Le dentelé antérieur, également appelé « grand dentelé », « serratus antérieur » ou encore « muscle costo-scapulaire de Chaussier », est un muscle plat, large est puissant appliqué sur les parois latérales du thorax.
Il possède plusieurs actions, notamment la stabilisation de l’omoplate et la rotation de l’articulation scapulo-thoracique. Il intervient également dans la respiration en tant que muscle inspiratoire accessoire.
Anatomie, fonctions, pathologie (paralysie du muscle dentelé antérieur) … Nous vous disons tout sur ce muscle !
Dentelé antérieur : Anatomie descriptive
Le dentelé antérieur est un large muscle quadrilatère (possède quatre côtés) appliqué sur la paroi latérale du thorax. Il doit son nom à sa forme en dents de scie qu’on peut nettement constater chez les sujets sportifs et secs (très faible taux de masse grasse).
Il s’insère sur les faces latérales des 10 premières côtes et se termine au niveau du bord interne de la scapula (omoplate). C’est ce qui lui vaut la dénomination « muscle costo-scapulaire ».
Le muscle dentelé antérieur est richement vascularisé par deux branches de l’artère axillaire : l’artère thoracique latérale pour sa partie supérieure, l’artère thoracodorsale pour sa partie inférieure.
Son innervation motrice est assurée par le nerf thoracique long (appelé également nerf respiratoire de Charles Bell) issu du plexus brachial.
Dentelé antérieur : fonctions
Le muscle dentelé antérieur a comme principale fonction la stabilisation de l’omoplate, de la maintenir plaquée contre la paroi thoracique dans une action synergique avec un autre muscle appelé « rhomboïde ».
Par exemple, c’est le dentelé antérieur qui empêche l’omoplate de partir en arrière lorsqu’on pousse avec force quelque chose avec les mains (pousser une voiture en panne, faire des pompes…).
Sa deuxième fonction principale est la rotation de l’articulation scapulo-thoracique. Cette dernière n’est pas une articulation à proprement parler, c’est un espace de glissement entre la face antérieure de l’omoplate et la paroi thoracique par l’intermédiaire d’une bourse séreuse.
Lorsque les fibres musculaires du dentelé antérieur se contractent, l’omoplate est attirée vers l’extérieur et en avant. Ce qui lui imprime un mouvement de rotation responsable d’une élévation du moignon de l’épaule.
Le dentelé antérieur possède une autre action secondaire ou accessoire. En effet, il permet l’élévation des 10 premières côtes pour élargir le volume du thorax. Ce qui participe à créer une dépression au niveau de la cavité thoracique facilitant le remplissage des poumons (phénomène d’appel d’air). C’est donc l’un des muscles accessoires de l’inspiration (le muscle principal étant le diaphragme).
Pathologie : Paralysie du muscle dentelé antérieur
La première cause de paralysie du muscle dentelé antérieur est l’atteinte traumatique du nerf thoracique long. L’anatomie de ce dernier (longueur importante, grêle, position superficielle) l’expose particulièrement aux traumatismes.
La lésion peut être secondaire à une contusion ou un choc au niveau de l’épaule ou de l’aisselle. Elle peut également être la conséquence d’un étirement brutal ou chronique du nerf thoracique long.
Certains sports ou activités exposent particulièrement aux lésions du nerf du grand dentelé en sollicitant excessivement le membre supérieur (les lésions concernent généralement l’épaule dominante) :
- Les sports de raquettes : tennis, squash, badminton, pingpong…
- Les sports de combat (traction brutale du bras) : judo, lutte, MMA…
- L’haltérophilie, le lancer de javelot, le tir à l’arc, la natation…
- Le port de charges lourdes : déménagements…
L’attente neurologique du dentelé antérieur peut également être idiopathique (aucune cause n’est décelée).
La paralysie du dentelé antérieur se manifeste par plusieurs symptômes. Le plus impressionnant d’entre eux est le décollement de l’omoplate et la saillie de sa pointe. On appelle ce phénomène « scapula alata », qui signifie aspect de la scapula en aile. C’est dû à la perte de la stabilisation de l’omoplate par le dentelé antérieur (ce dernier étant paralysé et relâche).
D’autres répercussions sont observées :
- Douleurs persistantes de l’épaule.
- Gêne fonctionnelle de l’épaule avec difficulté lors de la réalisation de certains gestes simples (s’habiller par exemple).
- Limitation de l’élévation antérieure du bras.
Traitement de la paralysie du dentelé antérieur
Forme par étirement : traitement conservateur
Dès que la paralysie du dentelé antérieure est diagnostiquée, il est impératif d’arrêter le sport ou l’activité en cause et mettre l’épaule au repos.
