Il était classiquement admis que les lombalgies chez un enfant était associées à une maladie grave. Néanmoins, depuis peu, les données épidémiologiques ont démontré que les lombalgies mécaniques étaient fréquentes, 7% des enfants de 7 ans se plaignent de rachialgies. La prévalence augmente avec l’âge pouvant atteindre 25 à 50% chez les adolescents (13- 15 ans). Les études se contredisent lorsqu’il s’agit de savoir s’il existe une prédisposition en fonction du sexe.
Dans le cadre des LNS (lombalgies non spécifiques qui n’ont pas d’origine grave), cependant, nous retrouvons dans quasiment 50% des cas une anomalie structurelle, comme les spondylolyses/ spondylolisthésis, les hernies discales entre autres.
L’article suivant discutera des lombalgies chez l’enfant, en mettant de l’avant les facteurs de risques des LNS, ainsi que plusieurs causes structurelles (notamment celles potentiellement reliées à des étiologies graves ayant un lien avec les douleurs lombaires.)
Facteurs de risque des LNS
Nous pouvons définir plusieurs facteurs de risque des LNS :
• Facteurs psychosociaux (antécédents familiaux et anxiété)
• Sédentarité et obésité
• Les surentrainements sportifs inadaptés
• Le tabagisme
• Le port d’un cartable trop lourd est souvent répertorié comme un facteur de risque mais c’est généralement une faiblesse musculaire dû à l’inactivité physique mise en cause. L’enfant n’a donc pas un dos suffisamment musclé pour supporter les contraintes liées au port du cartable.
Pour rappel, en France, en 2015, le surpoids ou l’obésité représentaient, chez les enfants et adolescents entre 6 à 17 ans, 16% des garçons et 18% des filles.
“Le port d’un cartable trop lourd est souvent répertorié comme un facteur de risque mais c’est généralement une faiblesse musculaire dû à l’inactivité physique mise en cause.”
Causes structurelles des LNS
1. Spondylolyse et Spondylolisthésis
C’est la cause la plus fréquente chez les enfants de moins de 1 an. La spondylolyse se définit comme une solution de continuité de l’isthme vertébral uni ou bilatéral (10%) touchant principalement L5 dans 80% des cas voire L4. Elle peut entraîner un glissement antérieur de L5 par rapport au sacrum ce qui correspond à un spondylolisthésis.
Une origine traumatique par fracture de stress est très souvent le déclencheur. La prédisposition congénitale est également à prendre en compte ainsi que les sports favorisant l’hyper extension lombaire tels que la gymnastique ou l’haltérophilie entre autres.
Si le glissement n’excède pas les 50%, il suffit de surveiller l’évolution de la pathologie. Par contre, si celui-ci dépasse les 50%, le traitement chirurgical est nécessaire.
“La spondylite et spondylolisthésis sont les causes les plus fréquentes de LNS chez les enfants de moins de 1 an.”
2. Dystrophie rachidienne de croissance
Cette dénomination regroupe les troubles de la croissance et de l’ossification du rachis dont la maladie de Scheuermann. C’est une pathologie touchant le rachis dans sa globalité. Lors de l’adolescence, on voit apparaître une cyphose importante du rachis thoraco lombaire ou juste thoracique supérieure à 45°.
Une cunéiformisation de la vertèbre apparait suite à un enfoncement de la partie antérieure des corps vertébraux. Cette déformation doit être présente sur 3 niveaux. La cyphose s’enraidit et la kinésithérapie trouve toute son indication dans la prise en charge. Si nécessaire un traitement orthopédique par corset peut être proposé.
3. Hernie discale
Elles sont plus rares et représentent moins de 10% des causes de LNS. Elles sont souvent secondaires un traumatisme ou à une blessure sportive. Un traitement conservateur est proposé dans 99% des cas.
“Un traitement conservateur est proposé dans 99% des cas d’hernies discales chez l’enfant.”
