Mal de dos : Est-ce un cancer ? (Quand s’inquiéter ?)

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille 

Vous avez mal au dos, et avez peur que ça soit grave. Laissez-moi deviner: Vous avez lu sur un forum l’histoire de M. Untel qui a reçu une infiltration de cortisone suite à un lumbago. Ou pire encore, que Mme. Unetelle a dû subir une intervention chirurgicale suite à une hernie discale L5-S1.

Et le pire scénario… que le mal de dos pouvait provenir d’une maladie comme le cancer! 

Y-a-t-il des raisons de s’inquiéter lorsqu’on a mal au dos ? Les douleurs lombaires peuvent-elles provenir d’une maladie grave (comme le cancer) ?  Comment déterminer si notre douleur est simplement mécanique (par exemple, une douleur musculaire ou articulaire), ou si elle provient d’une atteinte sérieuse ?

Dans l’article qui suit, nous allons différencier les types de lombalgies, et vous exposer les caractéristiques et le diagnostic d’une atteinte sévère qui mériterait une consultation urgente chez votre médecin.

Types de lombalgies

En médecine, les lombalgies sont parfois différenciées en 3 catégories pour fin de triage. Ces catégories sont basées sur les antécédents du patients, ses symptômes, l’examen physique et l’évaluation des facteurs psychosociaux.

1. La lombalgie simple

En médecine, les lombalgies sont parfois différenciées en 3 catégories pour fin de triage. Ces catégories sont basées sur les antécédents du patients, ses symptômes, l’examen physique et l’évaluation des facteurs psychosociaux.

D’abord, nous avons la lombalgie simple caractérisée par une douleur lombaire d’origine “mécanique”. Ceci veut dire que la douleur est le plus souvent localisée dans le haut, milieu, ou bas du dos. Elle est souvent intermittente (non constante), et varie en fonction des activités. Outre le mal de dos, l’état général est bon.

Par exemple, si vous avez de la douleur lombaire qui apparaît uniquement lorsque vous vous penchez vers l’avant, ou restez assis pendant plus de 30 minutes, il s’agit probablement d’une lombalgie simple.

Attention, il ne faut pas croire que le diagnostic de lombalgie simple veut dire que votre mal de dos n’est pas réel, ou ne doit pas être pris en considération. Il implique seulement que le pronostic est généralement favorable, et que les tests d’imagerie et/ou de laboratoires ne sont pas nécessaires initialement.

En terme de traitement, celui-ci est généralement composé de médicaments visant à contrôler les symptômes, un arrêt de travail temporaire (si la condition limite la pratique de son travail), ainsi qu’une référence vers un professionnel de santé (comme un kinésithérapeute ou ostéopathe).

Outre les traitements mentionnés ci-haut, il existe plusieurs produits et accessoires disponibles sur le marché permettant de soulager les douleurs lombaires reliés à la sacralisation lombaire. Il faut se rappeler que ces outils offrent généralement un soulagement temporaire, et doivent être utilisés avec parcimonie. Parmi les produits recommandés par nos professionnels, nous avons :

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Il est toujours recommandé de consulter un professionnel pour une prise en charge adaptée. Celui-ci fera des suivis ponctuels pour s’assurer de l’évolution favorable de la situation.

2. La lombalgie avec composante neurologique

Une autre catégorie de lombalgie est la lombalgie avec composante neurologique.

La principale différence avec la lombalgie simple est que celle-ci peut causer des douleurs irradiant jusqu’au pied, avec possibilité d’engourdissements et de picotements dans la jambe ou le pied. Souvent, on réfère à une sciatique ou une cruralgie pour qualifier ces conditions, et la douleur est généralement plus intense.

Souvent, ces irradiations de douleurs sont aggravées par les positions prolongées et/ou certains mouvements de la région lombaire. Des tests cliniques effectués par un professionnel peuvent corroborer l’existence d’une lombalgie avec composante neurologique.

Pour ceux et celles qui sont à l’aise avec les termes techniques, il s’agit entre autres du Slump, du test de Lasègue (ou SLR) et alternatives, des réflexes, myotomes, tests de sensibilité, tests de coordination, etc.

Souvent, ces tests permettent d’identifier une cause neurologique expliquant les irradiations. Par exemple, une racine nerveuse L5 irritée par une hernie discale L5-S1 peut causer des douleurs dans la jambe, associé à des paresthésies dans le pied et le gros orteil. De plus, la myélopathie, canal lombaire étroit et/ou claudication font également partie de ce schème diagnostic.

Par contre, il ne faut pas s’imaginer qu’une douleur dans la jambe de type sciatique provient automatiquement d’un nerf « coincé », d’une vertèbre « déplacée » ou d’une compression de la moelle épinière ! Il existe plusieurs structures et raisons pouvant expliquer l’irradiation de symptômes, et la composante neurologique n’est qu’une cause parmi d’autres.

