J’ai mal partout: Est-ce une fibromyalgie?

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Si l’expression « La douleur ne disparaît jamais même avec le temps, mais on apprend juste à vivre avec » devait illustrer une maladie, elle correspondait probablement à la fibromyalgie. En effet, la fibromyalgie, ou syndrome polyalgique idiopathique diffus (SIPD), est considérée comme un syndrome douloureux chronique.

Longtemps incomprise, cette maladie entretient encore de nos jours beaucoup de conflits quant aux symptômes réels ainsi qu’au traitement de ces derniers (1). 

L’objectif de cet article est d’aborder cette pathologie sous un angle thérapeutique et scientifique. Ainsi, nous débuterons par une explication brève de cette pathologie avant d’en aborder son diagnostic et son traitement selon les dernières avancées scientifiques.

Que vous soyez professionnel, patient ou juste un simple curieux, cet article devrait répondre à de nombreuses questions !

La pathologie (introduction à la pathologie)

 

 

Prévalence de cette pathologie

 

La fibromyalgie, pathologie rhumatismale, touche 2 à 4% de la population générale et représente 14% des patients atteints de pathologies rhumatismales (avec dans cette catégorie le psoriasis, la polyarthrite rhumatoïde, etc…) Parmi les maladies avec douleurs chroniques, la fibromyalgie est la deuxième la plus prévalente (prévalente = fréquemment rencontrée) (2). En France, 1,4% de la population en souffrirait ! Cela représente environ 680 000 personnes (3) !!

 

Parmi les patients porteurs de cette maladie, il existerait une nette prédominance chez les femmes puisqu’elles représentent 80% des patients touchés et l’âge serait un facteur déterminant puisque le pic de déclenchement de la maladie se situe entre 40 et 50 ans (1).

 

Impact de cette pathologie chez les patients

 

Si cette pathologie reste peu fréquente, il ne faut surtout pas sous-estimer son impact. Généralement, les patients présentent une souffrance et une diminution des capacités fonctionnelles (pour réaliser les activités du quotidien) pouvant empiéter sur la vie professionnelle mais aussi sociale de la personne. La qualité de vie du sujet se voit donc diminuée. Un autre point important est l’évolution de cette maladie. En effet, à long terme, elle évolue peu : 4 ans après le diagnostic, 97% des personnes sont toujours considérés comme fibromyalgiques et pour 60% d’entre eux, l’état s’est aggravé.

Ainsi, on voit que l’évolution de cette pathologie n’est pas à prendre à la légère, mais, le diagnostic non plus ! Effectivement, des études ont pu montrer que la multiplicité des symptômes, en opposition à un examen clinique fiable entraine une errance médicale du patient qui peut parfois attendre jusqu’à 2 ans avant qu’un diagnostic fiable ne lui soit proposé !

Aussi, nous noterons que d’autres affections sont fréquemment rencontrées comme des troubles de type psychiatriques, neurologiques, du surpoids ou de la dépression (qui elle est présente chez 20 à 30% des patients). La composante psycho-affective est donc importante (4).

Point Important

 

Finalement, un point important à comprendre pour le patient, le thérapeute et l’entourage du patient est que dans cette pathologie, les patients se retrouvent dans une position où leurs corps leur semble inconnu avec des sensations n’ayant pas toujours un sens particulier : douleurs, fatigue, etc…

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Le manque de régularité des symptômes peut entrainer des surcharges d’activité un jour qu’ils paieront de manière quasi systématique le lendemain par une augmentation symptomatique.

 

Ainsi, le quotidien des personnes devient plus ou moins imprévisible et se voit régulé par les symptômes. La continuité entre le corps, l’esprit et la société semble rompu pour le patient (5).

 

Ainsi, on comprend donc que cette pathologie complexe et mettant en lien le coté psychique et somatique doit pouvoir être diagnostiquée de manière fiable afin d’être traitée précocement et efficacement !

 
 

Le Diagnostic

Que présente le patient ?

 

Généralement, le patient réalise le diagnostic auprès de son médecin (bien que parfois, le kinésithérapeute étant plus fréquemment rencontré que le médecin, c’est lui qui peut s’en rendre compte pour la première fois).

 

Ainsi, le patient présente habituellement la triade symptomatique suivante : douleurs (chroniques et diffuses avec une durée supérieures à 3 mois), fatigue générale, troubles du sommeil. À ce trinôme peut venir se greffer d’autres symptômes comme les troubles de l’humeur, des troubles cognitifs, digestifs, ORL ou même urogynécologique (1)

 

Étayons désormais la triade symptomatique :

  • Les douleurs : elles apparaissent généralement de forme insidieuse (c’est à dire de forme bénigne et cachant la gravité réelle) mais aussi de manière brutales après un accident par exemple. L’effort aggrave la douleur avec parfois une hyperalgésie (la douleur est augmentée pour un même stimulus) ou une allodynie (de la douleur est ressentie pour un stimulus normalement non douloureux). Il semble aussi intéressant de noter que les premiers lieux de douleurs frequemment rapportés sont : les douleurs lombaires, les migraines et les douleurs de tête (6).

