheureusement pas d’autre alternative possible. Le but est d’éviter la progression du glissement et de minimiser la déformation (afin de prévenir l’arthrose précoce, tout en évitant la nécrose avasculaire et la chrondrolyse).

Le choix du traitement est fonction de l’importance du glissement, de la rapidité de son évolution, du caractère aigu ou chronique de l’épiphysiolyse et de la présence ou non d’un cartilage de croissance.

L’hospitalisation est immédiate dès que le diagnostic est établi, afin d’éviter à l’enfant de prendre davantage appui sur le membre inférieur affecté.

Le traitement se fait en deux temps : la traction et la fixation (chirurgie).

La traction collée

Dès que le diagnostic est posé, le membre inférieur doit être impérativement mis en décharge absolue. Une force de traction légère est appliquée sur le membre atteint, au moyen d’une bande auto-adhérente, en attendant l’opération chirurgicale.

La chirurgie

En cas de glissement peu important, la tête fémorale sera fixée en place par une vis, sous contrôle radiologique. La vis sera introduite dans le col du fémur, traverse le cartilage et aboutit dans la tête du fémur. Après l’opération, le membre inférieur est alors mis en décharge pendant 1 mois.

Lorsque le glissement est important (supérieur à 60 °), il faudra alors repositionner la tête fémorale sur le col, selon la technique de Dunn (ostéotomie de Dunn). Elle consiste à réséquer un coin de métaphyse pour permettre à l’épiphyse de se réduire. En post-opératoire, le membre inférieur est alors mis en décharge durant 3 mois.

Évolution et complications

Les complications majeures liées à l’épiphysiolyse fémorale supérieure sont la nécrose avasculaire et la chondrolyse. Les autres complications possibles sont l’inégalité des membres inférieurs, le conflit fémoro-acétabulaire, la pseudarthrose des ostéotomies et les infections.

La nécrose avasculaire est estimée entre 4 et 25 % des cas, elle est liée à la sévérité de la bascule épiphysaire et au caractère instable de l’épiphysiolyse. Elle est due à une altération de la circulation sanguine. Elle provoque une déformation de la tête fémorale, source d’arthrose à moyen terme. Toute tentative de réduction par manipulation ou lors de la réalisation d’une ostéotomie du col augmente le risque de nécrose.

La chondrolyse est une destruction du cartilage articulaire du cotyle et de la tête fémorale, elle survient dans 30 % des cas et surtout dans les formes instables.

Références

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/p%C3%A9diatrie/troubles-osseux-chez-enfant/%C3%A9piphysiolyse-de-la-t%C3%AAte-f%C3%A9morale

https://www.chuv.ch/fr/dfme/dfme-home/enfants-famille/specialites-medicales/chirurgie-de-lenfant-et-de-ladolescent/chirurgie-pediatrique-de-la-hanche/lepiphysiolyse-de-la-tete-femorale

https://www.ultrasoundcases.info/slipped-capital-epiphysis—epifysiolysis-2223/

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