La scoliose chez l’enfant de A-Z: Diagnostic et prise en charge

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille 

Pour un parent, observer une déviation de la colonne vertébrale de son enfant peut s’avérer inquiétant. On pense à la scoliose, aux problèmes futurs qui peuvent se développer, au regard des autres.

Rassurez-vous, une scoliose n’est pas toujours problématique en soi. Et il existe de nos jours plusieurs modalités de traitement permettant une prise en charge de la scoliose chez l’enfant.

Dans l’article suivant, nous allons couvrir tout ce qu’il faut savoir sur cette condition, depuis son diagnostic jusqu’aux différentes options thérapeutiques possibles. 

La scoliose, c’est quoi exactement?

 

Une scoliose est une déviation de la colonne vertébrale dans les 3 plans de l’espace. En gros, une ou plusieurs vertèbres sont déviées dans le plan frontal, sagittal, et horizontal. La rotation vertébrale (torsion) dans le plan horizontal est ce qui caractérise principalement la scoliose.

Fait intéressant sur la scoliose : Une de ses caractéristiques particulières est qu’elle atteint exclusivement les êtres humains. Pas la peine de rechercher une déviation de la colonne chez votre chat ou chien ! Notre posture redressée et bipodale pourrait d’ailleurs être un facteur préalable au développement de la scoliose.

La scoliose peut affecter n’importe quelle région de la colonne vertébrale, mais elle est prédominante au niveau dorsal et lombaire.

La courbure de la colonne vertébrale est mesurée en degrés via l’angle de Cobb (discuté dans la section reliée à l’imagerie médicale). C’est cet angle qui va déterminer la gravité de la scoliose. Une scoliose entre 10-20 degrés est considérée bénigne, alors qu’elle est considérée sévère lorsqu’elle dépasse 30-60 degrés.

N’oublions pas que la scoliose est souvent évolutive, c’est à dire qu’elle peut progresser dans le temps. Par exemple, Marie, une fillette de 11 ans, peut avoir eu une scoliose de 22 degrés qui s’est aggravée de 10 degrés en 1 an pour atteindre 32 degrés lorsqu’elle à fêté ses 12 ans…

Conséquences et symptômes

Les conséquences et symptômes de la scoliose sont très variées, et dépendent de plusieurs facteurs comme l’angle de Cobb, les schèmes compensatoires développés, et les structures irritées. Entre autre, la scoliose peut causer :

Douleur

Attention, ce ne sont pas toutes les scolioses qui sont symptomatiques. Par contre, il est possible d’observer des douleurs rachidiennes. C’est d’ailleurs une des raisons qui poussent les patients à consulter le médecin.

Changement de l’apparence

La scoliose est associée à une gibbosité. Il s’agit d’une déformation de la cage thoracique observable lorsque le patient se penche vers l’avant, un peu comme une « bosse dans le dos ». 

Limitations fonctionnelles

En fonction de la scoliose, il peut s’ensuivre une limitation des amplitudes articulaires du rachis qui affecte les activités de la vie de tous les jours (comme certains mouvements, la marche, etc.).

 

Troubles neurologiques

Considérant la proximité de racines nerveuses et nerfs de part et d’autre de la colonne vertébrale, il est facile de concevoir qu’une déformation du rachis peut irriter certaines structures nerveuses. Ceci peut notamment causer des atteintes sensitives (douleur neuropathique, engourdissements, décharges électriques, picotements, etc.).

Dans les cas plus sévères, une scoliose peut affecter la motricité et même la locomotion par l’atteinte de nerfs moteurs.

 

Troubles respiratoires

La déformation de la colonne peut provoquer des problèmes au niveau de la respiration (considérant la proximité des poumons et du cœur).

Plus spécifiquement, on peut voir un impact au niveau de la capacité vitale et/ou le volume expiratoire maximal par seconde (VEMS) mesuré par spirométrie. Encore une fois, le degré d’atteinte dépend de certains facteurs comme l’angle de Cobb.

Impact psychologique

 Ne sous-estimons pas l’impact que peut avoir la scoliose au niveau psychologique, notamment chez l’enfant. L’image corporelle étant différente, le jeune peut présenter de l’anxiété, ressentir de la honte, souffrir de dépression, etc.