 

  • La fatigue : Apparaissant dans 90% des cas, elle limite les activités quotidiennes et est influencée par le stress subie par le patient.

 

  • Les troubles du sommeil : on définit ces troubles comme un sommeil non récupérateur avec des réveils intempestifs pouvant s’accompagné d’un syndrome des jambes sans repos ou d’apnées du sommeil.

 

Pour le thérapeute, Le diagnostic de fibromyalgie est hautement probable lorsque l’anamnèse présente un sujet féminin avec des douleurs supérieures à 3 mois, des troubles du sommeil, une fatigue générale, des troubles cognitifs, des plaintes sensorielles ou viscérales, une correspondance aux critères de l’American College of Reumatology ou du FiRST et lorsque l’examen clinique et biologique sont normaux (1).

 

Comment évaluer un patient ?

 

Afin que le thérapeute puisse réaliser un diagnostic et une évaluation de qualité, il devra évaluer toutes les dimensions de la pathologie et de son patient. Afin de l’aider, de nombreux outils pourront être utilisés ! Nous allons énumérer ces outils sans les décrire et en tenant compte qu’il ne s’agit pas d’une liste exhaustive.

  • -La sévérité de la fibromyalgie : évaluation de la triade symptomatique et du retentissement de la maladie sur la vie quotidienne du patient. Le thérapeute pourra se servir du questionnaire suivant: le FIQ(ou Fibromyalgie Impact Questionnaire).

 

  • -Condition physique générale : il faut évaluer les activités physiques de la personne, les modalités de réalisation et les effets de cette activité sur les symptômes. Certains auteurs proposent aussi la réalisation d’une épreuve d’effort !
  • -Les troubles du sommeil : la qualité du sommeil sera un point important ! Si l’une des meilleures évaluations reste la polysomnographie, il n’est pas toujours possible d’y accéder ! Ainsi, quelques questionnaires permettent d’évaluer le sommeil comme le Pittsburg Sleep Quality Index ou la somnolence comme l’échelle de somnolence d’Epworth.
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  • -La motivation du patient : l’évaluation de la motivation à travers les étapes de maturation décisionnelle de Prochaska permettra au thérapeute de guider au mieux possible le patient.

J’ai mal au dos, est-ce une fibromyalgie ?

 

Si vous même ou un de vos patients possède des douleurs de dos et notamment lombaire, ce n’est pas forcément associé à une fibromyalgie. En effet, quelques études se sont penchés sur ces deux phénomènes. Et même si les douleurs lombaires se présentent de manière précoce chez de nombreux patients fibromyalgiques(6), ces douleurs ont pour caractéristique une hyperalgésie liée aux stimulus mécaniques (au toucher ou en mouvement) mais aussi à la chaleur (chose que l’on ne retrouve pas fréquemment chez les lombalgiques purs) (7). De plus, en cas de doute, la réalisation d’un FIRST peut éliminer tout doute rapidement.

 

 

 

Traitement

 

Traitement médical ou kinésithérapique (en physiothérapie) ?

 

Concernant le traitement médical, les douleurs sévères pourront être traitées par des médicaments: Duloxetine, Pregabaline, Tramadol (avec du Paracétamol). Les  troubles sévères du sommeil, quant à eux, seront traités par de l’Amitriptyline, du Cyclobenzaprine ou de la Prégabaline (8). S’il ne relève pas du champ des kinésithérapeutes (physiothérapeutes), le traitement médical n’en reste pas moins important et est complémentaire à notre pratique.

 

Traitement kinésithérapique, que proposer ?

 

Si de nombreuses thérapies pourraient être proposées à nos patients, elles ne sont que peu à avoir fait l’objet d’études de qualité et à avoir bénéficié d’une reconnaissance scientifique. Parmi celles-ci on retrouve :

  • L’activité physique : Pierre angulaire du traitement, elle peut être mise en place sous forme d’activité aérobie (ou d’endurance) ou de renforcement musculaire. L’intensité doit être modérée mais suffisante en durée et en fréquence. Une bonne modalité serait la pratique d’exercice au Seuil Ventilatoire 1 (ce qui correspond à un petit footing où l’on commence à avoir du mal à discuter avec son voisin). La combinaison d’exercices d’aérobie, de renforcement et des étirements (ou de relaxation) serait une bonne idée selon plusieurs études (2)
  • Les thérapies cognitives et comportementales : Ces thérapies ont pour objectif d’identifier et de modifier les processus cognitifs et les comportements pouvant être nuisibles pour la douleur ou les limitations du patient. D’un point de vue cognitif, il peut être proposé au patient de renforcer le contrôle perçu de ses douleurs ou d’apprendre à se distraire de l’attention qu’il porte à la douleur par exemple. D’un point de vue comportemental, on peut proposer de l’exposition graduée en situation (9)

 

  • Autres moyens efficaces : acupuncture et électro acupuncture (8,10), méditation (8,11).

