Cruralgie paralysante : Définition et prise en charge

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La cruralgie paralysante représente une complication, heureusement rare, de la cruralgie commune mais pouvant parfois survenir et avoir un important retentissement fonctionnel.

Mais quelle est sa particularité ?  Comment se manifeste-elle ?  Et quel est son traitement ? Réponses dans cet article.

Colonne vertébrale lombaire et nerf crural : anatomie

La colonne vertébrale lombaire ou rachis lombaire désigne la portion inférieure de la colonne vertébrale, elle se situe sous la partie dorsale et s’articule par sa dernière vertèbre (L5) au sacrum.

Elle est composée de cinq vertèbres lombaires (L1à L5) s’articulant entre elles grâce aux surfaces articulaires qui y sont dédiées et à des ligaments.

Il existe entre chaque vertèbre une structure fibrocartilagineuse nommée disque intervertébral, ce dernier est formé d’une partie située au centre qu’on nomme « noyau pulpeux », elle est non innervée et très hydratée, et d’une partie périphérique, « anneau fibreux », pouvant être le siège de fissures avec l’âge.

Le rachis lombaire, lorsqu’il est vu latéralement, a la forme d’un « ». Il s’agit de la courbure naturelle de la colonne lombaire qu’on nomme « lordose ».

Les principaux rôles de la colonne lombaire sont la participation au soutien de la tête, la préservation de la posture du tronc, le maintien de la position debout, la mobilité et enfin la protection de la moelle épinière et autres structures nerveuses.

La moelle épinière se situe au niveau du canal rachidien, elle se termine au niveau de la vertèbre L2. Des racines nerveuses naissant de la moelle épinière quittent la colonne vertébrale en passant par des orifices qu’on nomme « foramens ».

L’un des nerfs émergeant de la colonne lombaire est le nerf fémoral également dit nerf crural. Il résulte de l’union de branches antérieures de trois racines nerveuses : L2, L3, L4 à hauteur du muscle grand psoas. C’est un muscle moteur permettant la contraction des muscles de la hanche et du genou, mais également sensitif car il assure la sensibilité au niveau de la partie antérieure de la cuisse et de la face antérieure et interne de reste du membre inférieur.

Qu’est ce que la cruralgie ?

La cruralgie désigne une monoradiculalgie, c’est-à-dire un syndrome douloureux concernant une seule racine nerveuse, d’origine vertébrale se traduisant par une douleur localisée le long du territoire du nerf crural.

Elle est rencontrée dans 70% des cas chez l’homme, donc à prédominance masculine, et ce quel que soit son âge mais la tranche d’âge des 45 à 60 ans est habituellement la plus touchée.

Son début est généralement brutal et elle survient volontiers suite à un incident déclenchant tel qu’un effort de soulèvement, un traumatisme au niveau de la région lombaire ou encore une toux quinteuse.

Il s’agit d’une douleur, le plus souvent, très intense dite « lancinante », survenant volontiers la nuit et s’aggravant suite à un effort de toux, de défécation, de la marche ou un mouvement brusque.

Tout comme le nerf sciatique, le nerf crural représente l’un des nerfs les plus volumineux du corps humain. De ce fait, les douleurs le concernant peuvent parfois s’avérer très difficiles à soulager.

De même que pour une sciatique, la topographie de la douleur dépend de la racine nerveuse atteinte. Bien que dans la moitié des cas, la douleur s’arrête au niveau du genou, nous distinguons néanmoins :

  • La cruralgie de type L3: elle prend naissance au niveau de la partie supéro-externe de la fesse, contourne la hanche, traverse la face antérieure de la cuisse jusqu’à son tiers moyen puis passe de façon oblique en bas et en dedans de la cuisse pour finir à la face interne du genou.
  • La cruralgie de type L4: dans ce cas, la douleur commence également au niveau de la fesse, elle descend le long de la face externe de la cuisse jusqu’au tiers inférieur ou elle passe à la face antérieure, elle traverse genou en avant, la face antéro-interne de la jambe pour se terminer au niveau du bord interne du pied parfois jusqu’au gros orteil.

Cruralgie paralysante, quelle particularité ?

La cruralgie est due à la compression et l’irritation d’une des racines formant le nerf crural. Cette compression est la conséquence d’atteintes touchant le rachis lombaire et pouvant être d’origine :

  • Dégénérative comme la hernie discale, l’arthrose vertébrale, le spondylolisthésis ou le canal lombaire étroit.
  • Infectieuse telle que la spondylodiscite due à la tuberculose.
  • Tumorale.

Elle se manifeste, outre la douleur, par une hypoesthésie (diminution de la sensibilité), des sensations de picotements, de décharges électriques ou d’engourdissement au niveau du trajet douloureux, une abolition du reflexe rotulien et dans les cas les plus extrêmes, un syndrome de queue de cheval avec troubles sphinctériens.

La cruralgie paralysante est comme son nom l’indique une cruralgie dont le déficit moteur atteint le stade de paralysie.

La cruralgie paralysante est une véritable urgence neuro chirurgicale. En effet, le pronostic fonctionnel et l’évolution du déficit sont tributaires de la rapidité de prise en charge mais il arrive que malheureusement, malgré une prise en charge rapide et optimale, le déficit moteur persiste voire s’aggrave.

Comment établir le diagnostic de la cruralgie paralysante ?

La cruralgie paralysante se manifeste cliniquement par un déficit moteur inférieur ou égal à 3 au testing musculaire qu’il soit d’installation brutale ou progressive.

Le rôle du nerf crural est d’assurer :

  • La flexion de la cuisse sur le tronc ;
  • L’extension de la jambe et du genou ;
  • Et accessoirement, l’abduction de la cuisse.

Une paralysie de nerf crurale va donc se manifester par :

  • Une flexion de la cuisse impossible ;
  • L’impossibilité d’étendre la jambe ;
  • Un reflexe achilléen aboli ;
  • Une atrophie des muscles de la loge antérieure de la cuisse ;

L’atteinte peut être unilatérale et s’accompagner d’un pseudo-steppage à la marche, ou bien bilatérale, au quel cas, la marche sera impossible.

Le diagnostic d’une cruralgie paralysante se pose cliniquement grâce à un interrogatoire et à un examen clinique.

Sa confirmation peut nécessiter la réalisation d’examens d’imagerie tels que :

  • Le scanner ou TDM lombo-sacrée: elle permet de confirmer l’existence d’une hernie discale et d’en déterminer le siège et le type par ou bien de détecter d’autres causes de compression.
  • L’IRM du rachis lombo-sacré : elle confirme l’existence d’un conflit disco-radiculaire (hernie discale), ou d’une compression due à une autre étiologie telle qu’une tumeur ou une cause tumorale.

Quelle prise en charge pour la cruralgie paralysante ? 

La cruralgie paralysante est considérée comme une véritable urgence neurochirurgicale. Elle représente en effet avec le syndrome de la queue de cheval et la cruralgie hyperalgique des indications chirurgicales absolues et doivent impérativement être opérées dans les 24 heures.

Le traitement chirurgical consiste en la libération de la racine nerveuse atteinte grâce à différentes techniques telles que la chimionucléolyse, la discectomie ou l’arthrodèse.

Notons que parfois, malgré une chirurgie réussie et réalisée à temps, certaines cruralgies paralysantes persistent.

Une rééducation post opératoire est essentielle afin d’assurer une bonne récupération fonctionnelle et d’éviter une récidive des douleurs.

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