Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille
L’arthrose lombaire est une cause fréquente de mal de dos. Contrairement à ce qu’on peut penser, elle ne touche pas seulement les personnes âgées.
Qu’est-ce que l’arthrose lombaire, et quels en sont les symptômes ? Quelles sont les conséquences sur le travail et les activités ? Des activités comme la marche vont-elles l’aggraver ou la soulager ?
Cet article vulgarisé vous explique tout ce qu’il faut savoir sur l’arthrose lombaire, depuis l’anatomie jusqu’au divers traitements possibles.
Contenu
Définition et anatomie
Avant de discuter de l’arthrose lombaire, il convient de réviser certaines notions d’anatomie vous permettant de mieux comprendre cette condition.
La colonne vertébrale est séparée en vertèbres cervicales, dorsales et lombaires. Au niveau lombaire, les 5 vertèbres sont notamment reliées ensemble par le disque intervertébral et les facettes articulaires.

L’arthrose lombaire survient lorsque le cartilage qui protège les articulations du bas du dos s’use et se fissure, irritant ainsi les nerfs entourant les os, de même que les racines nerveuses à proximité.
L’usure des articulations vertébrales au niveau lombaire provoque un tassement vertébral avec le temps, ainsi que la formation de proéminences osseuses nommées ostéophytes.
L’arthrose peut toucher tout le monde, mais elle est plus fréquente chez les femmes et les personnes âgées de plus de 50 ans. Les facteurs de risque de l’arthrose sont principalement la génétique, mais aussi d’autres facteurs comme la sédentarité ou le surpoids.
Petit hic.
Il est essentiel de mentionner que la dégénérescence articulaire fait partie du vieillissement normal, et n’est pas toujours synonyme de maladie.
En effet, on a observé la présence d’arthrose lombaire chez plusieurs personnes n’ayant pourtant aucune douleur au dos. Ceci vient du fait que le corps s’est adapté aux changements dégénératifs, et que l’arthrose ne cause ni inflammation, ni irritation nerveuse significative.
Par contre, dans certains cas, le processus de dégénérescence est problématique, et entraîne des troubles importants affectant la qualité de vie. C’est dans ces situations que l’arthrose lombaire requière une prise en charge médicale.
Causes d’arthrose lombaire
Peu de gens le savent, mais l’arthrose est une forme d’arthrite. On la qualifie d’ailleurs d’ostéoarthrite.

Outre l’ostéoarthrose, il existe d’autres formes d’arthrites et conditions qui peuvent affecter la colonne lombaire et ses environs:
• Spondylarthrite ankylosante
• Arthrite psoriasique
• Arthrite entéropathique
• Ostéoporose
Symptômes : L’arthrose lombaire et ses conséquences
Comment reconnaître l’arthrose lombaire ? Avant de passer par l’imagerie médicale, les personnes atteintes observent les conséquences de cette pathologie à travers les symptômes suivants :
• Douleur lombaire. C’est le symptôme le plus important. Dans les cas typiques, elle est augmentée en extension et réduite en flexion.
• Irradiation de douleur dans les membres inférieurs, parfois associée à des engourdissements, picotements et sensation de choc électrique.
• Douleur à l’effort, diminuée par le repos (sauf dans les cas avancés)
• Raideur matinale
• Tensions et spasmes musculaires
• Réductions des amplitudes de mouvements de la colonne lombaire
• Possible crépitements, craquements ou autres bruits au niveau du bas du dos
• Sensation de faiblesse et/ou fatigue générale
Diagnostic d’arthrose lombaire
Tel que mentionné, les causes d’arthrose lombaire sont multiples.
Un médecin débutera la consultation par des questions visant à mieux cerner votre historique médicale, antécédents de blessure, symptômes et impact fonctionnel.
Ensuite, il procèdera à un examen clinique où il observera les mouvements de votre colonne vertébrale, force musculaire, réflexes et autres tests neurologiques.