Et hormis ça?

 

Hormis les traitements proposés précédemment, quelques thérapies pourraient être appliquées malgré le manque d’évidence : on pense notamment à la thérapie manuelle avec le massage (et le relâchement myofascial en particulier), la prise en charge psychologique et l’éducation du patient (5,10,12,13). L’hydrothérapie reste un point controversé même si l’on reste tenté à le proposer.

 

À l’inverse, l’hypnothérapie, la chiropraxie, le biofeedback, les ultrasons et autres lasers ne semblent pas efficaces (8).

 
 
 
 
 
 
 

Dans quel l’objectif faire tout ça ?

 

Comme dit lors de l’introduction, la continuité entre le corps, l’esprit et la société semble rompu pour le patient. Ainsi, si notre objectif ne peut être la guérison complète du patient, l’ensemble des thérapies proposées doivent avoir pour objectif d’améliorer l’état et la qualité de vie du patient. Ceci lui permettra de retrouver une certaine continuité entre son corps, son esprit et la société.

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Pour plus d’informations ou en cas de doutes, n’hésitez pas à me contacter par mail (voir ci- dessous) ou directement sur Instagram !

 

Si vous désirez bénéficier d’une approche structurée, simplifiée et complète pour combattre vos maux de dos, une série de GUIDES EN LIGNE est mise à votre disposition. Peu importe votre condition, vous trouverez un guide qui répondra à vos besoins, et vous orientera vers le chemin de la guérison.

 

Références 

 

  • 1. Guinot M, Launois S. Fibromyalgie : physiopathologie et accompagnement thérapeutique. EMC – Kinésithérapie – Médecine Phys – Réadapt. 2014;
  • 2. Ángel García D, Martínez Nicolás I, Saturno Hernández PJ. “Clinical Approach to Fibromyalgia: Synthesis of Evidence-based Recommendations, a Systematic Review.” Reumatol Clínica Engl Ed. 2016 Mar;12(2):65–71.
  • 3. Bannwarth B, Blotman F, Branco J, Cerinic MM, Carbonell J, Martinez IF, et al. Prévalence de la Fibromyalgie en Europe. Rev Rhum. 2007 Nov;74(10–11):1105–6.
  • 4. Adam P, Le Tyrant A, Lejoyeux M. Approche psychosomatique des affectionsrhumatologiques. EMC – Appar Locomoteur. 2011 Jan;6(1):1–9.
  • 5. Mengshoel AM, Grape HE. Rethinking physiotherapy for patients withfibromyalgia – lessons learnt from qualitative studies. Phys Ther Rev. 2017 Nov 2;22(5–6):254–9.
  • 6. Santiago V, Raphael K. (337) Medical Comorbidities in a FibromyalgiaCommunity Sample. J Pain. 2019 Apr;20(4):S59.
  • 7. Blumenstiel K, Gerhardt A, Rolke R, Bieber C, Tesarz J, Friederich H-C, et al.Quantitative Sensory Testing Profiles in Chronic Back Pain Are Distinct From Those inFibromyalgia: Clin J Pain. 2011 Oct;27(8):682–90.
  • 8. Macfarlane GJ, Kronisch C, Dean LE, Atzeni F, Häuser W, Fluß E, et al. EULARrevised recommendations for the management of fibromyalgia. Ann Rheum Dis. 2017Feb;76(2):318–28.
  • 9. Maître J-H, Crouan A. Approches thérapeutiques de la douleur enkinésithérapie. Kinésithérapie Rev. 2017 Jun;17(186):56–70.
  • 10. Salazar AP de S, Stein C, Marchese RR, Plentz RDM, Pagnussat ADS. ElectricStimulation for Pain Relief in Patients with Fibromyalgia: A Systematic Review andMeta-analysis of Randomized Controlled Trials. Pain Physician. 2017;20(2):15–25.
  • 11. Wang C, Schmid CH, Rones R, Kalish R, Yinh J, Goldenberg DL, et al. A Randomized Trial of Tai Chi for Fibromyalgia. N Engl J Med. 2010 Aug 19;363(8):743–54.
  • 12. Person M. Décision kinésithérapique : Laurence. Fibromyalgie. KinésithérapieRev. 2015 Aug;15(164–165):14–9.
  • 13. Yuan SLK, Matsutani LA, Marques AP. Effectiveness of different styles ofmassage therapy in fibromyalgia: A systematic review and meta-analysis. Man Ther. 2015 Apr;20(2):257–64.

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