Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille
La laminectomie, voilà un terme de plus en plus employé dans les discussions entre patient et médecins. Il s’agit en effet d’une intervention chirurgicale recommandée à certains patients souffrant de mal de dos.
Le médecin vous a peut-être diagnostiqué une condition cervicale ou lombaire nécessitant cette intervention chirurgicale. Qu’est-ce que la laminectomie ? Dans quels cas faut-il la considérer ? S’agit-il d’une opération sûre ? Comment se déroule la convalescence ?
Le présent article vise à vous éclaircir davantage à propos de la laminectomie, et vous servira de guide si jamais vous envisagez cette opération.
Définition de la laminectomie
La laminectomie est une intervention chirurgicale consistant à retirer une (ou plusieurs) lames vertébrales. Pour info, les lames vertébrales se retrouvent à l’arrière des vertèbres, et permettent notamment le passage de la moelle épinière à travers le canal rachidien, de même que la protection des racines nerveuses.
Parfois, il arrive que le canal rachidien soit retréci, ce qui cause une potentielle compression de la moelle épinière et l’irritation des racines nerveuses correspondantes. C’est dans cette mesure que la laminectomie, de par le retrait des lames vertébrales, permettra de réduire la compression nerveuse et élargir la taille du canal rachidien.
L’indication la plus fréquente de laminectomie est le canal lombaire étroit. Il s’agit d’une condition où la taille du canal rachidien se voit retrécie pour une raison ou une autre (nous verrons les causes plus bas). Cette opération permet alors d’élargir le canal lombaire, et ainsi réduire la compression nerveuse causant les symptômes de mal de dos et autres (engourdissements, picotements, faiblesse, sensation de choc électrique dans les jambes, etc.).
Comment le canal rachidien peut-il être rétréci ? L’arthrose vertébrale, la discopathie dégénérative, le spondylolisthésis, la hernie discale, voilà des causes fréquentes de canal lombaire étroit. Il est important de souligner qu’elles dépendent de chaque individu. Ce rétrécissement, ou « sténose » du canal rachidien se manifeste le plus souvent un mal de dos et des irradiations vers les jambes. Ces douleurs peuvent être accompagnés d’engourdissements, picotements, sensation de choc électrique, etc.
Lorsque ce mal est diagnostiqué, le médecin ne fait pas nécessairement recours à la laminectomie d’emblée. Il prescrit d’abord au patient un traitement médical conservateur incluant la prise d’antalgiques, d’anti-inflammatoires. Il réfère également en kinésithérapie (physiothérapie) ou ostéopathie pour une prise en charge. Ensuite, une infiltration est souvent proposée pour soulager les symptômes.
Par contre, si le mal est à un stade avancé et que les traitements conservateurs n’offrent aucun soulagement, l’intervention chirurgicale demeure l’ultime alternative pour élargir le diamètre du canal rachidien.
Soulignons toutefois que certaines situations requièrent une intervention médicale urgente. Ils surviennent généralement lorsque la moelle épinière ou la queue de cheval sont comprimées, et provoquent des symptômes tel que décrits dans cet article.
Autres types de chirurgie décompressives
Parmi les alternatives à la laminectomie, on compte :
- Laminoplastie
- Discectomie
- Corpectomie
- Foraminotomie
- Arthrodèse
- Flavectomie
Il est à noter que la technique chirurgicale optimale pour traiter la compression médullaire ou des racines nerveuses reste controversée. Une approche n’est pas forcément supérieure dans toutes les circonstances, et la meilleure option dépendra de facteurs anatomiques et symptomatiques spécifiques à chaque patient.
Comment se déroule l’opération ?
L’intervention vise essentiellement à lever la compression des éléments nerveux. Comme toute opération chirurgicale, sa réalisation se déroule en plusieurs étapes.
L’intervention se déroule sous anesthésie générale. Le patient est alors installé sur le ventre en appui sur des coussins. Une sonde urinaire est généralement mise en place dès le début de l’anesthésie. Le chirurgien réalise une incision dans la région région lombaire après un court examen radiologique. Ledit examen permet de repérer la partie du canal rachidien rétrécie, et de localiser l’emplacement précis de l’incision cutanée.
La taille de l’incision dépend de plusieurs facteurs, comme par exemple du nombre d’étages vertébraux à opérer, ou encore de la nécessité́ de fixer ou non les vertèbres. Une fois l’incision faite, le chirurgien écarte les masses musculaires du dos pour accéder au canal rachidien.
L’opération va consister à retirer les lames qui participent à comprimer les éléments nerveux responsables des symptômes. Néanmoins, dans certaines situations (comme une instabilité lombaire), une arthrodèse peut être réalisée. Elle permet une fixation des fragments osseux à l’aide de vis, de plaques, de clous ou de broches.
Une fois que les nerfs et la moelle épinière ne sont plus soumis à une pression quelconque, l’opération s’achève par la remise en place des muscles et la fermeture de l’incision.