Pour clarifier le diagnostic, il n’est pas rare qu’il réfère vers une imagerie médicale. Parmi les tests utilisés, on compte :
• Radiographie (pour observer l’espace entre vos vertèbres)
• Scanner
• IRM (pour observer les tissus mous et l’intégrité nerveuse)
• Ostéodensitométrie (pour déterminer s’il y a présence d’ostéoporose)
Finalement, un bilan sanguin peut être demandé si le médecin soupçonne une atteinte systémique ou une condition inflammatoire.
Traitement : Comment soulager une arthrose lombaire
L’arthrose lombaire ne doit pas être synonyme de condamnation. Certes, il est presque impossible d’agir sur la dégénérescence, si ce n’est via l’opération.
Par contre, il existe de nombreuses modalités visant à soulager la douleur et les limitations fonctionnelles induites par l’arthrose lombaire :
Chaleur et glace
La chaleur et la glace peuvent aider à soulager les symptômes en réduisant l’inflammation et les spasmes musculaires souvent associés à l’arthrose. Par contre, ils n’agissent pas directement sur la cause du problème.
Pour en savoir plus sur l’utilisation de la chaleur et de la glace, consultez l’article suivant.
Massage et thérapie manuelle
Un thérapeute qualifié (comme un ostéo ou un kiné) peut soulager les symptômes en effectuant des techniques manuelles.
Des massages peuvent réduire les tensions musculaires. Des mobilisations et manipulations peuvent réduire le stress sur les vertèbres, ou encore augmenter l’amplitude de mouvement de la région lombaire.
1. Contrôle du poids
Le surpoids et l’obésité ont été reliés au mal de dos, bien que la relation ne soit pas proportionnelle.
Ainsi, en maintenant un poids sain (c’est-à-dire en éliminant nos kilos en trop si c’est le cas), on peut réduire la pression sur les articulations et potentiellement observer une amélioration des symptômes.
Une alimentation anti-inflammatoire peut par exemple permettre de combattre l’inflammation tout en maigrissant, en assumant qu’un déficit calorique soit respecté.
2. Exercices
L’exercice physique comporte plusieurs bénéfices sur la santé. Appliqué de façon spécifique et progressive, il peut aider à réduire les symptômes d’arthrose lombaire sur le long terme, et faciliter la reprise des activités quotidiennes.
Un kinésithérapeute (physiothérapeute) est le plus apte à fournir un programme d’exercices adaptés à votre condition. Souvent, ceci va intégrer du gainage, renforcement des lombaires et des hanches, de la mobilité, etc.
3. Arthrose lombaire et marche
Plusieurs personnes souffrant d’arthrose lombaire se demandent si la marche est permise, ou si elle aggraverait les symptômes.
De manière générale, la marche constitue une activité cardiovasculaire comportant plusieurs bénéfices sur les articulations, le cœur et la santé globale.
En présence d’arthrose, cela va dépendre des symptômes provoqués. Si la marche provoque des douleurs importantes d’emblée, il faudra soit l’éviter, soit ajuster les paramètres. En général, ceci survient lorsque l’arthrose est en stade avancé.
Considérez ceci : Si la marche provoque des douleurs, vous pouvez essayer ceci :
• Réduire la vitesse de marche en avançant plus lentement
• Réduire la distance en prenant des pauses régulièrement
• Modifier la surface de marche (sur du gazon ou une piste de course)
• Porter des chaussures de marche ayant un support
• Prendre des médicaments ou appliquer de la chaleur au préalable afin de faciliter la marche.
• Mettre de la glace après les séances de marche
• Pratiquer des exercices de respiration diaphragmatique durant la marche pour faciliter la circulation sanguine et l’oxygénation des tissus.
• Pratiquer des techniques de méditation (comme la méditation pleine conscience) durant la marche pour moduler les symptômes.
• Pratique des étirements dynamiques avant la séance de marche
Comme vous avez pu le constater, il existe plusieurs solutions à tenter avant de définitivement cesser la marche –et ce, malgré les douleurs incapacitantes.
4. Produits naturels et médecine alternative
Bien qu’ils ne soient pas supportés par des études scientifiques de qualité, plusieurs personnes se tournent vers les approches alternatives pour soulager leur arthrose lombaire.
Parmi les modalités tentées, on compte :
- Acupuncture
- Tapis d’acupression
- Cupping (ventouses)
- Hypnothérapie
- Glucosamine et chondroïtine
- Vitamine D
- Etc.
