Fracture du fémur : Comment guérir ? (Opération et suite)

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Le fémur, formant à lui seul le squelette de la cuisse, est l’os le plus long du corps humain. C’est également le plus gros et le plus résistant, car il doit supporter des pressions très élevées (allant jusqu’à 280 kilogrammes/cm² lors d’un saut).

Bien qu’il soit robuste, le fémur peut se « casser ». Les fractures du fémur sont généralement la conséquence de traumatismes violents, entrant le plus souvent dans le cadre d’un accident de la circulation ou de la voie publique.

Elles peuvent toutefois survenir suite à des traumatismes à basse énergie lorsqu’il existe un terrain de fragilité osseuse, notamment chez le sujet âgé ou lors de certaines pathologies telles que l’ostéoporose.

Anatomie du fémur

Le fémur est un os volumineux de forme allongée. Nous possédons deux fémurs, chacun est constitué de trois parties :

  • Épiphyse proximale : c’est l’extrémité supérieure du fémur. Elle est formée d’un col (col du fémur) et d’une tête qui s’article avec la cavité acétabulaire (surface articulaire de l’os du bassin : l’os coxal) formant l’articulation coxo-fémorale (la hanche).
  • Diaphyse : c’est la partie centrale du fémur située entre les deux épiphyses.
  • Épiphyse distale : extrémité inférieure du fémur. Elle s’articule avec le tibia et la rotule formant les articulations fémoro-tibiale et fémoro-patellaire au niveau du genou.

Qu’est-ce qu’une fracture du fémur ?

C’est toute fracture dont le trait siège au niveau du fémur. Selon la localisation de ce trait, on distingue trois catégories de fractures fémorales :

Fractures de l’extrémité supérieure du fémur

Les fractures de l’extrémité supérieure du fémur représentent l’urgence traumatologique la plus fréquente chez les personnes âgées. On les classe en deux grandes variétés :

  • Fractures du col du fémur : on les appelle également les fractures cervicales du fémur. Le trait de fracture siège au niveau du col du fémur, c’est-à-dire la portion osseuse qui relie la tête du fémur à la diaphyse fémorale.
  • Fractures trochantériennes : elles siègent au niveau de la région située entre la diaphyse fémorale et le complexe col-tête du fémur. Elles peuvent concerner le petit trochanter, le grand trochanter (saillies osseuses) ou toute autre zone du massif trochantérien.

Fractures de la diaphyse fémorale

Les factures de la diaphyse fémorale entrent fréquemment dans le cadre d’un polytraumatisme (plusieurs lésions dont au moins une mettant en jeu le pronostic vital) en raison du caractère généralement violent de l’accident.

On peut classer les fractures de la diaphyse fémorale selon la localisation du trait de fracture en :

  • Fractures diaphysaires du tiers supérieur du fémur.
  • Fractures diaphysaires du tiers moyen du fémur.
  • Fractures diaphysaires du tiers inférieur du fémur.

On peut également les classer selon le type de trait de fracture en :

  • Fracture simple : un seul trait de fracture séparant le fémur en deux fragments osseux. Il peut être transversal, oblique ou spiroïde (en torsion).
  • Fracture complexe : il existe au moins trois fragments osseux.
  • Fracture bifocale : il existe deux foyers de fracture (l’os se casse dans deux endroits différents).
  • Fracture comminutive : c’est une fracture complexe qui résulte généralement d’un traumatisme violent fragmentant l’os en plusieurs petits morceaux.

Fractures de l’extrémité inférieure du fémur

Elles sont généralement l’apanage du sujet jeune, faisant suite à des traumatismes violents tels que les accidents de la circulation ou de la voie publique.

Ce type de fractures peut aussi se voir chez des sujets âgés pour des traumatismes moins violents tels que des chutes banales ou des chocs modérément violents, voire légers.

Quelles sont les causes de la fracture du fémur ?

Les fractures du fémur, comme mentionné plus haut, surviennent généralement chez des sujets jeunes après un traumatisme violent. Ainsi, elles peuvent se voir dans les circonstances suivantes :

  • Accident de la circulation (accident de voiture, de moto…).
  • Accident de la voie publique (par exemple : un piéton qui se fait percuter par une voiture).
  • Chute d’une hauteur importante.
  • Accident sportif (accident de ski, de vélo, d’équitation…).