4. Scolioses idiopathiques
Avant tout, il est nécessaire d’éliminer toute cause sus jacente comme la spondylolyse ou spondylolisthésis. Elle est définit par une déformation des courbures dans les trois plans de l’espace. Toute scoliose douloureuse est un drapeau rouge. En effet, même si la scoliose est une pathologie répandue, elle est potentiellement grave et nécessite une surveillance médicale fréquente durant la croissance à cause du risque accru de déformation rapide.
Le traitement est, dans les formes légères, kinésithérapique. Dans les formes modérées, un traitement orthopédique de la scoliose par port d’un corset est nécessaire avec un contrôle radiographique annuel. Dans les formes sévères avec un angle de Cobb très prononcé, la chirurgie s’avère nécessaire.
“(…) même si la scoliose est une pathologie répandue, elle est potentiellement grave et nécessite une surveillance médicale fréquente durant la croissance à cause du risque accru de déformation rapide.”
5. Autres causes diverses
Nous retrouvons les tumeurs bénignes et malignes, qui sont bien heureusement des causes beaucoup plus rares mais qui peuvent avoir des conséquences plus lourdes.
Il existe également les spondyloarthrites de forme juvénile avec un facteur de risque familial important.
Nous pouvons également les fractures vertébrales ou les fractures de l’anneau hypophysaire.
D’après les séries d’études publiées ces dernières années, on retrouve un très faible pourcentage d’étiologies graves ayant un lien avec des douleurs lombaires. Néanmoins, nous devons rester prudent et considérer les signes d’alertes car il pourrait s’agir d’origine infectieuse ou d’une tumeur maligne.
Signes d’alerte
• Douleur avant l’âge de 3 ans à fortiori avant 1 an.
• La persistance des symptômes au-delà de 4 semaines
• Douleurs associées à de la fièvre
• Le retentissement fonctionnel
• La progression des douleurs nocturnes
• Les signes neurologiques associés
“(…) nous devons rester prudent et considérer les signes d’alertes car il pourrait s’agir d’origine infectieuse ou d’une tumeur maligne.”
Conclusion
Pour conclure, dans le cadre d’une LNS, il est nécessaire que l’enfant ait une bonne hygiène de vie avec une pratique sportive adaptée en charge comme en durée. Le sport étant également un moyen d’évacuer le stress et l’anxiété ainsi que de limiter l’excès pondéral.
Dans tous les cas, il est important de surveiller l’évolution autant positive que négative de la pathologie. La prise en charge thérapeutique de ces jeunes patients doit également avoir une approche pluridisciplinaires selon les différentes études. Elle doit être aussi physique que psychologique. Car très souvent, la douleur physique est un symptôme d’une cause psychique. Il peut donc être envisagé d’avoir un temps d’écoute pour que l’enfant puisse s’exprimer et se libérer de ses douleurs psychiques.
“(…) très souvent, la douleur physique est un symptôme d’une cause psychique.”
Bibliographie
- -Averbach JD, Anh J, Zgarès Mh et al. Streantig the evolution of low back pain in the children. Clin Orthop Relat Res 2008
- -Feldman DS, Straight JJ, Baora Mi et al. Evolution of an algorithmic approach to pediatric back pain. J Pediatr Orthop 2006
- -De Inocencio J. Musculoskeletal pain in primary pediatric care : Analysis of 1000 consecutive general pediatric clinic visits. Pediatrics 1998.
- -Smith DR, Leggat PA. Back pain in the young: A review of studies conducted among school children and university students. Cur Pediatr Rev 2007;3(1):69-77.
- -Bhatia NN, Chow G, Timon SJ, Watts HG. Diagnostic modalities for the evaluation of pediatric back pain: a pros- pective study. J Pediatr Orthop 2008;28:230-3.
- -Watson KD, Papageorgiou AC, Jones GT et al. Low back pain in schoolchildren: the role of mechanical and psycho- social factors. Arch Dis Child 2003;88:12-7.
- -McCracken LM, Eccleston C. « Coping or acceptance : what to do about chronic pain? » Pain 2003 ; 105 : 197-204.
- -http://www.urgencehsj.ca/wp-content/uploads/01-PPT-lombalgie-prez-Urgence-2020-01-16-JLarochelle-v4-1.pdf