Incontinence pendant la grossesse : Que faire ? (Conseils)

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Envies pressantes, mictions fréquentes et fuites urinaires à l’effort ou au repos, les symptômes urinaires sont monnaie courante lors de la grossesse.

On estime qu’entre 30 et 50% des femmes enceintes présentent des fuites urinaires. Généralement lors d’efforts augmentant la pression intra-abdominale (sport, port de charge lourde, éclat de rire, toux, éternuement…). C’est donc une situation très fréquente et il n’y a pas lieu de s’alarmer outre mesure !

Malgré son caractère bénin, l’incontinence urinaire peut gêner les femmes enceintes et les empêcher de vivre sereinement leur grossesse. C’est pourquoi il est utile de comprendre ses causes et de connaître certaines solutions pour la traiter ou, encore mieux, la prévenir !

Incontinence urinaire : quelques notions de base

Avant toute chose, il est important de rappeler quelques notions basiques d’anatomie et de physiologie humaines sur l’appareil urinaire.

L’urine est produite continuellement par les reins en filtrant le sang. Elle s’écoule ensuite le long des uretères pour gagner la vessie ou elle est stockée. Lorsque cette dernière est suffisamment remplie (à partir de 300 ml, beaucoup moins au cours de la grossesse), ses parois s’étirent et un signal nerveux est envoyé au cerveau : « Il faut aller aux toilettes ! ».

La vessie possède un système de continence. Grâce à lui, on a la capacité de « se retenir », d’empêcher les urines de fuiter, et ce, de manière involontaire et volontaire. Ce système est représenté par deux structures anatomiques principales :

  • Le sphincter interne : il est formé de fibres musculaires lisses entourant l’orifice inférieur de la vessie (origine de l’urètre). Ce sphincter fonctionne de manière automatique, c’est-à-dire qu’on ne peut pas contrôler sa contraction ou son relâchement.
  • Le sphincter externe : il est formé par des muscles du plancher pelvien ou « périnée ». Etant constitué de fibres musculaires squelettiques, il est possible de contrôler sa contraction de manière volontaire.

Lors de la miction, plusieurs phénomènes se produisent : le sphincter interne se relâche (involontaire), la vessie se contracte et on relâche le sphincter externe volontairement pour laisser s’évacuer les urines via l’urètre. Si on veut se retenir, on garde les muscles du périnée (formant le sphincter externe) contractés pour retarder la vidange vésicale.

L’incontinence urinaire, ou « fuites urinaires », est la perte des urines par l’urètre de façon accidentelle ou involontaire.

On en distingue deux formes principales :

  • L’incontinence urinaire d’effort : elle est caractérisée par une fuite d’urines à l’occasion d’un effort augmentant la pression intrapelvienne. Ce type d’incontinence n’est pas forcément précédé d’une envie uriner. Par exemple, la fuite peut survenir suite au soulèvement d’une charge lourdes, en toussant, en éternuant, lors du rire… : « Je me suis pipi dessus ! ».
  • L’incontinence urinaire urgente ou urgenturie : ici, la fuite d’urines est accompagnée, ou immédiatement précédée, d’une envie urgente de faire pipi : « Je n’ai pas pu me retenir ».

Dans la moitié des cas, il existe une association des deux types d’incontinence urinaire.

Quelles sont les causes des fuites urinaires pendant la grossesse ?

Pendant les 9 mois de grossesse, le corps de la femme subit de nombreuses modifications physiologiques ayant pour but la création d’un environnement optimal au développement du fœtus. Certaines de ces modifications influent sur le fonctionnement de l’appareil urinaire et favorisent l’apparition des fuites.

D’abord, le volume sanguin augmente pour subvenir aux besoins du fœtus en plus de ceux de la femme. Les reins filtrent donc plus de sang et produisent un volume plus important d’urine. Cela se traduit par des envies plus fréquentes d’uriner.

Ensuite, à mesure que la grossesse évolue, l’utérus augmente de volume. Il prend de plus en plus de place au niveau de la région pelvienne, puis abdominale. Il va alors comprimer les différents organes, dont la vessie. La quantité d’urine que cette dernière peut stocker va alors progressivement diminuer. La femme aura d’une part plus d’envies pressantes. D’autre part elle présentera des fuites urinaires lors des efforts au augmentent la pression intra-abdominale (pression des différents organes, surtout l’utérus, sur la vessie).

Par ailleurs, quelques semaines avant l’accouchement, le corps de la femme produit et libère une hormone appelée « relaxine ». Celle-ci a pour effet un relâchement de l’utérus et des muscles du plancher pelvien pour faciliter l’expulsion du bébé. La relaxation du sphincter externe de la vessie (qui fait partie du périnée) qui en résulte favorise l’incontinence urinaire.

D’autres facteurs augmentent le risque de présenter des fuites urinaires durant la grossesse :

  • Âge avancé (plus de 35 ans).
  • Surpoids initial.
  • Prise de poids excessive durant la grossesse.
  • Multiparité (femmes ayant eu plusieurs grossesses).
  • Accouchement par voie basse.
  • Déroulement de l’accouchement (durée d’expulsion longue, extraction instrumentale du bébé, expression abdominale ou autre manœuvres brutales durant l’accouchement…).
  • Tabagisme.
  • Consommation de café ou de thé.
  • Antécédents de chirurgies abdominale ou pelvienne.
  • Pratique d’activité physique intense.
  • Port de charges lourdes.
  • Existence d’une constipation (efforts de poussées).

