Luxation cervicale : Diagnostic et traitement (Est-ce grave?)

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille

La luxation cervicale fait partie des lésions traumatiques fréquentes de la colonne vertébrale. Mais de quoi s’agit-il vraiment ? Cet article va vous permettre d’en savoir plus notamment sa définition, ses causes, les symptômes d’une luxation cervicale, le diagnostic ainsi que les traitements possibles.

Définition de la luxation cervicale

Pour mieux comprendre et définir la luxation cervicale, voyons quelques notions sur l’anatomie du rachis cervical.

Le rachis cervical est la partie de la colonne vertébrale qui se trouve au niveau du cou. Il se compose de sept vertèbres. Les mouvements relatifs entre ces vertèbres s’effectuent principalement au niveau de petites articulations (appelées articulations facettaires) entre deux vertèbres.

Les articulations facettaires facilitent les mouvements du cou. Ils sont susceptibles de se luxer. Cela peut entrainer une perte de fonction notable (allant jusqu’à la paralysie). Une intervention chirurgicale est généralement nécessaire pour soigner ces blessures graves afin de garder les vertèbres en place.

La luxation cervicale fait partie des lésions traumatiques du rachis cervical. Il s’agit du déplacement d’une vertèbre accompagné d’une rupture des ligaments. Elle peut engager le pronostic vital et fonctionnel du patient.

Note : Il ne faut pas confondre la luxation cervicale avec la vertèbre déplacée. En effet, la luxation provient d’une atteinte traumatique, alors que la vertèbre « subluxée » ou « désalignée » est souvent difficile à prouver. Pour en savoir plus sur le mythe de la vertèbre déplacée, consultez l’article suivant.

Quelles sont les causes de la luxation cervicale ?

Les luxations de facettes cervicales apparaissent habituellement à la suite de chocs à haute intensité tels que :

  • les accidents de la voie publique (souvent dans un contexte de polytraumatisme) ;
  • les chutes d’un lieu élevé ;
  • les sports à risque (équitation par exemple) ;
  • les agressions violentes…

Dans la moitié des cas environ, les luxations facettaires s’accompagnent d’une atteinte de la moelle épinière qui passe à l’intérieur de la colonne vertébrale. Ce sont des lésions graves ; elles s’associent souvent de lésions neurologiques (comme la tétraplégie).

Le mécanisme lésionnel est une hyperflexion avec une distraction postérieure (choc frontal avec décélération brutale). Le plus souvent, ce phénomène se rencontre lors du mécanisme « coup du lapin » (par exemple, lors d’un accident de voiture).

 L’hyperflexion induit une force de traction sur les structures postérieures et une force de compression sur la partie antérieure du rachis (corps vertébraux et disques). Les lésions provoquées concernent essentiellement le segment mobile rachidien.

Ses conséquences peuvent être multiples telles que des troubles neurologiques : une paraplégie ou une tétraplégie dans le cas d’une luxation en dessous de la 4e vertèbre cervicale.

Quels sont les symptômes de la luxation cervicale ?

Cliniquement, la luxation des vertèbres cervicales se manifeste par :

  • une douleur rachidienne (une cervicalgie),
  • une contracture musculaire douloureuse,
  • une impotence fonctionnelle du cou…

À l’examen clinique, on retrouve une douleur spontanée et déclenchée à la palpation du rachis cervical avec un décalage inter épineux antéro-postérieur en marche d’escalier.

L’existence d’un déficit neurologique moteur ou sensitif du membre supérieur et inférieur (sans lésion des paires crâniennes) témoigne d’une lésion instable. Il dépend du niveau vertébral atteint. On peut retrouver par exemple :

  • une lésion médullaire complète : absence de motricité, sensibilité, aréflexie en dessous du niveau lésionnel (tétraplégie) ;
  • ou incomplète : persistance d’un territoire neurologique fonctionnel en dessous de la lésion. L’examen neurologique est parfois normal, mais les mouvements volontaires s’accompagnent régulièrement de douleurs.

Lorsque le choc se produit, il est possible que le patient ressente un craquement qui témoigne de la déchirure ligamentaire. Il peut également éprouver diverses sensations comme des fourmillements, des décharges électriques, une perte de sensibilité (paresthésie), des difficultés à bouger son cou, ses doigts ou ses orteils (une faiblesse musculaire voire une paralysie).

Diagnostic de la luxation cervicale

L’interrogatoire et l’examen clinique

Ils permettent de préciser :

  • l’horaire et les circonstances de l’accident, le délai de prise en charge, le mécanisme lésionnel (le port de la ceinture de sécurité est important) ;
  • les renseignements d’État civil (âge, genre…) ;
  • les antécédents médicochirurgicaux, traitement habituel (anticoagulants…) ;
  • les signes fonctionnels : douleurs rachidiennes, torticolis, gêne respiratoire, faiblesse des membres inférieurs, rétention aiguë d’urines, priapisme (érection prolongée du pénis)…

L’examen physique

Examen général

Il est indispensable pour éliminer une urgence vitale (contexte de polytraumatisme).

Examen du rachis

Il vise à détecter un syndrome rachidien (douleur localisée, raideur segmentaire).

À l’inspection, le médecin cherche la présence d’une ecchymose et d’une déformation localisée (saillie d’une épineuse, cyphose). Ensuite, il passe à la palpation des épineuses afin de trouver un point douloureux. Il palpe aussi les muscles paravertébraux à la recherche d’une contracture irréductible.

Examen neurologique (important)

Très important, l’examen neurologique est consigné et répété au cours du temps.