 

L’attitude scoliotique, ou «fausse» scoliose

L’attitude scoliotique ne doit pas être confondue avec la scoliose structurelle (la «vraie» scoliose). Également appelée fausse scoliose, l’attitude scoliotique n’est pas fixée, ni permanente.

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Par exemple, un parent pourrait soupçonner une scoliose chez sa fille après avoir observé une « déformation » de la colonne. À l’examen, le médecin pourrait observer une inégalité de la longueur des jambes responsable de cette déviation rachidienne. En demandant à l’enfant de se coucher sur le dos, on pourrait alors observer une correction de la déviation.

Dans ce cas, on parlerait plutôt d’attitude scoliotique que de vraie scoliose. L’examen radiologique permet également de confirmer si la scoliose est structurelle (vraie) ou fausse.

Les causes de scoliose

 

Laissez-moi deviner, vous pensez que la scoliose de votre enfant s’est développée suite à sa «mauvaise posture»…Faux ! 

Les scolioses se développent en grande majorité pendant la croissance de la colonne (et donc durant l’enfance et l’adolescence). Et non, elle n’est pas non plus due au port du sac à dos chez votre enfant ! Continuez la lecture pour connaître les causes principales de scoliose.

Les causes principales de scolioses sont congénitales, syndromique ou idiopathique:

La cause congénitale résulte d’une malformation de la colonne à la naissance (comme le spina bifida). Par ailleurs, certaines maladies neuromusculaires ou syndromes peuvent occasionner une déviation de la colonne vertébrale. On pense par exemple à:

  • la maladie de Duchenne
  • l’ataxie de Friedrich
  • la paralysie cérébrale
  • la dystrophie musculaires
  • etc.

Quand à la cause idiopathique, figurez-vous qu’elle est la plus fréquente avec près de 80% des cas de scolioses. Oui oui, ceci veut dire que la majorité du temps, on ne sait pas d’où provient exactement la scoliose ! Certains scientifiques parlent même de génétique comme cause principale de la scoliose.

D’autres hypothèses évoquent l’implication d’hormones comme la somatropine ou la mélatonine dans le développement de la scoliose.

 

À quoi s’attendre lorsqu’on consulte?

 

Évidemment, un professionnel de santé, et plus particulièrement le médecin, est la personne de choix à consulter si vous notez tout changement au niveau de la colonne vertébrale de votre enfant.

Voici quelques détails reliés à l’évaluation et le diagnostic d’une scoliose :

Examen clinique

 

Le plus souvent, le médecin ou thérapeute qualifié va débuter la consultation par un examen physique. Il commence en général par observer la posture de face, de dos et de profil (parfois à l’aide d’un fil à plomb).

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une déviation de la colonne vertébrale peut avoir un impact sur plusieurs autres articulations, et causer multiples altérations biomécaniques.

Par exemple, on pourrait alors observer une jambe droite plus courte, une crête iliaque plus haute, une épaule plus basse, des côtes en rotation, etc. Ces trouvailles sont souvent notées, mais ne doivent pas être considérées systématiquement comme une dysfonction du corps humain. En effet, celui-ci est capable de compenser, et les tissus peuvent s’adapter afin d’éviter la douleur.

Une des trouvailles indicative de scoliose est la gibbosité. Pour rappel, il s’agit d’une déformation de la cage thoracique observable lorsque le patient se penche vers l’avant, un peu comme une «bosse dans le dos». 

Le médecin pourrait terminer par un examen cutané, articulaire, neurologique et respiratoire. Cet examen clinique est primordial non seulement pour mieux apprécier l’impact de la scoliose sur le corps et la fonction, mais aussi pour mesurer à nouveau certains paramètres dans le futur dans un but de comparaison.

Imagerie médicale

 

Lorsqu’il soupçonne une scoliose, le médecin peut également référer son patient en imagerie médicale pour confirmer le diagnostic.

La radiographie est l’imagerie de choix, et permet de mesurer l’angle de Cobb. Il s’agit de l’angle formé à partir de l’intersection de deux droites tangentielles l’une au plateau supérieur de la vertèbre limite supérieure, l’autre au plateau inférieur de la vertèbre limite inférieure.

En fonction de l’angle de Cobb, on peut déterminer si le patient peut bénéficier de chirurgie, ou plutôt d’un traitement conservateur. Cette mesure sera d’ailleurs réévaluer régulièrement au cours de la croissance de l’enfant pour évaluer la progression de sa scoliose, et l’impact des traitements tentés.

