Kyphoplastie : Traitement suite à une fracture vertébrale

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille 

Qu’est-ce que la kyphoplastie, et dans quels cas cette opération est-elle indiquée ? Est-elle sûre ? Cet article vous explique tout ce qu’il faut savoir sur cette intervention chirurgicale. 

Définition

La kyphoplastie est un ensemble de techniques chirurgicale mini-invasive (c’est-à-dire que l’accès se fait par plusieurs petites incisions et que la partie de la colonne vertébrale à opérer n’est pas révélée) qui consiste à réparer une colonne vertébrale endommagée.

Elle fait partie des techniques de traitement des fractures vertébrales souvent causées par l’ostéoporose.

Chez les patients sains, un accident sérieux peut, comme conséquence rare, provoquer une fracture vertébrale.

Chez les patients souffrant d’ostéoporose, la fracture vertébrale peut se produire dans la vie de tous les jours. Une situation aussi triviale que le fait de trébucher dans les escaliers en portant un sac, d’éternuer ou de tousser peut provoquer une fracture vertébrale[1].

L’opération de vertébroplastie ou kyphoplastie est le fruit d’un long cheminement médical. Pendant des décennies, la kyphoplastie a été exécutée en chirurgie ouverte de la colonne vertébrale afin d’augmenter le volume de la vertèbre fracturée et de soulager la douleur. Cependant, depuis 1984, cette procédure est employée en opération mini-invasive : la vertébroplastie percutanée est devenue une opération standard à la suite d’une fracture ostéoporotique cérébrale[2].

Indication (3)

Tumeurs

Les premières indications de cimentoplastie vertébrale concernaient l’angiome vertébral symptomatique. Elles se sont ensuite élargies aux lésions tumorales bénignes (hémangiome vertébral) ou malignes (métastases, myélome).

Seules 3 % des fractures vertébrales sont d’origine maligne. Elles sont une source de morbidité importante chez des patients présentant des tumeurs solides métastatiques vertébrales ou un myélome malin de sombre pronostic. Ces fractures sont fréquentes et sont généralement douloureuses.

Leur traitement est souvent palliatif (antalgiques, radiothérapie, corset) et parfois étiologique (chimiothérapie, etc.).Une cimentoplastie peut être proposée en cas de localisation vertébrale douloureuse sans signe de compression.

Ostéoporose

On estime que 85 % des fractures vertébrales sont d’origine ostéoporotique. Leur incidence annuelle est évaluée à plus de 700000 aux États-Unis et 450000 en Europe et pourtant, seul un tiers d’entre elles seraient diagnostiquées. Elles sont 2 fois plus fréquentes chez la femme après la ménopause. Elles peuvent survenir spontanément ou après un traumatisme minime.

Le traitement conventionnel du tassement vertébral ostéoporotique repose sur des antalgiques associés ou non à un corset. Une période d’alitement à la phase aigüe peut être nécessaire suivie de mobilisation précoce avec kinésithérapie. Une prise en charge globale de l’ostéoporose par le rhumatologue ou le médecin généraliste doit y être systématiquement associée (ostéodensitométrie, biphosphonates…).

Dans la pathologie ostéoporotique, la cimentoplastie n’est jamais pratiquée en urgence mais il n’existe pas actuellement de consensus à ce sujet. Dans notre pratique, nous la proposons en cas d’échec du traitement médical bien conduit pendant au moins 1 mois, avec une corrélation radio-clinique à la scintigraphie ou l’IRM.

Dans une série de 254 patients présentant une fracture vertébrale ostéoporotique traitée par kyphoplastie, Majd a rapporté une réduction immédiate de la douleur après la procédure dans 89 % des cas, avec dans 63 % des cas, une restauration d’au moins 20 % de la hauteur vertébrale.

Fractures du sujet jeune

La kyphoplastie «stand alone» nous apparaît être une alternative intéressante aux traitements traditionnels des fractures en compression (type A de Magerl) de la charnière thoraco-lombaire en l’absence de signes neurologiques. Contrairement au corset, elle permet une réduction significative de la cyphose vertébrale traumatique.

