Scapula alata : C’est quoi (Comment corriger naturellement?)

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille

Le terme « scapula alata » est utilisé lorsque les muscles de l’omoplate ne peuvent exercer leur fonction de stabilisation de l’omoplate. Par conséquent, les bords de l’omoplate font protrusion vers l’arrière, entraînant une déformation caractéristique ressemblant à une aile d’ange.

Les principales causes de cette affection sont d’ordre musculo-squelettique et neurologique. Ceci peut provoquer une limitation d’amplitude articulaire du membre supérieur, une perte de force et une incapacité fonctionnelle lors des activités de la vie quotidienne (comme se changer ou brosser ses cheveux).

Dans cet article vulgarisé, nous allons couvrir tout ce qu’il faut savoir sur cette affection (anatomie, symptômes, diagnostic), ainsi que vous proposer des approches de traitement reliés à la scapula alata.

Définition et anatomie

Pour comprendre la scapula alata (également appelée scapula ailée ou « Winged Scapula » en anglais), il est essentiel de comprendre l’anatomie de la région scapulo-thoracique (là où l’omoplate s’attache avec la cage thoracique et le complexe de l’épaule).

Il faut savoir que l’omoplate constitue un point d’attache musculaire de 17 muscles différents. Ceci permet de stabiliser l’omoplate sur le thorax, en plus de fournir de la force au membre supérieur et synchroniser le mouvement de la gléno-humérale (l’articulation qui fait bouger l’épaule).

Parmi les muscles les plus importants qui s’attachent sur l’omoplate et participent à sa stabilisation, on compte :

  • le grand dentelé
  • le trapèze
  • les rhomboïdes
  • l’élévateur de la scapula

Ces muscles peuvent exercer leur fonction grâce à l’innervation de certains nerfs, dont les plus importants sont :

Ainsi, tout dysfonctionnement de ces muscles ou nerfs peut provoquer une scapula alata. Soulignons que la paralysie du grand dentelé est la cause la plus fréquente de scapula alata, en raison de l’atteinte du nerf long thoracique. Quoiqu’il en soit, on observera une déformation caractéristique et d’orientation différente en fonction de la structure atteinte.

Causes

Comment les nerfs et muscles stabilisateurs de l’omoplate peuvent-ils être lésés, et mener à une scapula alata ? Voici les causes les plus fréquentes :

Cause traumatique

Souvent reliée au sport, elle peut survenir suite à un traumatisme aigu comme une chute sur l’épaule. Cette affection peut également venir d’un accident automobile où le bras a subi une traction soudaine (plus de 50 % des cas).

Une fracture de l’omoplate, bien que rare, peut affecter les muscles et nerfs environnants, et provoquer une déformation de type scapula alata.

Microtraumatismes

Des mouvements répétés (dans un cadre sportif ou autre) peuvent affecter les nerfs qui stabilisent l’omoplate, et engendrer une scapula alata. Par exemple, un joueur de tennis peut irriter son nerf long thoracique dû à des services répétés. Ou un écolier pourrait irriter son nerf accessoire à force de porter un sac à dos lourd.

Post-infection

Certaines conditions infectieuses peuvent provoquer une scapula alata. On pense par exemple aux infections grippales, amygdalite-bronchite, poliomyélite, etc.

Cause iatrogène

Toute intervention chirurgicale près de la région axillaire, cervicale ou de l’épaule est à risque d’affecter un nerf participant à la stabilisation de l’omoplate. D’ailleurs, près de 10 % des patients atteints de scapula alata ont eu une chirurgie. Cette pathologie pourrait être une complication d’une des opérations suivantes :

  • Pose de drain thoracique
  • Mastectomie suite à un cancer du sein
  • Chirurgie pour un pneumothorax
  • Chirurgie thoracique
  • Chirurgie ou biopsie au niveau cervical
  • Anesthésie générale pour diverses interventions
  • Etc.

Congénitale

Certaines dystrophies peuvent provoquer une scapula alata.

Idiopathique

Parfois, on ne comprend pas toute à fait la cause.

Symptômes

Les signes et symptômes de la scapula alata sont les suivants :

  • Douleur : Si la scapula alata provient d’une atteinte nerveuse, la douleur dorsale (ou entre les omoplates) est souvent intense et limite même le sommeil.
  • Difficulté à soulever le bras au dessus de l’horizontale.
  • Difficulté à porter des objets, surtout lorsqu’il faut les éloigner du corps.
  • Déformation caractéristique de type « aile d’ange » au niveau de l’omoplate.
  • Dyskinésie scapulaire
  • Spasmes musculaires
  • En présence d’atteinte nerveuse, paresthésies de type picotement, engourdissement, etc.
  • Sensation d’instabilité de l’épaule
  • Dans certains cas, un atrophie musculaire sera visible.
  • Plusieurs patients se plaignent de fatigue et de difficulté à effectuer certaines tâches quotidiennes.