Complications possibles d’une laminectomie
Comme toute intervention, la laminectomie a ses propres limites. En aucun cas, elle ne permet de restituer votre canal rachidien identiquement à son état d’origine. Le médecin ne peut vous garantir à 100% un résultat d’avance, même avec les techniques les plus fiables et les plus utilisées. Au nombre des complications possibles des suites d’une laminectomie, nous pouvons citer :
- L’échec de l’intervention réalisée, la désunion cicatricielle, le retard ou trouble de cicatrisation, la nécrose cutanée, la cicatrice disgracieuse ou douloureuse ;
- Un hématome peut survenir sur le trajet de l’intervention. Lorsque le volume de cet hématome est important, il peut causer une compression de la moelle épinière contenue dans le canal cervical :
- L’infection superficielle du site opératoire est possible, mais reste très rare. Grâce à des soins adaptés, elle peut être réglée ;
- La survenue d’une compression vasculaire, nerveuse ou oculaire ;
- La survenue d’une phlébite : des caillots sanguins peuvent se former au niveau des jambes. Il s’agit d’une complication habituelle après une chirurgie ;
- L’apparition d’une embolie pulmonaire lorsque les caillots sanguins formés au niveau des jambes se déplacent vers les poumons. Une conséquence directe de la phlébite ;
- La survenue d’une paralysie, d’une rupture ou défaillance d’implant ou de matériel d’ostéosynthèse, retard de consolidation, pseudarthrose.
Soyez quand même sans crainte, la majorité de ces complications guérissent (parfois avec des séquelles). D’autres à l’inverse requièrent un traitement approprié. Dans certains scénarios que l’on pourrait qualifier de pires, telles les infections profondes du site chirurgical, une nouvelle intervention chirurgicale est requise.
Convalescences suite à la laminectomie lombaire
Une fois l’opération canal lombaire étroit effectuée, vous serez d’abord gardé en hospitalisation quelques jours avant de rentrer à votre domicile. Comment se déroulent donc cette hospitalisation, et la convalescence des suites d’une laminectomie ?
Il est d’usage que le patient soit gardé en salle de réveil 1 à 3 heures après l’intervention chirurgicale où il bénéficie ainsi d’une surveillance étroite. À votre réveil (et ce jusqu’à plusieurs jours après l’opération), il est tout à fait normal de ressentir des douleurs au dos. Le médecin prescrira le plus souvent des médicaments pour vous aider à la contrôler.
Le jour de l’intervention, et votre première nuit, vous resterez couché(e). Vous pourrez adopter vos positions habituelles pour dormir, sauf si vous dormez normalement sur le ventre. Le personnel soignant veillera à vous aider notamment lors de vos petits besoins.
Dès le lendemain de l’intervention, vous pourrez espérer vous lever, et tenter quelques pas. Le kinésithérapeute ou des infirmières vous seront d’une grande aide dans ce processus. Au fur et à mesure des jours subséquents, vous retrouverez petit à petit votre autonomie. Vous pourrez dès lors vous déplacer dans les couloirs, prendre l’ascenseur puis l’escalier tout seul. Le kinésithérapeute sera cependant toujours là pour vous montrer les bons gestes.
Après l’hospitalisation qui dure en moyenne 3 à 5 jours, votre sortie sera possible. Si vous devez rentrer en voiture, il est recommandé d’éviter de vous allonger lors du trajet. Et pour cela, redressez le siège afin de vous tenir en position assise correcte. Pour les longues distances, privilégiez une ambulance pour vous ramener à votre domicile.
L’arrêt du travail des suites d’une laminectomie est obligatoire. La durée sera fonction de votre situation (métier, condition médicale, rééducation, etc.). L’arrêt du travail peut alors couvrir 6 à 12 semaines. 4 à 5 semaines après l’intervention¸ vous vous rendrez à l’hôpital pour un contrôle. Par ailleurs, le kinésithérapeute ou l’ergothérapeute vous épauleront dans votre retour à la vie normale (tâches à domicile, travail, activités sportives, etc.).
Conclusion
La laminectomie lombaire est utilisée pour traiter certaines conditions comme le canal lombaire étroit. Évidemment, un traitement conservateur devrait être établi au préalable, et l’opération doit demeurer l’ultime solution (sauf dans certains cas exceptionnels).
Durant l’opération, l’objectif sera de retirer les lames vertébrales afin d’enlever de la pression sur les nerfs et la moelle épinière qui causent les douleurs et symptômes neurologiques (engourdissement, picotement, sensation de choc électrique, faiblesse, etc.).
Bien qu’elle comporte des risques potentiels, la laminectomie est fréquemment employée, et demeure une chirurgie relativement sûre. La convalescence et la rééducation accompagnée de professionnels de santé permet généralement le retour à la vie normale.
Bonne guérison !
Ressources
Forum traitant de la laminectomie