L’autre mesure évaluée par radiographie est le test de Risser. Cet examen est réalisé pour évaluer l’état de maturation du squelette d’un enfant. En gros, si la croissance est terminée, les traitements tels que les corsets ont moins de chance de prévenir les déviations de la colonne. Au contraire, si l’enfant est en pleine période de croissance, il faudra corriger la déviation de manière aggressive, et ainsi prévenir la progression de la scoliose.

Quels traitements peuvent aider?

 

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Observation

 

On me demande souvent ce qu’il faut faire pour prévenir l’apparition de la scoliose. Malheureusement, vous aurez compris qu’il s’agit d’une condition le plus souvent idiopathique, ce qui veut dire qu’on ne connaît pas exactement sa cause. Pour cette raison, il est impossible pour un professionnel de donner des conseils préventifs pour éviter son apparition.

Soulignons toutefois qu’un diagnostic précoce permet généralement une meilleure prise en charge, et diminue significativement les chances d’aggravation de la condition dans le futur.

En effet, la période la plus agressive dans l’évolution de la scoliose idiopathique chez l’adolescent coïncide avec la puberté. Ainsi, il est recommandé de garder un œil à la colonne de votre enfant si vous souffrez vous-même de scoliose, ou s’il s’agit d’une condition largement répandue dans votre famille.

L’essentiel serait de consulter régulièrement son médecin (et de façon précoce, idéalement à l’âge prépubère). C’est d’ailleurs pour cette raison que plusieurs intervenants en école primaire s’assurent d’observer régulièrement la posture de leurs élèves.

Certains médecins demanderont des radiographies de suivi pour s’assurer de l’évolution favorable de la scoliose (principalement chez l’enfant en croissance).

À ce sujet, vous êtes possiblement inquiet des effets néfastes des radiographies sur votre enfant en raison des irradiations. Par contre, sachez que le médecin pèse toujours les effets bénéfiques et les risques reliés à toute intervention médicale. Ainsi, s’il propose l’imagerie médicale, c’est que les bénéfices de contrôler la scoliose dans le temps surpassent les faibles risques de complications reliées aux rayons X.

De même, le radiologiste s’assurera toujours de protéger certaines régions du corps afin de minimiser les risques associés.

Activité physique

 

J’entends souvent que les jeunes souffrant de scoliose devraient éviter les sports. C’est un mythe. Je dirais même que c’est une aberration !

L’activité physique en général permettra d’assouplir les tissus, tonifier les muscles, améliorer les capacités cardiorespiratoires et libérer des endorphines.

Certes, certains sports asymétriques comme le golf ou le tennis pourraient «fixer» le corps dans un schème restreint en raison des mouvements unidirectionnels répétés. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle plusieurs praticiens recommandent la natation aux individus ayant une scoliose.

Quoi qu’il en soit, un professionnel de santé saura ajuster vos pratiques sportives afin que vous bénéficiez des effets bénéfices de l’activité physique, tout en évitant l’aggravation des symptômes et restrictions reliées à votre scoliose.

 

Corset lombaire

 

Le corset est souvent utilisé dans les cas de scoliose relativement sévère. Par exemple, on sait que si la scoliose dépasse 30 degrés à l’âge prépubère, le pronostic est limité, et la scoliose a de grandes chances d’évoluer vers des angles importants.

Ainsi, l’objectif du corset est de ralentir la progression de la scoliose, et idéalement éviter la chirurgie. Je répète. Le corset va rarement corriger l’angle de la scoliose, mais plutôt éviter l’aggravation de la courbure scoliotique.

Malheureusement, je rencontre trop souvent des parents convaincu que le corset va complètement guérir la scoliose de leur enfant, et forcément déçu a postériori en comparant les radiographies de la scoliose avec les clichés précédents.

Pour tout savoir sur les corsets en présence de scoliose (indication, types, bénéfices, risques, alternatives), consultez l’article suivant :

Corset pour scoliose : Que faut-il retenir ?

