Torticolis : Nuque bloquée, que faire ? (conseils pratiques)

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Le torticolis est une cause fréquente de cervicalgies, c’est-à-dire de douleurs au niveau du cou. Il est généralement dû à une contracture ou un spasme d’un ou plusieurs muscles de la région cervicale. Il peut également être d’origine cutanée, osseuse ou articulaire.

Le torticolis évolue le plus souvent vers la guérison spontanée. Parfois, un traitement médicamenteux s’imposera devant la persistance ou l’intensité des symptômes.

Bien qu’il soit bénin et passager dans la grande majorité des cas, le torticolis peut se révéler très douloureux et fortement handicapant. Heureusement, des mesures simples peuvent le soulager efficacement et prévenir sa récidive.

Qu’est-ce qu’un torticolis ?

Le torticolis, du latin « collum distorsum » signifiant « cou tordu », est une difformité caractérisée par une inclinaison involontaire et permanente, congénitale ou acquise, de la tête et du cou.

L’inclinaison de la tête et du cou peut se faire dans divers sens : en arrière, en avant ou latéralement, d’où les dénominations : torticolis postérieur, antérieur ou latéral, le torticolis latéral étant la variété la plus fréquente.

Le torticolis est une manifestation clinique commune à de nombreuses affections médicales ou chirurgicales. Son origine peut être cutanée, osseuse ou musculaire :

  • Cutanée : une rétraction de la peau et du tissu cellulaire sous-cutané, par exemple suite à une brûlure ou un abcès, peut se compliquer d’un torticolis dit cicatriciel.
  • Osseuse : dans de nombreux cas, le torticolis est la conséquence d’une lésion articulaire ou osseuse (vertébrale). Cette dernière est alors soit directement responsable du torticolis en occasionnant une déformation du rachis cervical, soit indirectement en provoquant des contractures musculaires réflexes douloureuses responsables d’attitudes vicieuses de la tête.
  • Musculaire : le cou est constitué de nombreux muscles qui jouent un rôle primordial dans l’équilibre de la tête grâce à leur tonicité, et dans sa mobilité en assurant des mouvements dans les différents plans de l’espace. Cet équilibre peut être rompu par la survenue de contractures, de spasmes, de rétractions ou de paralysies.

D’un point de vue chirurgical, le torticolis par rétraction musculaire, généralement congénital, est le plus fréquent. Cependant, la cause la plus commune de cette difformité du cou, celle que la grande majorité d’entre nous connaîtra un jour ou l’autre de sa vie, est le torticolis par spasme musculaire.

Celui-ci se traduit par l’apparition brutale de douleurs plus ou moins intenses au niveau du cou et par une limitation des mouvements de la tête dans certains plans de l’espace (selon le muscle touché). On a la sensation que notre nuque est littéralement bloquée !

Ce type de torticolis est généralement bénin et très rapidement résolutif de manière spontanée. Il n’en demeure pas moins qu’il est fortement handicapant.

Quelles sont les causes du torticolis ?

Les causes de torticolis sont nombreuses. On distingue principalement les torticolis congénitaux et les torticolis chroniques :

Torticolis congénitaux

Le torticolis congénital est une difformité du cou constaté à la naissance lors des premiers examens cliniques du bébé. D’après les données de la littérature, cette affection touche plus souvent les garçons que les filles, concerne généralement le côté droit du cou, est très fréquemment héréditaire et s’associe souvent à d’autres malformations congénitales telles que la fente labio-palatine (bec de lièvre), le pied bot, la LCH (luxation congénitale de la hanche) …

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Afin d’expliquer la genèse du torticolis congénital, de multiples théories ont été émises par les scientifiques. En voici les principales :

  1. Mauvaise position du cou du fœtus en intra-utérin : par exemple à cause d’un oligoamnios (réduction de la quantité du liquide amniotique, qui est le liquide dans lequel baigne le fœtus), des malformations de l’utérus, des adhérences qui maintiennent la tête du fœtus dans une mauvaise position contre la paroi de l’utérus… En gros, le bébé étant à l’étroit dans le ventre de la future maman, tout son corps est sous pression et son cou se tord.
  2. Lésions musculaires ou nerveuses durant le développement intra-utérin : pouvant être d’origine inflammatoire ou secondaires à des anomalies du développement fœtal.
  3. Asymétrie du développement de la face lors de la vie fœtale : l’un des côtés arrête de se développer, ce qui crée des tensions musculaires au niveau du cou.
  4. Lésions traumatiques du muscle sterno-cléido-mastoïdien lors de l’accouchement : surtout en cas d’accouchement difficile par voie basse, notamment dans les présentations sièges (théorie contestée par de nombreux auteurs).

Pour en savoir plus sur le torticolis congénital, consultez l’article suivant.

Torticolis acquis

Comme mentionné plus haut, le torticolis peut avoir plusieurs origines : cutanée, osseuse et articulaire, musculaire, etc. Nous détaillerons dans cette partie les causes du torticolis musculaire « commun ».