Diagnostic

La scapula alata résulte généralement d’un diagnostic clinique. La déformation est plus ou moins évidente en fonction de la lésion et du stade de la blessure. Le plus souvent, on notera que l’omoplate n’est pas ancrée au niveau de la cage thoracique, surtout lorsqu’on essaye de lever le bras au ciel ou pousser contre quelque chose.

Certains tests cliniques permettront de déterminer quelles structures anatomiques ont été affectées.

Par exemple, une paralysie du trapèze se manifestera par un affaissement de l’épaule et une incapacité à les hausser vers le haut. Il faut noter que la différence est parfois subtile, et difficile à objectiver. Certains mouvements (comme l’abduction d’épaule) permettront d’accentuer la déformation.

Une paralysie des rhomboïdes, quant à elle, sera accompagnée d’une légère translation de l’omoplate vers l’extérieur (translation latérale), ainsi qu’une rotation latérale du bord inférieur de l’omoplate. Elle pourra être davantage mise en évidence lors de certains mouvements visant la contraction des muscles rhomboïdes.

L’atteinte du muscle dentelé antérieur est généralement décelée en demandant au patient de pousser contre le mur avec la paume du membre atteint. On observe typiquement un décollement du bord médian de l’omoplate indicatif d’une paralyse du grand dentelé (également appelé paralysie du nerf long thoracique ou nerf de Charles Bell).

Outre les tests cliniques, il est possible que le médecin prescrive des tests électro-diagnostiques. Par exemple, un EMG permettra d’évaluer la conduction nerveuse, et identifier les nerfs potentiellement responsables de la scapula alata.

Finalement, des tests d’imagerie médicale tels que l’IRM ou l’échographie peuvent être utilisés pour en savoir plus sur l’intégrité des nerfs et des muscles participant à la stabilisation de l’omoplate. Une radiographie, quant à elle, permet d’éliminer le risque de fracture ou d’atteinte articulaire.

Traitement

Malheureusement, aucune méthode de traitement n’est considérée aujourd’hui comme efficace à 100 % pour corriger la scapula alata. L’objectif thérapeutique, surtout en phase initiale de la pathologie, sera de contrôler la douleur et maximiser la fonction.

Ce traitement initial est très important pour éviter des complications futures, comme la capsulite d’épaule, un conflit sous-acromial, une atteinte du plexus brachial, etc. Le traitement est généralement long, et peut prendre entre 6 mois et 2 ans afin d’oberver des résultats significatifs. 

Le plus souvent, le médecin prescrira d’emblée des séances de rééducation en kinésithérapie (physiothérapie). Les objectifs et modalités de traitement seront les suivant :

  • Dans la phase initiale, éviter les mouvements répétitifs (surtout ceux en élévation) pour ne pas aggraver la douleur.
  • Des médicaments anti-inflammatoires, anti-douleur ou des décontractants musculaires pourraient être prescrits pour contrôler la douleur.
  • Dans certains cas rares, une orthèse visant à stabiliser passivement l’omoplate contre la cage thoracique sera prescrite. Elle est généralement peu tolérée, ce qui rend son utilisation difficile pour plusieurs.
  • Un objectif initial importante est de retrouver la mobilité active et passive de l’épaule et du cou. Des exercices en position couchée permettront de réduire l’implication de la gravité, facilitant grandement les mouvements.
  • Si la scapula alata provient d’une atteinte nerveuse, il faudra éviter certains étirements initialement, car une élongation nerveuse pourrait aggraver les symptômes et provoquer des symptômes incapacitants (douleur vive, paresthésies, engourdissements, picotements, etc.).
  • Lorsque le nerf sera moins fragile, des étirements progressifs pourront être intégrés afin d’éviter les contractures musculaires.
  • Des exercices de renforcement et de stabilisation de l’omoplate seront essentiels tout au long du processus. Ils devront être adaptés en fonction de la condition et des symptômes. Par exemple, une scapula alata causée par une atteinte des rhomboïdes devra être compensée par un travail des trapèzes (surtout la portion moyenne).
  • Des traitements de massage pourront être utilisés pour réduire les tensions de certains muscles compensatoires (comme le trapèze lorsque la cause provient du rhomboïde ou d’une atteinte nerveuse).

Si le traitement conservateur ne prodigue aucun résultat après 6 mois, et que la patient continue de se plaindre de limitations au quotidien, certaines méthodes plus drastiques pourraient être envisagées. Un médecin orthopédiste pourra vous proposer des solutions chirurgicales à ce moment. Celles-ci pourraient être :

  • Une correction chirurgicale post-traumatique
  • Une neurolyse  (par exemple du nerf long thoracique)
  • Un transfert musculaire (par exemple du muscle pectoral ou rhomboïde)
  • Un transfert nerveux
  • Une arthodèse scapulo-thoracique ou scapuloplexie

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