5. Infiltration
Dans les cas où les traitements conservateurs n’offrent pas de résultats concluants, le médecin recourt généralement à des traitements plus invasifs.
L’infiltration lombaire peut être utilisée pour soulager la douleur et calmer l’inflammation. Pour en savoir plus (ainsi que le type d’infiltration à envisager), consultez l’article suivant.
6. Chirurgie
Le dernier recours consiste à recourir à la chirurgie lombaire. Un orthopédiste est le plus qualifié pour déterminer la pertinence d’opérer, ainsi que le type d’opération offrant les meilleures chances de guérison.
L’opération la plus courante est l’arthrodèse lombaire. Si l’arthrose lombaire est accompagnée d’une hernie discale symptomatique, il se peut qu’il ait également recourt à une laminectomie ou une discectomie.
Peut-on travailler avec une arthrose lombaire ?
On a pu constater que les symptômes d’arthrose lombaire variait énormément en fonction des individus. Parfois asymptomatique dans certains cas, elle peut également causer des douleurs incapacitantes et limitantes chez certaines personnes.
La question du travail en présence d’arthrose lombaire devra être discutée individuellement avec son médecin. Premièrement, il faudra voir si vos symptômes constituent un frein à la pratique de vos activités professionnelles.
Ensuite, il faudra analyser les exigences physiques de votre travail, et déterminer si vous êtes en mesure d’exercer votre métier. Un travail sédentaire est beaucoup plus facile à réaliser qu’un travail impliquant le port de charges lourdes lorsqu’on souffre de lombalgie.
Taux d’invalidité pour arthrose lombaire
L’autre question souvent posée est reliée au taux d’invalidité pour l’arthrose lombaire.
Une maladie est dite professionnelle si elle résulte d’une exposition directe à un risque physique, chimique ou biologique. Elle doit également résulter des conditions dans lesquelles un travailleur exerce son activité professionnelle, et doit figurer dans un des tableaux du régime général ou agricole de la Sécurité sociale.
Les tableaux de maladies professionnelles 97 et 98 concernent le mal de dos, et définissent un certain nombre de critères qui doivent tous être réunis pour permettre une reconnaissance de la maladie.
Voici les conditions qui doivent être réunies pour que le mal de dos soit reconnu en maladie professionnelle :
- Il doit s’agir d’une affection chronique (définie par une durée au moins égale à 3 mois)
- Si les douleurs irradient dans la jambe : la sciatique ou la radiculalgie crurale doit être provoquée par une hernie discale de topographie concordante avec l’atteinte radiculaire. Pour la sciatique, il faut que la hernie discale soit de niveau L4-L5 ou L5-S1. Pour la radiculalgie crurale, il faut que la hernie discale soit de niveau L2-L3, ou L3-L4, ou L4-L5.
- La hernie discale doit être qualifiée explicitement dans le compte rendu de l’examen radiologique via un scanner ou IRM.
- La durée d’exposition au risque est de 5 ans, et le délai de prise en charge doit être au maximum de 6 mois.
On constate donc qu’à l’heure actuelle, l’arthrose lombaire seule ne répond pas aux critères ci-dessus, et ne peut donc pas être reconnue en maladie professionnelle.
Par contre, si vous pensez réellement que votre condition résulte de votre activité professionnelle, il est possible d’effectuer une déclaration de maladie dite hors tableaux.
Conformément à la loi 93-121 du 27 juillet 1993, une maladie non mentionnée dans un tableau peut être reconnue comme étant professionnelle :
- si elle est directement imputable à l’activité professionnelle de la victime .
- et si elle entraîne une incapacité de travail d’au moins 25 %.
Conclusion
L’arthrose lombaire est due à la dégénérescence des articulations de la région lombaire. Elle peut être la cause de vos douleurs au bas du dos.
Pour en avoir le cœur net, il convient de consulter un médecin qui procèdera à un examen clinique, et réfèrera vers des examens d’imagerie médicale au besoin.
Une fois le diagnostic posé, il sera possible d’établir un plan de traitement en prenant en considération votre historique médical, vos symptômes, et vos objectifs.
Bonne guérison !