Stimulation médullaire : solution à la douleur chronique ?

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille 

Qu’est-ce que la stimulation médullaire, et comment peut-elle vous aider si jamais vous souffrez de douleur chronique ? Cette technique de traitement présente-t-elle des risques ? Comment se déroule la convalescence ? Cet article vulgarisé vous explique tout ce qu’il faut savoir sur cette modalité utilisée dans le traitement des douleurs rebelles. 

Définition

La stimulation médullaire est une technique interventionnelle minimalement invasive utilisée dans la prise en charge de la douleur chronique. Son objectif est de « court-circuiter » une zone de douleur rebelle d’origine neuropathique en envoyant des stimulations électriques sur la moelle épinière à l’aide d’électrodes.

En se basant sur la théorie du « Gate Control » de Wall et Merzack, ces stimulations sous formes de paresthésies auraient pour effet de bloquer le message douloureux s’acheminant vers le cerveau, procurant par le fait même un réduction des symptômes.

Ces électrodes sont connectées à un générateur d’impulsions implanté dans une autre région du corps (région abdominale ou fessière).

 

Indications

 

Les indications les plus couramment rencontrées dans la littérature sont les suivantes :

Le syndrome d’échec de la chirurgie du rachis 

Cette condition se présente sous la forme de douleurs résiduelles au niveau lombaire (pouvant inclure des douleurs irradiant vers la jambe) qui persistent après une ou plusieurs interventions chirurgicales rachidiennes.

 

Le syndrome douloureux régional complexe

Le syndrome douloureux régional complexe se manifeste par une douleur siégeant à une extremité. Elle peut être accompagnée d’œdème, ou encore d’altérations vasomotrices ou sudorales. Bien qu’elle puisse apparaître spontanément, elle survient généralement après un traumatisque ou une chirurgie.

L’ischémie critique des membres

La douleur ischémique apparaît lorsqu’un organe n’est plus suffisamment irrigué pour assurer ses besoins métaboliques. Elle se rencontre surtout chez des patients de plus de 55 ans, et est souvent due à la progression d’un artériopathie.

L’angine de poitrine réfractaire et les douleurs cancéreuses réfractaires.

 

Ces 2 conditions provoquent fréquemment des douleurs chroniques, et pourraient bénéficier d’une stimulation médullaire.

Procédure

La pose d’un neuro-stimulateur se fait en 2 étapes :

 La première étape consiste en la pose d’électrodes percutanées sous neuroleptanalgésie, ce qui est moins invasif et permet un positionnement idéal des électrodes (réveil du patient per-procédure).   

Les électrodes sont reliées à un générateur externe ; On est parfois amené à mettre des électrodes sous anesthésie générale par voie chirurgicales (échec de la technique percutanée, repositionnement…).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       

La phase test dure en moyenne une semaine et doit comporter un retour à domicile. Elle est considérée comme positive si le patient indique un niveau de soulagement  supérieur à 50% et une stimulation confortable, couvrant au moins 80% de la zone douloureuse.

La deuxième étape consiste alors à positionner le générateur dans l’abdomen et le relier aux électrodes. Le médecin peut faire les réglages à l’aide d’un programmateur qui communique avec le générateur.

Le patient a une télécommande pour allumer/éteindre l’appareil et régler l’intensité.

 

Risques et complications de la stimulation médullaire

 

Les complications survenant après mise en place d’un neurostimulateur médullaire sont de trois ordres :

Les complications biologiques : l’infection, l’hématome et la fuite de liquide cérébro-spinal(LCR);

les complications d’ordre matériel : la migration de l’électrode, la fracture de l’électrode ou de l’extension, les déconnexions et le dysfonctionnement du neurostimulateur implanté ;

Quant aux effets secondaires liés à l’implantation ou à la stimulation, on compte :

  • des douleurs au site d’implantation du stimulateur
  • une perte d’efficacité avec le temps
  • des sensations désagréables (paresthésies inconfortables).

Seules les infections et l’hématome épidural (exceptionnels) doivent être considérés comme des complications sévères. L’infection (à Staphylococcus epidermidis ou aureus dans 48 % des cas) nécessite obligatoirement l’ablation du matériel, et généralement 8 jours d’antibiothérapie. Le matériel est alors reposé au minimum deux mois après l’infection.