Le torticolis musculaire est causé par un spasme ou contraction involontaire unilatérale (généralement) d’un ou plusieurs des muscles du cou (les plus touchés étant le trapèze et le sterno-cléido-mastoïdien).

Cette contracture musculaire réflexe s’installe sous l’influence de diverses causes :

  • Sommeil dans une mauvaise position (surtout la position ventrale).
  • Mauvaise posture au travail (surtout le travail de bureau).
  • Exposition au froid ou refroidissement.
  • Mouvement brutal ou traumatisme du cou.
  • Surmenage physique.
  • Surmenage intellectuel.
  • Irritation locale réflexe.
  • Lésion d’un des organes au voisinage d’un muscle du cou (adénite cervicale, atteinte de la glande thyroïde, atteinte dentaire, atteinte de l’oreille, furoncle…).
  • Dépression et stress.
  • Émotions fortes (chagrin, peur…).
  • Ménopause.

De nombreuses autres causes de torticolis musculaire sont possibles telles que des infections (méningite, fièvre typhoïde…), des maladies rhumatismales, des maladies inflammatoires, certains médicaments, certaines tumeurs, etc. Un avis médical est toujours souhaité afin de faire la part des choses.

Quels sont les symptômes du torticolis ?

Les deux principaux symptômes du torticolis sont la douleur au niveau du cou, ou « cervicalgie », et le blocage des mouvements de la tête. Selon la variété du torticolis (postérieur, antérieur ou latéral), la douleur peut siéger en arrière, en avant ou sur le côté du cou. Quant au blocage, il se résume en une incapacité ou difficulté à mobiliser la tête de manière fluide et indolore.

Dans sa forme typique, le torticolis se caractérise par une inclinaison latérale du cou avec rotation de la tête de manière controlatérale.

Exemple : torticolis latéral droit = douleurs au côté droit, inclinaison du cou à droite (du même côté) et rotation de la tête vers la gauche (en controlatéral, c’est-à-dire vers le côté opposé à la lésion). 

D’autres symptômes peuvent se rencontrer :

  • Raideurs au cou.
  • Surélévation d’une épaule par rapport à l’autre (contracture du muscle trapèze).
  • Céphalées.
  • Douleurs au niveau de l’épaule.
  • Douleurs au niveau du bras (simples irradiations ou secondaires à une inflammation d’une racine nerveuse en lien avec une hernie discale ou une arthrose cervicale).
  • Dorsalgies (douleurs au niveau du dos).
  • Fièvre.
  • Douleurs articulaires ailleurs (localisation autre que le cou).

Comment se pose le diagnostic de torticolis ?

Le diagnostic est facile lorsqu’il s’agit d’un torticolis typique. En effet, l’interrogatoire du médecin complété par un examen physique minutieux suffit à évoquer fortement le diagnostic de torticolis.

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L’interrogatoire du médecin précisera les caractéristiques des cervicalgies (les antécédents médicaux, notamment ceux concernant la région cervico-faciale, le mode et les circonstances de survenue, évolution dans le temps de manière aiguë ou chronique, la localisation précise de la douleur et ses éventuelles irradiations, les symptômes associés…).

Dans un deuxième temps, ou parallèlement à l’interrogatoire, l’examen physique objectivera des douleurs à la mobilisation passive et active de la tête, des rigidités au niveau des muscles du cou et une limitation des mouvements.

Lorsque le médecin conclut qu’il s’agit d’un torticolis typique aigu et bénin, aucun examen complémentaire ne sera nécessaire.

Dans certains cas, devant le caractère atypique des symptômes, des examens complémentaires peuvent être prescrits par le médecin. Il pourra alors demander une radiographie, une tomodensitométrie (scanner), une IRM, un bilan biologique, etc. Cela afin de mettre en évidence certaines anomalies osseuses, musculaires ou autres lésions pouvant expliquer la symptomatologie.

Quand consulter ?

Dans les cas typiques, la survenue d’un torticolis ne nécessite pas forcément une consultation médicale. C’est une affection bénigne qui, dans la grande majorité des cas, guérit spontanément en quelques heures à quelques jours.

Toutefois, il existe certaines circonstances qui imposent une consultation médicale :

  • Persistance des cervicalgies (plusieurs jours ou semaines).
  • Irradiation des douleurs au bras.
  • Sensation de brûlure ou de fourmillements au niveau du bras.
  • Récidives fréquentes (le torticolis revient plusieurs fois dans le mois ou l’année).
  • Symptômes indiquant une infection (fièvre, courbatures, céphalées, photophobie…).
  • Torticolis du bébé ou de l’enfant.
  • Douleurs associées à des signes de choc (pâleur, sueurs, froideur des extrémités, bourdonnement d’oreilles, cyanose, vertiges, angoisse, troubles de la conscience, palpitations…).

Quel est le traitement du torticolis ?

Le torticolis ne nécessite aucun traitement. Il guérit spontanément en quelques heures à quelques jours. Le temps est donc le principal traitement de cette affection bénigne.

