Fracture du bassin : Est-ce grave ? (Comment la soigner ?)

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille

Les fractures du bassin sont potentiellement graves. Elles sont associées à un taux de mortalité élevé entre 5 et 15 %, voire jusqu’à 50 %. Comme le bassin renferme plusieurs organes nobles (vasculaires, nerveux, digestifs, urinaires et génitaux), une lésion dans cette région peut provoquer des complications immédiates qui peuvent être mortelles. Dans cet article, on vous dit tout sur les fractures du bassin.

Définition et types de fracture du bassin

Le bassin est constitué de 3 structures osseuses : l’iliaque, le sacrum et le pubis. Il présente plusieurs articulations dédiées à la mobilité et à la station debout :

  • l’articulation de la hanche (l’articulation coxo-fémorale) ;
  • l’articulation sacro-iliaque ;
  • la symphyse pubienne.

Les fractures du bassin peuvent toucher chacun de ces os, avec des lésions plus ou moins complexes. Elles peuvent également toucher des vaisseaux, des racines nerveuses ou des organes à proximité.

Ce sont des fractures fréquentes avec une gravité variable. Celle-ci va des fractures parcellaires bénignes jusqu’aux formes majeures rompant la continuité de l’anneau pelvien. Pour ces formes, le taux de mortalité est très élevé. Les fractures de l’anneau pelvien représentent 1,5 % de l’ensemble des fractures ostéo-articulaires.

Les fractures du bassin sont classées en 3 grands types.

  • Les lésions stables avec respect des organes du petit bassin: ce sont des fractures de l’aile iliaque, de l’ischion, du sacrum ou du coccyx, sans retentissement sur la fonction des membres inférieurs et les capacités de marche.
  • Les lésions partiellement stables avec des rotations des segments fracturaires, mais avec le respect des organes du petit bassin.
  • Les lésions instables avec rupture complète de l’anneau pelvien, avec lésions des organes du petit bassin. On retrouve classiquement des lésions vasculaires, des lésions nerveuses (plexus lombaire et nerf sciatique), des lésions urinaires (ruptures de la vessie, lésion de l’urètre) et des lésions cutanées.
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Causes des fractures du bassin

La plupart des fractures de bassin surviennent suite à des traumatismes de haute énergie cinétique. Parmi ces traumatismes, il y a :

  • les accidents de la voie publique et de la circulation (contexte de polytraumatisme, dans près de 75 % des cas) ;
  • les accidents de travail qui se voient surtout chez les ouvriers du bâtiment le plus souvent suite à une chute d’un échafaudage ;
  • les accidents de sport comme chez les sauteurs alpinistes ;
  • les accidents de guerre dans des explosions de mines par exemple ;
  • les défenestrations dans un but de suicide ou par imprudence ;
  • les tremblements de terre ;
  • les éboulements causant des écrasements du bassin et des membres.

Les lésions sont le plus souvent sévères et déplacées. Elles apparaissent habituellement chez le sujet jeune, avec une prédominance masculine.

Les lésions simples, peu déplacées, concernent plutôt la population âgée, essentiellement féminine, suite à un traumatisme à basse énergie.

En dehors des traumatismes à haute énergie, il existe d’autres facteurs de risque à une fracture du bassin comme l’ostéoporose ou le cancer.

Symptômes des fractures du bassin

La plupart du temps, ce type de fracture est observée chez un sujet jeune victime d’un accident de la voie publique.

Le blessé se plaint d’une douleur intense au niveau de la région pelvienne. En fonction des os ou des articulations atteintes, la douleur peut se trouver au niveau du pubis, dans l’aine ou dans la fesse.

Concrètement, le praticien réveille la douleur de la région iliaque en mobilisant les articulations coxo-fémorales. Il la provoque aussi à la compression des ailes iliaques et à l’écartement des ailes iliaques.

On peut également retrouver des troubles de la marche, voire une incapacité complète à mobiliser les membres inférieurs ou à se déplacer.