Il existe également ce qu’on appelle les « fractures pathologiques ». Elles surviennent pour des traumatismes minimes, voire spontanément (sans aucun traumatisme). On les observe généralement dans un contexte de fragilité osseuse, notamment dans le cadre d’une ostéoporose ou secondaire à la prise de certains médicaments (corticoïdes au long cours par exemple).

On peut classer les causes des fractures du fémur en deux grandes catégories : les causes directes et les causes indirectes.

Causes directes

Dans cette catégorie, les fractures se produisent directement au niveau du point d’impact. On rencontre principalement deux situations :

  • L’écrasement : traumatisme durant lequel la cuisse est prise en étau entre deux corps. Par exemple, un écrasement par roue de voiture, le premier corps étant la roue qui représente l’agent vulnérant, et le second étant le sol qui représente un appui.
  • Le choc direct : la fracture se produit directement au niveau du point d’impact.

Causes indirectes

Ici, les fractures se produisent à distance du point d’impact. Prenons comme exemple une chute d’une hauteur d’une dizaine de mètres avec réception en position debout. Le point d’impact est donc représenté par les deux pieds. L’énergie du choc sera transmise tout au long des membres inférieurs, ce qui peut provoquer des fractures à n’importe quelle partie : cheville, jambe, genou, cuisse…

Quels sont les symptômes d’une fracture fémorale ?

Les éléments cliniques qui orientent vers une fracture du fémur sont :

  • Contexte évocateur : les circonstances de l’accident (chute, accident de la voie publique…).
  • Craquement : une sensation de craquement au niveau de la cuisse au moment du choc peut être décrite par le patient.
  • Mécanisme du traumatisme : direct ou indirect.
  • Impotence fonctionnelle totale du membre inférieur: impossibilité de s’appuyer sur le membre lésé, encore moins marcher.
  • Douleur à la cuisse au niveau du foyer de fracture : douleur diffuse à l’aine en cas de fracture du col fémoral ou trochantérienne…
  • Déformation au niveau de la cuisse : se voit surtout lors des fractures dites « déplacées », c’est-à-dire avec perte de l’alignement des fragments osseux.
  • Rotation du membre inférieur : les différents muscles tirent vers eux les fragments osseux. En cas de fracture du fémur, cela se traduit par une rotation externe de la jambe blessée (par l’action des muscles fessiers et rotateurs latéraux de la hanche).
  • Raccourcissement du membre inférieur : par chevauchement des deux fragments osseux fémoraux.
  • Complications : parfois, les fractures du fémur se compliquent de :
    • Ouverture cutanée (fracture ouverte).
    • Lésion vasculaire (atteinte d’un vaisseau sanguin).
    • Lésion nerveuse (atteinte d’un nerf).
    • Fractures associées (bassin, membres supérieurs…).
    • Lésion associée mettant en jeu le pronostic vital (principalement traumatisme crânien, du thorax, de l’abdomen… C’est ce qu’on appelle un polytraumatisme).

Comment se pose le diagnostic de fracture fémorale ?

Le diagnostic de fracture du fémur est généralement facile à poser. Les éléments de l’interrogatoire (notion de traumatisme, douleur, impotence fonctionnelle totale du membre inférieur…) complétés par les données de l’examen physique du patient (déformation du membre inférieur, douleur provoquée à la pression…) orientent rapidement vers le diagnostic.

Afin de confirmer ce dernier, le médecin demande une radiographie standard de la cuisse de face et de profil. Celle-ci mettra en évidence le ou les foyers de fractures au niveau du fémur. Elle permettra également de classer la fracture (plusieurs classifications existent afin d’homogénéiser la prise en charge des différentes fractures à travers le monde selon les données des études scientifiques).

En pratique courante, d’autres clichés radiographiques sont systématiquement demandés, notamment une radiographie des articulations sus et sousjacentes (genou et hanche) ainsi qu’une radiographie du bassin de face (afin de vérifier l’intégrité du bassin et des articulations de la hanche et du genou : recherche de lésions associées).

Parfois, les radiographies ne révèlent aucune anomalie osseuse malgré les plaintes douloureuses du patient et le contexte fortement évocateur de fracture fémorale. Dans ce cas, il est possible de réaliser un scanner avec fenêtre osseuse afin de préciser le diagnostic.