La mise au repos est obligatoire, quel que soit le degré du déficit neurologique, car il permet d’éviter de surétirer le muscle et sa fibrose. La durée du repos doit être prolongée, parfois plusieurs mois sont nécessaires avant la récupération complète.
Le traitement de la paralysie du dentelé antérieur suite à l’étirement du nerf thoracique long repose sur la rééducation.
Les techniques rééducatives utilisées dépendent du degré de dénervation musculaire. Elles comprennent obligatoirement des exercices de renforcement des muscles stabilisateurs de l’épaule (trapèze, les muscles rhomboïdes, l’élévateur de la scapula ou « angulaire ») et de rééquilibration de la ceinture scapulaire.
Le programme rééducatif a pour objectif final la réadaptation à l’effort et l’amélioration de la puissance, de l’endurance, de la fluidité et de la vitesse d’exécution des mouvements de l’épaule.
Dans près de 70 % des cas de paralysie du dentelé antérieur par étirement du nerf thoracique long, le traitement conservateur (repos et rééducation) permet une récupération complète.
La période de récupération est certes longue (dépasse parfois 18 mois), mais le pronostic des paralysies isolées du muscle dentelé antérieur est assez bon en règle générale.
En cas d’échec du traitement conservateur, le recours à la chirurgie s’impose.
Forme par compression : traitement chirurgical
La paralysie du dentelé antérieur par compression du nerf thoracique long se traite chirurgicalement.
L’opération s’effectue sous anesthésie générale sur un patient en position allongée sur le dos, les bras en abduction et en rotation externe. Son but est de décomprimer le nerf en réalisant une neurolyse (une décompression nerveuse semblable à celle qu’on réalise sur le nerf médian en cas de syndrome du canal carpien). Cette étape délicate s’effectue avec des instruments de microchirurgie (microscope, instruments spéciaux).
Dès le troisième jour postopératoire, le cou et l’épaule retrouvent leur mobilité. La récupération finale ne pourra être appréciée qu’après quelques semaines/mois.
Pronostic de la paralysie du dentelé antérieur
Dans la majorité des cas, l’évolution de la paralysie du muscle dentelé antérieur est favorable. Elle aboutit à une récupération complète du déficit neurologique.
Il faut toutefois noter que la récupération est lente et ne commence parfois que quelques semaines après le début du traitement. Elle peut s’étaler sur une période variable de temps allant de quelques semaines jusqu’à 18 mois (selon le degré de l’atteinte neurologique). Ce n’est que rarement que l’atteinte motrice ne s’améliore pas.
Une récupération incomplète de la motricité du muscle dentelé antérieur après une paralysie est souvent secondaire à la poursuite de l’activité nocive (sport ou autre activité en cause dans la survenue de l’atteinte).
Parfois, on peut avoir affaire à une paralysie d’allure « définitive », mais pour l’affirmer, il est nécessaire d’attendre au moins deux ans, car une récupération tardive reste possible. Sinon, une intervention chirurgicale sera envisagée (neurolyse).
Mais, souvent, on se heurte à un problème majeur lors de l’exploration clinique et paraclinique du nerf thoracique long : on n’arrive pas toujours à localiser la localisation précise de la compression sur le trajet du nerf. Ce qui freine grandement la prise en charge et la récupération.
Ressources
Vidéo sur les douleurs entre les omoplates :
Références
[1] V. Berthoud, « Evaluation de l’intérêt du bloc du muscle dentelé antérieur dans la prise en charge de la douleur post opératoire des thoracotomies en chirurgie cardiaque », PhD Thesis, 2017.
[2] P. Vu, C. Guedon, P. Gehanno, et B. Andreassian, « Bases anatomiques de la transposition du muscle dentelé antérieur », Surgical and Radiologic Anatomy, vol. 10, no 3, p. 1‑4, 1988.
[3] J. Rodineau, « La paralysie du muscle serratus antérieur chez les sportifs », Journal de traumatologie du sport, vol. 28, no 1, p. 44‑53, 2011.
[4] E. BOTTON, M. TALARMIN, V. SIMONNET, O. AUDRAIN, et J. BAGLIONE, « Le syndrome myofascial du muscle dentelé antérieur et du muscle grand pectoral : Une cause de douleur thoracique chronique chez les patientes traitées pour cancer du sein », Onko+, vol. 5, no 38, p. 71‑76, 2013 et Douleurs : Evaluation-Diagnostic-Traitement, vol. 14, no 1, p. 30‑37,
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