En attendant la guérison spontanée, il existe certaines mesures thérapeutiques à mettre en place afin de soulager la douleur :

  1. Médicament antalgique simple (paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’ibuprofène ou le kétoprofène).
  2. Médicament myorelaxant (qui permet un relâchement musculaire et une réduction des tensions douloureuses).
  3. Application de chaleur (bouillottes ou patchs chauffants).
  4. Port temporaire d’un collier cervical en mousse (minerve) pour soutenir la tête et limiter les mouvements douloureux. Demandez conseil auprès d’un professionnel de santé au préalable.
  5. Séances de massage, d’étirements doux et/ou d’exercices thérapeutiques chez un professionnel tel qu’un kinésithérapeute, un chiropracteur ou un ostéopathe. Il est également possible de réaliser des automassages afin de soulager la douleur.

Attention, l’immobilisation totale du cou est déconseillée lors d’un torticolis. Il faut garder une certaine mobilité, même minime, afin de ne pas retarder la guérison.

Dans tous les cas, et particulièrement lors de certaines circonstances (citées plus haut dans l’article), il sera nécessaire d’avoir un avis de son médecin traitant ou d’un autre professionnel de la santé afin de ne pas passer à côté d’une pathologie potentiellement sévère pouvant mimer le tableau clinique du torticolis bénin.

Comment dormir avec un torticolis ?

Dormir en ayant un torticolis n’est pas une mince affaire ! Les douleurs étant fréquemment très intenses, il est très difficile d’obtenir une position qui permette de les soulager pour enfin se reposer.

Heureusement, il existe certaines astuces :

  1. Avant de dormir : prendre un antalgique pour soulager la douleur et favoriser l’endormissement. Il est également bénéfique de réaliser des automassages de la région cervicale à l’aide d’une huile de massage afin de réduire les tensions musculaires et les douleurs.
  2. Dormir sur le côté : le décubitus latéral est une position adaptée au sommeil, car elle respecte l’alignement naturel de la colonne vertébrale (respect de ses courbures physiologiques). Il faut juste placer un oreiller assez épais pour combler l’espace entre la tête et le plan du lit afin de maintenir le rachis cervical bien aligné avec le reste de la colonne vertébrale. Cela pour faire en sorte d’obtenir un relâchement de tous les muscles du rachis, et donc moins de douleurs.
  3. Dormir sur le dos : le décubitus dorsal est également une très bonne position pour le sommeil. Elle assure un relâchement musculaire de tout le corps pour un repos optimal. Pour cette position, un oreiller fin au niveau de la nuque suffit pour assurer un bon alignement des vertèbres.
  4. Éviter de dormir sur le ventre : la position ventrale ne respecte pas les courbures physiologiques et l’alignement de la colonne vertébrale. Elle favorise donc les déformations du rachis et l’apparition de tensions douloureuses, notamment au niveau cervical.
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Pour bénéficier d’un oreiller orthopédique mémoire de forme idéal en présence de torticolis, consultez l’article suivant.

Comment prévenir le torticolis ?

Pour prévenir l’installation d’un torticolis ou ses récidives, il suffit d’adopter les bonnes habitudes au quotidien :

  • Maintenir une bonne posture en toute circonstance : debout, assis, allongé, au boulot, chez soi, devant l’écran…
  • Avoir une literie adaptée : matelas orthopédique, oreillers adaptés à la position du sommeil (épais pour la position sur le côté, fin pour la position sur le dos).
  • Dormir dans la bonne position : éviter de dormir sur le ventre, surtout en présence de raideurs cervicales chroniques. L’alignement de la colonne vertébrale n’est pas optimiser dans ces circonstances, ce qui favorise l’apparition de pathologies du rachis cervico-dorsal et des tensions musculaires.
  • Bien se couvrir : il faut se protéger du froid (notamment en portant un foulard ou une écharpe autour du cou), car il représente l’une des causes fréquentes de torticolis aigu.
  • Pratiquer une activité physique régulière : le renforcement et les étirements doux des muscles du cou permettent de prévenir diverses pathologies musculo-squelettiques, dont le torticolis.
  • Réduire le stress : le stress est l’un des facteurs favorisants du torticolis.

Références

[1]      P. Peyrou et D. Moulies, « Le torticolis de l’enfant : démarche diagnostique », Arch. Pédiatrie, vol. 14, no 10, p. 1264‑1270, 2007.

[2]       N. Lutz et P. Y. Zambelli, « Torticolis », Vade-Mecum Pédiatrie, p. 344‑347, 2014.

[3]       P. Redard, « Le torticolis et son traitement ». Carré et Naud, 1898.

[4]       P. Pitron, « Les torticolis », Cah. Bioth, p. 41‑44, 2002.

[5]       M. François, « Que faire devant un torticolis? », Arch Pediatr, vol. 20, p. 22‑3, 2013.

[6]       P. Wicart, « Torticolis congénital », Arch. Pédiatrie, vol. 19, no 3, p. 335‑339, 2012.

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