Prise en charge d’une fracture du fémur

C’est le médecin orthopédiste qui prend en charge les fractures du fémur. Pour choisir la conduite thérapeutique la plus adaptée au patient, ce spécialiste prend en considération de nombreux paramètres :

  • Le siège de la fracture (extrémité distale ou proximale, diaphyse, col, région trochantérienne…).
  • Le type de la fracture (simple, complexe, déplacée ou non déplacée, ouverte ou fermée…).
  • Les éventuelles lésions associées à la fracture fémorale.
  • L’âge du patient.
  • La qualité des os du patient.
  • État de santé général.

Traitement orthopédique

Chez les enfants, on préconise généralement un traitement orthopédique en cas de fracture simple de la diaphyse fémorale. Celui-ci repose sur la réduction de la fracture suivie d’une immobilisation du membre inférieur en extension afin de permettre sa consolidation.

La réduction de la fracture peut être obtenue par diverses méthodes. Parfois, une simple traction du membre inférieur remet l’os en place. En cas d’échec, on conduit le patient au bloc opératoire, on l’endort (anesthésie générale ou sédation profonde) puis on essaie d’aligner le fémur grâce à des manœuvres externes avec vérification radioscopique régulière (grâce à un appareil qui permet la réalisation de radiographies instantanées affichées sur un écran).

Après obtention d’une réduction jugée satisfaisante par l’orthopédiste, on immobilise le membre inférieur par un plâtre pelvipédieux. Ce dernier s’étend de la hanche au pied afin de permettre l’immobilisation des articulations de la hanche et du genou.

Chez le jeune enfant, il faut compter 6 à 8 semaines d’immobilisation pour une fracture du fémur stable et non déplacée.

Traitement chirurgical

Chez l’adulte, les fractures du fémur sont traitées chirurgicalement. Le traitement peut faire appel à diverses méthodes :

  • Enclouage centromédullaire : il consiste à placer un clou au niveau du canal médullaire du fémur afin de maintenir en bonne position les fragments osseux.
  • Ostéosynthèse par plaques vissées : on l’utilise beaucoup dans les fractures de l’extrémité supérieure du fémur. Elle consiste à réaligner et fixer plusieurs fragments osseux grâce à une plaque métallique et des vis.
  • Arthroplastie : consiste à remplacer la tête fémorale ainsi que le col par une prothèse. Elle est indiquée lors de certaines fractures de l’extrémité supérieure du fémur.

Rééducation

Des séances de rééducation par kinésithérapie sont toujours nécessaires après traitement chirurgical d’une fracture du fémur. Elles doivent être débutées le plus tôt possible afin de prévenir les raideurs articulaires (particulièrement au niveau de la hanche et du genou) et permettre au patient de retrouver une force musculaire et une mobilité normales.

En fonction du type d’intervention subie, la reprise de l’appui peut se faire en quelques jours à plusieurs semaines. Pour prévenir le risque de complications thromboemboliques (thrombose veineuse, embolie pulmonaire…) en post opératoire, le patient est mis sous traitement anticoagulant durant la période d’immobilisation.

La durée de consolidation d’une fracture du fémur chez l’adulte dépend de plusieurs facteurs. Elle est de trois mois en moyenne.

Références

[1]  A. Lambotte, « Chirurgie opératoire des fractures », Masson, 1913.

[2]  A. Vannineuse et C. Fontaine, « Fractures de l’extrémité proximale du fémur » Springer Science & Business Media, 2000.

[3]  J. C. Bel et L. Fischer, « Histoire du traitement des fractures du col du fémur », Rhumatol. Prat., p. 33‑36, 2009.

[4]  P. Simon et al, « Les fractures du col du fémur après 50 ans », Rev. Chir. Orthopédique Réparatrice Appar. Mot., vol. 94, no 6, p. 108‑132, 2008.

[5]  G. Lamraski, D. Toussaint, et J. Bremen, « Traitement chirurgical des fractures de l’extrémité inférieure du fémur par ostéosynthèse extra-médullaire », Acta Orthop. Belg., vol. 67, no 1, p. 32‑41, 2001.

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