Techniques de rééducation

 

Il existe plusieurs thérapeutes et techniques adaptées aux scolioses utilisées en rééducation. Souvent, elles sont effectuées par des kinésithérapeutes (physiothérapeutes) ou ostéopathes. Parmi elles, on retrouve :

  • la méthode Mézière
  • la méthode Schroth
  • la rééducation posturale globale (RPG)
  • etc.

Toutes les approches ont des objectifs similaires, à savoir rétablir une symétrie musculaire et articulaire (par un travail de chaîne et un travail de stabilisation), optimiser la respiration, et améliorer la conscience corporelle.

Malheureusement, aucun thérapeute ne peux effectuer de miracles et corriger une déformation importante de la colonne (surtout lorsque l’angle de Cobb est élevé). Par contre, il saura agir au niveau de la douleur et de la fonction globale.

Assurez-vous donc de trouver un praticien dans votre région qui a de l’expérience avec les scolioses, et en qui vous avez confiance.

Psychologie

 

Ne sous-estimons pas l’impact de l’image corporelle altérée suite à une scoliose. Cet «inesthétisme» peut grandement affecter les individus atteints, et affecter plusieurs sphères de leur vie. Un psychologue peut traiter l’aspect émotionnel relié à la scoliose.

 

La chirurgie est-elle nécessaire?

C’est une question qui revient fréquemment chez les individus atteints de scoliose. Évidemment, la réponse à cette question est très variable, et dépend de plusieurs facteurs. La meilleure personne à consulter pour une réponse définitive et adaptée serait le chirurgie orthopédique.

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Ce qu’il faut retenir, c’est que la chirurgie constitue le plus souvent le dernier recours, principalement car il s’agit d’une opération complexe et majeure. Ceci implique également que la scoliose est importante (par exemple, avec un angle de Cobb dépassant 50 degrés).

Idéalement, il faut avoir tenté d’autres formes de traitement et noté un échec avec cette approche conservatrice (comme le corset ou la kiné). De même, on a recours à l’opération le plus souvent lorsque la déformation causée par la scoliose devient handicapante, soit sur le plan fonctionnel (douleur et/ou troubles respiratoires dans la vie de tous les jours) ou esthétique (déformation importante).

Il existe plusieurs types de chirurgies possibles en fonction de la scoliose et du patient. Celles-ci peuvent durer entre 4 et 12 heures ! Le plus souvent, elles impliquent une arthrodèse (fusion de vertèbres) et la mise en place de tiges métalliques permettant un redressement de la colonne. L’opération peut aussi inclure une greffe osseuse pour stimuler la consolidation osseuse.

Oui, la chirurgie est l’unique façon de corriger la courbure rachidienne occasionnée par une scoliose sévère. Toutefois, celle-ci vient avec son lot de problèmes.

Bien que rares, il peut s’ensuivre des complications post-opératoires telles qu’une infection, ou des irritations nerveuses (considérant la présence de racines nerveuses de part et d’autres de la colonne vertébrale). Toutefois, la complication la plus délétère provient du fait que la colonne devient fixée de manière définitive. Ceci augmente la raideur du rachis, et le travail compensatoires des autres structures (muscles, tendons, etc.) visant à compenser la diminution de mobilité. Après tout, le dos est fait pour bouger! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il faut bien peser le pour et le contre d’une chirurgie, et se référer à un chirurgien qualifié qui nous aidera à faire un choix éclairé.

 

Conclusion

 

Voilà! J’ose espérer que vous êtes plus familier avec le diagnostic de scoliose. Lorsqu’on évoque cette condition, plusieurs personnes ont en tête une déformation restrictive et problématique de la colonne. Vous savez désormais que ce n’est pas toujours le cas.

Le corps humain n’est pas toujours parfaitement symétrique, et n’a pas besoin de l’être non plus ! Une petite déviation ne doit pas être prise pour une maladie nécessitant un traitement immédiat. Par contre, d’autres types de scolioses entraînent des troubles fonctionnels, et doivent être prises au sérieux. C’est principalement l’angle de Cobb et le degré de maturation osseux qui dictera la conduite à suivre pour favoriser une prise en charge optimale.

Il est primordial de traiter la scoliose d’un point de vue biopsychosocial, notamment car elle est multi-factorielle et influence plusieurs aspects de la vie de la personne affectée. L’idéal est de s’allier d’une équipe multidisciplinaire (incluant le médecin, les différents thérapeutes, le patient et sa famille).

L’union fait la force!

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