Selon la gravité des lésions associées, le patient peut présenter :

  • des signes des blessures génito-urinaires et/ou gynécologiques : sang dans les urines (hématurie), anurie, saignements vaginaux, saignements au niveau du méat urétral, hématome scrotal ou périnéal ;
  • des signes de complications vasculaires: l’hématome rétropéritonéal qui se manifeste par un ballonnement abdominal ;
  • des signes de lésions intestinales: douleurs abdominales ou pelviennes, hémorragie rectale, perforation… ;
  • des lésions neurologiques: perte de la motricité et de la sensibilité des membres inférieurs, incontinence urinaire ou rétention urinaire…

Diagnostic des fractures du bassin

Le diagnostic d’une fracture du bassin repose initialement sur l’examen clinique. Cela consiste à examiner les articulations coxo-fémorales et à palper le bassin, à la recherche :

  • d’une asymétrie du bassin avec élévation d’une crête iliaque et un raccourcissement du membre inférieur ;
  • d’une rotation externe exagérée des deux membres inférieurs qui se voit dans les grandes disjonctions pubiennes ;
  • d’un ballonnement abdominal par un hématome rétropéritonéal.
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Un bilan d’imagerie se révèle souvent nécessaire pour confirmer le diagnostic. Il consiste tout d’abord à effectuer des radiographies de face et de trois-quarts (3/4) du bassin. Ces radiographies seront par la suite complétées par un scanner (éventuellement avec reconstruction 3D) afin de bien visualiser les traits de fracture et/ou les déplacements osseux possibles.

Selon le contexte, une imagerie par résonance magnétique (IRM) ou un angioscanner pourra préciser les lésions vasculaires ou cartilagineuses associées et évaluer l’état des tissus mous intra-articulaires.

Traitement des fractures du bassin

En fonction de la stabilité, de l’atteinte et de la localisation de la fracture, le traitement sera chirurgical ou fonctionnel. Il faut noter que les indications thérapeutiques reposent sur un bilan lésionnel précis.

Le but du traitement est de maintenir le pronostic vital du blessé. Le traitement lutte aussi contre les complications orthopédiques et viscérales provoquées par les fractures graves.

La kinésithérapie est vivement conseillée pour retrouver les fonctions de marche et la stabilité du membre inférieur.

Traitements orthopédiques

Les traitements orthopédiques peuvent varier en fonction de la gravité de la fracture.

  • Traitement fonctionnel : il consiste à mettre au repos le bassin fracturé. Ce traitement dure pendant 6 semaines. Il est indiqué en cas de fractures stables.
  • Suspension en hamac : le bassin est contenu dans un drap et soulevé au-dessus du lit. Cette position est maintenue pendant 6 semaines. Ce traitement est indiqué en cas de disjonction pubienne.
  • Traction trans-osseuse continue dans l’axe du membre : elle a pour but d’obtenir de façon progressive une réduction satisfaisante d’une fracture verticale. Elle dure pendant 4 à 6 semaines.

Temps de consolidation et durée d’immobilisation

Si la fracture est stable et non déplacée, un simple repos alité de 6 à 8 semaines suffit pour obtenir une bonne consolidation.

Rééducation

Dans tous les cas, une rééducation est nécessaire après la phase d’immobilisation initiale. Elle peut durer plusieurs mois. Elle est passive au début, mais sera active par la suite.

Son but est d’assouplir les articulations du membre inférieur (hanche, genou, cheville et pied) ainsi que les articulations du rachis lombaire. Elle vise également à éviter les complications de décubitus grâce au nursing et à la kinésithérapie.

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Chirurgie

En cas de déplacement ou de lésion instable, un traitement chirurgical est envisagé.

La plupart du temps, le traitement repose sur de l’ostéosynthèse. Il s’agit plus précisément d’un réassemblage des fragments d’un os fracturé au moyen de plaques métalliques et de vis. Selon le cas, le chirurgien peut utiliser un fixateur externe.

Complications

Les complications d’une fracture du bassin sont nombreuses.

  • Complications immédiates: lésion cutanée, nerveuse, vasculaire, intestinale, urinaire ou gynécologique.
  • Complications secondaires: phlébite, sepsis si le traitement a été chirurgical
  • Complications tardives: coxarthrose, raccourcissement du membre inférieur, complications obstétricales chez la femme, disjonctions de la symphyse pubienne pouvant engendrer des douleurs persistantes…

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Références

https://www.msdmanuals.com/fr/professional/blessures-empoisonnement/fractures/fracture-du-bassin

https://www.revmed.ch/view/578594/4584646/RMS_idPAS_D_ISBN_pu2008-46s_sa03_art03.pdf

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