Cette restauration durable de l’anatomie du corps vertébral est directement corrélée à un bon résultat fonctionnel, comme l’a montré la table ronde de la Société d’Orthopédie de l’Ouest 2008.

Après une information adaptée, nous proposons aux patients jeunes la kyphoplastie, car celle-ci permet une correction de la déformation vertébrale traumatique tout en préservant des complications du corset et de la chirurgie ouverte.

 

Procédure de la kyphoplastie (4)                      

 

  • La kyphoplastie ou la vertébroplastie est effectuée alors que le patient est allongé sur le ventre.
  • Il est possible de choisir entre une anesthésie locale ou générale.
  • Une incision de peau de 1 cm au maximum est pratiquée pour servir d’ouverture chirurgicale.
  • Insertion d’un tube (canal de travail) dans l’os vertébral fracturé sous guidage par rayon X.
  • Un tube fin avec un ballonnet gonflable (qu’on appelle un ballonnet tampon) est guidé dans l’os vertébral endommagé.
  • Le ballon est gonflé jusqu’à ce que la hauteur originale de la vertèbre fracturée soit restaurée.
  • Après qu’une cavité suffisante ait été créée, le ballon est dégonflé et retiré.
  • Du ciment osseux ou un matériau en silicone est injecté dans la cavité.
  • Ce ciment osseux durcit dans les 10 minutes. Il fixe les particules fracturées de l’os, agissant efficacement comme un plâtre interne.

 

Complications

Les complications de la kyphoplastie ou de la vertébroplastie simple sont bien connues. Elles sont, dans l’ensemble, peu fréquentes et opérateur-dépendantes.

Les fuites de ciment peuvent se produire dans l’espace épidural, les foramens, les tissus mous pré- ou latéro-vertébraux, les disques intervertébraux adjacents et les vaisseaux péri-vertébraux. Les fuites épidurales ou foraminales peuvent être responsables de compressions nerveuses voisines, mais, heureusement, cette complication est exceptionnelle. De petites fuites veineuses asymptomatiques sont fréquentes et sont expliquées par la densité des plexus veineux périvertébraux.

Les migrations vasculaires de ciment à distance sont plus rares, mais peut-être sous-estimées. Des micro-embols de ciment dans la vascularisation pulmonaire ne sont pas rares si un scanner thoracique sans injection est systématiquement fait après une vertébroplastie faite avec des ciments de viscosité faible ou moyenne.

Les études ayant comparé vertébroplastie et kyphoplastie par ballonnet suggèrent que cette dernière comporte moins de risque de fuites. Enfin, l’utilisation de ciments très visqueux est recommandée par certains pour diminuer ce risque de fuite[5].

 

Conclusion

La kyphoplastie fait partie des techniques de traitement des fractures vertébrales souvent causée par l’ostéoporose.

L’ostéoporose doit être prise en charge en premier ; Pour Le traitement conventionnel du tassement vertébral ostéoporotique repose sur des antalgiques associés ou non à un corset.

Une période d’alitement à la phase aigüe peut être nécessaire suivie de mobilisation précoce avec kinésithérapie.

Une prise en charge globale de l’ostéoporose par le rhumatologue ou le médecin généraliste doit y être systématiquement associée. Nous avons moins des complications dans les cimentoplasties vertébrales qui s’expliquent sur l’injection de basse pression du ciment dans une cavité préformée au cours des kyphoplasties.

 

Ressources

[1] Clinique Orthopédique Gelenk-Klinik ; ISO 9001:2008 2008 qualité certifiée

[2] IDEM

[3] P. PRIES ; Cyphoplastie et vertébroplastie ; Elsevier Masson SAS ; 2013 ; P 221-234

[4] Lindsay R, Silverman SL, Cooper C, et al. Risk of new vertebral fracture in the year following
a fracture. JAMA. 2001;285(3):320-3

[5] Bull. Acad. Natle Méd., 2017, 201, nos 1-2-3, 395, séance du 28 février 2017

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