L’examen neurologique est nécessaire pour :

  • rechercher un syndrome radiculaire (compression). Il permet le diagnostic clinique du niveau lésionnel ;
  • rechercher une complication médullaire : commotion médullaire, contusion médullaire secondaire à une compression.

Devant un patient présentant une paraplégie ou une tétraplégie post-traumatique, il faut toujours suspecter une section médullaire.

Pour connaître la procédure reliée à l’examen neurologique, consultez l’article suivant.

Examen radiologique

Radiographie du rachis cervical

La radiographie du rachis cervical est un bilan de première intention dans le cadre d’une luxation cervicale.

Elle comprend :

  • un cliché de face bouche ouverte : analyse de C2 ;
  • un cliché de profil centré sur C1 et C2 ;
  • des clichés d’ensemble du rachis cervical face et profil : bras tirés vers le bas pour bien dégager C7, patient assis ;
  • des clichés de ¾ droit et gauche : analyse des foramens intervertébraux et des processus articulaires ;

Tomodensitométrie (scanner) du rachis

Elle permet de détecter les anomalies surtout en cas d’apophyse transverse ce qui entraine une mauvaise visibilité des vertébrés (C6, C7, T1 surtout). On la réalise systématiquement devant toute fracture avec atteinte du segment vertébral moyen.

Le diagnostic est positif s’il permet de bien visualiser dans le plan axial le diamètre réel du canal vertébral, l’intégrité du mur vertébral postérieur, les lésions de l’arc postérieur et le disque.

La tomodensitométrie est indispensable si on prévoit un acte chirurgical.

IRM du rachis

Le médecin l’indique généralement en cas d’atteinte neurologique.

Le diagnostic repose sur la recherche d’une lésion du segment mobile rachidien ou d’un élément compressif (fragment osseux, disque intervertébral, hématome). L’étude de la stabilité de l’appareil disco-ligamentaire ainsi que le bilan des lésions associées sont également importants.

Traitements de la luxation cervicale

Les traitements de la luxation cervicale ont tous pour buts de :

  • réduire les déformations ;
  • décompresser les nerfs ;
  • stabiliser le rachis ;
  • prendre en charge des séquelles neurologiques.

Selon la gravité de la maladie, il existe plusieurs types de traitements auxquels les patients peuvent recourir.

Moyens thérapeutiques orthopédiques

La réduction

C’est souvent une solution d’urgence en attendant une stabilisation chirurgicale. Il s’agit d’une urgence thérapeutique en cas de compression neurologique ou déformation. Elle doit se faire dans tous les cas sur un malade conscient et réveillé sous myorelaxant. Elle peut être : manuelle ou instrumentale (réduction instrumentale par étier de GARDENER).

L’immobilisation du rachis

L’immobilisation du rachis s’effectue par la pose d’un collier cervical ou minerve cervicale (en cas de lésions cervicales instables, mais sans déplacement).

Pour les lésions cervicales qui sont à la fois instables et déplacées, le plus adapté est la traction cervicale avec étrier crânien. Cette forme d’immobilisation ne doit cependant être conduite qu’à la suite d’une réduction par une ostéosynthèse chirurgicale ou une contention par minerve.

Moyens thérapeutiques chirurgicaux

Le traitement chirurgical permet :

  • la réduction ;
  • la décompression neurologique ;
  • la reconstruction et la stabilisation par arthrodèse cervicale.

Les indications d’un traitement chirurgical sont :

  • les signes de compression médullaire ou affection mono-radiculaire ne cédant pas après une réduction ;
  • les lésions instables ;
  • les troubles statiques importants ou risques d’évolution vers des troubles statiques importants ;
  • la sténose canalaire majeure ;
  • les signes neurologiques…

On distingue principalement deux étapes chirurgicales : réduction et fixation.

La réduction

Elle vise à ramener un os ou une articulation blessée ou luxée dans sa position anatomique normale.

La fixation

La fixation désigne l’acte médical visant à stabiliser une ou plusieurs articulations ou un os fracturé. Elle se fait le plus souvent par des dispositifs tels que des fils, des vis, des plaques et des broches insérés au cours d’une opération chirurgicale.

La fixation de la lésion est généralement réalisée selon un abord chirurgical antérieur ou postérieur.

Dans l’abord cervical antérieur, on incise l’avant du cou.

En revanche, avec l’abord cervical postérieur, le chirurgien passe par une incision sur l’axe médian dans la partie arrière du cou et à travers les muscles, jusqu’aux vertèbres cervicales. Cet abord donne un accès direct aux facettes articulaires luxées.

Prise en charge des séquelles neurologiques

Pour prévenir les complications cutanées (escarres cutanées aux zones d’appui), il est préférable d’opter pour :

  • un matelas anti-escarres (jamais suffisants à eux seuls) ;
  • un changement de position toutes les 3 heures ;
  • des soins de propreté et massages doux des zones d’appui.

Afin de prévenir des complications thromboemboliques, phlébites et embolies pulmonaires : les traitements anticoagulants, la surélévation et le changement de position des membres inférieurs sont nécessaires.

Pour éviter les complications orthopédiques, il faut :

  • changer régulièrement de position ;
  • mobiliser quotidiennement les articulations paralysées ;
  • prendre en charge psychologiquement le malade.

Sources

https://www.sba-medecine.com/t5576-orthopediekb-ikb-orthopedie-traumatologie-derniere-edition-pdf-gratuit

https://www.unilim.fr/campus-neurochirurgie/IMG/pdf/0100302TrduRachis.pdf

https://www.sfmu.org/upload/70_formation/02_eformation/02_congres/Urgences/urgences2014/donnees/pdf/008.pdf

https://www.radeos.org/maladie/fiche-luxation-du-rachis-cervical_1395.html

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