Ces facteurs de risque sont incriminés dans l’apparition d’une incontinence urinaire durant la grossesse ou sa persistance après l’accouchement. Mais leur implication n’a pas été prouvée de manière certaine par les différentes études scientifiques.

Comment prévenir l’incontinence pendant la grossesse ?

La prévention des problèmes d’incontinence pendant la grossesse et après l’accouchement est essentiellement basée sur la rééducation périnéale.

Il est recommandé aux femmes enceintes de consulter régulièrement un professionnel de la kinésithérapie (physiothérapie) spécialisé dans la rééducation du périnée.

Voici les principaux éléments sur lesquels ce dernier va se baser pour prévenir un problème d’incontinence urinaire :

  • Recommander des exercices de renforcement des muscles du périnée : contrairement à ce qu’on pourrait penser, renforcer son plancher pelvien durant la grossesse ne va pas rendre l’accouchement plus difficile en « luttant contre la sortie du bébé », bien au contraire ! Un périnée en bonne santé va non seulement se contracter efficacement, mais également se relâcher plus aisément.
  • Accompagner et encadrer la femme pour s’assurer qu’elle exécute correctement les différents exercices de rééducation, la corriger dans le cas contraire. Les consignes écrites ou verbales ne suffisent généralement pas pour  une exécution correcte des exercices. L’encadrement d’un professionnel est donc vivement souhaitable.
  • Donner des conseils et astuces biomécaniques durant et après la grossesse (comment soulever des charges en toute sécurité, corriger sa posture, méthode correcte pour prendre le bébé…).
  • Préparer la femme à l’accouchement en lui donnant des conseils sur la façon de respirer, comment bien relâcher son périnée, comment bien pousser lors des contractions… Une bonne préparation avant l’accouchement réduit sensiblement les complications aussi bien maternelles (déchirure vaginale, hémorragie…) que fœtales (asphyxie ou souffrance fœtale).
  • Sensibiliser la femme sur la nécessité de continuer les exercices de rééducation périnéale après l’accouchement, sans pour autant vouloir aller trop vite en forçant son corps. Ce dernier a besoin de récupérer sereinement au décours d’une grossesse.

D’autres mesures générales pourraient réduire le risque d’incontinence urinaire durant la grossesse :

  • Eviter de prendre trop de poids durant la grossesse (alimentation équilibrée et activité physique modérée régulière).
  • Eviter le port de charge lourdes.
  • Eviter la consommation de thé et de café.
  • Traiter une éventuelle constipation.

Comment traiter l’incontinence urinaire après la grossesse ?

Dans plus de 30% des cas, l’incontinences urinaire régresse spontanément au décours de la grossesse. Si elle perdure dans le post-partum, la rééducation périnéale reste le traitement de première intention.

Une dizaine de séances de rééducation du périnée chez un professionnel en kinésithérapie (physiothérapie) sont nécessaires pour redonner leur tonus aux muscles du plancher pelvien, et ainsi retrouver une fonction de continence normale. Ce genre de séance est pris en charge à 100% par la sécurité sociale dans le post-partum.

Plusieurs méthodes de rééducation du périnée existent :

  • La méthode manuelle : les exercices consistent à contracter volontairement le périnée avec stimulation ou contre résistance des doigts intravaginaux du physiothérapeute. Ces exercices peuvent ensuite être reproduits à la maison par la femme.
  • Le biofeedback : une sonde est introduite dans le vagin, elle émet des signaux sonores ou visuels pour indiquer la contraction ou le relâchement des muscles du périnée, leur durée. L’objectif pour la femme sera alors de prendre conscience de l’utilisation du son périnée en apprenant à contrôler volontairement la durée et l’intensité de sa contraction.
  • L’électrostimulation : là aussi, une sonde est introduite dans le vagin. Mais, le principe diffère. Les muscles du périnée sont stimulés grâce à de petites ondes électriques. Cela permet de les contracter de manière passive ou involontaire.

Références

[1]  X. Deffieux, « Incontinence urinaire et grossesse », J. Gynécologie Obstétrique Biol. Reprod., vol. 38, no 8, p. S212‑S231, 2009.

[2]  E. Masson, « Incontinence urinaire et grossesse », EM-Consulte. https://www.em-consulte.com/article/238765/incontinence-urinaire-et-grossesse (consulté le 12 avril 2022).

[3]  I. Aubin, « Incontinence urinaire du post-partum: lévoquer dans la consultation suivant laccouchement », Rev Exerc, vol. 77, p. 40‑4, 2006.

[4]  V. Letouzey, R. De Tayrac, N. Paradis, et P. Mares, « Intérêt de la rééducation périnéale prénatale chez les patientes présentant une incontinence urinaire d’effort pendant la grossesse: Étude préliminaire », J. Gynécologie Obstétrique Biol. Reprod., vol. 35, no 8, p. 773‑777, 2006.

[5]  V. Battu, « L’incontinence urinaire: la rééducation périnéale », Actual. Pharm., vol. 54, no 544, p. 53‑57, 2015.

[6]  S. A. Baydock et al., « Prevalence and risk factors for urinary and fecal incontinence four months after vaginal delivery », J. Obstet. Gynaecol. Can., vol. 31, no 1, p. 36‑41, 2009.

[7]  « Problèmes d’incontinence, grossesse, accouchement: les solutions & rééducation du périnée », Parlons incontinence, 2 mars 2016. https://www.parlons-incontinence.fr/l-incontinence-chez-la-femme/incontinence-et-grossesse-les-solutions/ (consulté le 12 avril 2022).

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