  

Convalescence 

 

La convalescence après une neuro-stimulation, prend une période comprise entre de 2 à 8 semaines.

 

Consignes post opératoire

 

Après l’opération, il est recommandé :

  • d’appliquer de la glace sur la plaie pendant 24 heures afin de réduire l’enflure et la douleur;
  • l’administration d’analgésiques pour réduire la douleur de l’intervention, et des antibiotiques afin de prévenir les infections.

Vous pouvez ressentiez de la douleur à l’endroit où le neuro-stimulateur est implanté pendant deux à huit semaines après l’intervention.

Cette douleur est provoquée par le processus de cicatrisation des tissus et survient avec tous les types d’implantation chirurgicale. C’est la réponse naturelle de votre organisme à l’implant.

Il se peut que votre médecin vous recommande de restreindre vos activités au cours de cette période. Vous devrez peut-être éviter de soulever des objets, de vous pencher ou de vous tourner.

Cela laissera au tissu cicatriciel le temps de se former, ce qui aidera à fixer la sonde. Même après six à huit semaines, restez tout de même prudent lorsque vous exécutez ce types de mouvements.

Soins continus

Discutez avec votre médecin des activités que vous pouvez pratiquer sans problème, et de celles pour lesquelles vous devriez prendre un peu plus de précautions. Communiquez immédiatement avec votre médecin si vous :

  • ressentez une douleur supplémentaire ou inhabituelle;
  • remarquez des changements dans les effets du traitement contre la douleur.

 

Résultats escomptés de la stimulation médullaire

 

Une étude menée par PROCESS a comparé la stimulation médullaire épidurale à la prise en charge médicale conventionnelle dans un groupe de douloureux chroniques ; 93% des patients Stimulation Médullaire Epidural ont déclaré que « d’après leur expérience à ce jour, ils seraient prêts à recommencer le traitement ».

On retrouve une reprise du travail chez 15% des Stimulation médullaire épidurale versus 0% des prises en charge médicale conventionnelle

 

L’étude PROCESS retrouve 32% complications (10% migrations électrodes, 8% infection ou cassure, 7% perte des paresthésies), dont 24% nécessite une ré-intervention. Ces complications surviennent surtout dans les 3 premières années, sont bénignes et réversibles, et ne modifient pas l’adhésion au traitement.

Les études de coûts montrent que la technique stimulation médullaire est plus rentable au bout de 2,5 ans par rapport à la prise en charge médicale conventionnelle.

Conclusion

La neurostimulation médullaire est une technique simple permettant de placer un neuro-stimulateur implantée généralement sous la peau de l’abdomen ou de la région fessière ; elle génère des paresthésies « thérapeutiques » dans le territoire douloureux ayant pour objectif de réduire la douleur.

La stimulation médullaire a un taux d’événements indésirables non négligeables mais mineurs. Il faut relativiser ces complications lorsqu’on sait que le taux de soulagement de la douleur est de 50 % chez deux tiers des patients souffrant de douleurs neuropathiques chroniques. Le taux de satisfaction globale avoisine les 85 %.

Il faut à tout prix élire les patients pour qui la stimulation médullaire est indiquée, sans quoi le traitement se conclura probablement par un échec. Discuter avec votre médecin si jamais vous souffrez de douleurs chroniques et considérez cette procédure.

Sources

Marc L’évêque, Chirurgie de la douleur, Springer-Verlag France, 2014

Kumar et all, Spinal cord stimulation versus conventional medical management for neuropathic pain: A multicentre randomised controlled trial in patients with failed back surgery syndrome, Pain 132, 2007,p 179–188.

Marc Lévêque, Chirurgie de la douleur, Springer-Verlag France, 2014

Denys Fontaine, Stimulation médullaire : indications et résultats, Elsevier Masson, 2011

Camberlin C, San Miguel L, Smit Y, Post P, Gerkens S, De Laet C. Neuro-modulation pour la prise en charge de la douleur chronique : systèmes implantés de neurostimulation médullaire et pompes intrathécales analgésiques- Synthèse.

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