En effet, certaines atteintes musculaires des muscles lombaires provoquent également des irradiations de douleur (on appelle ça un point gâchette, ou « trigger point » en anglais). De plus, il n’est pas rare d’observer des irradiations dans la fesse lors d’une atteinte de la sacro-iliaque ou des articulations zygapophysaires à cause de l’arthrose.

Pour connaitre 8 causes possibles de douleurs irradiant derrière la cuisse (et que faire), consultez l’article suivant.

3. La lombalgie avec pathologie grave suspectée

Voici la catégorie qui vous intéresse probablement. Il s’agit de la lombalgie avec pathologie grave suspectée (comme le cancer ou autre maladie sérieuse).

Dans ce cas, la cause des douleurs est potentiellement grave. Les symptômes découlant d’une pathologie grave ne peuvent être pris en charge de manière conservatrice (c’est-à-dire à travers des exercices thérapeutiques, massages ou manipulations du kiné ou de l’ostéo).

En présence de ces symptômes, une consultation urgente chez médecin est nécessaire pour s’assurer de l’état des différents systèmes. Par contre, il est primordial de comprendre qu’il s’agit d’une situation rare qui affecte entre 1 et 4% seulement de la population souffrant de lombalgie.

Symptômes découlant d’une pathologie grave

Voici les caractéristiques générales d’une atteinte potentiellement sérieuse:

  • Historique de cancer : Si vous avez déjà été atteint d’un cancer par le passé, il faut rester à l’affût de tout changement physique inhabituel. Il en est de même si un membre de votre famille a également souffert de pathologie cancéreuse.
  • Douleur suite à un traumatisme violent : Si votre douleur est relativement récente et qu’elle est apparue après un évènement majeur (comme une chute d’une hauteur ou un accident de la route), il faut consulter si ce n’est pas déjà fait.
  • Douleur constante, progressive, non mécanique : Vous n’arrivez pas à trouver de positions de repos et aucune  direction de mouvement ne semble soulager vos symptômes ? Allez voir un médecin pour clarifier la situation.
  • Douleur qui ne répond pas aux traitements conservateurs : Si vous n’avez pas vu de progrès après avoir tenté plusieurs approches thérapeutiques (incluant les médicaments, kiné ou ostéo, exercices et étirements, etc.), il faut poursuivre les investigations pour déterminer la cause du problème.
  • Douleur thoracique ou abdominale sévère : Il est fréquent que la douleur lombaire puisse irradier dans la jambe, mais si vos douleurs causent des maux d’estomac, il faut consulter.
  • Troubles neurologiques significatifs : Bien que les paresthésies fassent partie de la sciatique et de la cruralgie, une atteinte des deux jambes associées à des engourdissements ou picotements sévères, et de la faiblesse provoquant une difficulté à la marche, doit être investiguée.
  • Douleur nocturne constante : Si vos nuit sont pénibles et vous ne trouvez pas de positions pour soulager votre douleur, demandez l’opinion d’un médecin (encore plus si vous avez des sueurs nocturnes, frissons ou de la fièvre)
  • Perte de poids inexpliquée : Vous n’avez pas fait de diète ni débuté un programme d’exercice, mais semblez perdre du poids au fil des semaines ? Peut-être ressentez-vous des nausées ou une perte d’appétit ? Parlez-en à votre médecin immédiatement !
  • Anesthésie en selle : Si vous avez une quelconque atteinte sensitive de la région du périnée (comme par exemple des sensations étranges dans la région des organes génitaux), ceci doit requérir l’intervention d’un médecin.
  • Incontinence urinaire ou fécale d’apparition récente : J’ose espérer que vous consulterez immédiatement si vous perdez contrôle de vos sphincters !
  • Sang dans l’urine ou les selles : Pas besoin d’en dire plus …
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Quels type de cancer provoquent une lombalgie ?

Il existe certains types de cancer près de la colonne vertébrale qui peuvent provoquer des douleurs lombaires. Parmi les plus courants, on note :

On peut constater que plusieurs types de cancers sont reliés au mal de dos. Selon l’AANS, 30 à 70% des cancers avec métastases osseuses seraient situés au niveau de la colonne vertébrale.

Diagnostic d’une atteinte sérieuse (comme le cancer)

Lorsqu’il soupçonne une atteinte sérieuse, le médecin va s’assurer de faire une évaluation exhaustive afin de clarifier le diagnostic et déterminer la cause des symptômes.

Il va débuter par un historique médical où il discutera de la condition médicale du patient, de ses symptômes, de ses antécédents médicaux, etc. Ensuite, un examen clinique sera réalisé. Le médecin va minutieusement évaluer les mouvements, réflexes, dermatomes (sensibilité), myotome (force et endurance des muscles), etc.

Il va ensuite demander des tests d’imagerie (et autres) pour mieux cerner la cause potentielle du problème de santé. Parmi les examens possibles, on compte :

  • IRM
  • Scanner
  • Pet-Scan
  • Biopsie
  • Ostéodensitométrie
  • Bilan sanguin
  • Tests génétiques

Ces examens seront choisis en fonction de chaque patient et de sa condition. Il n’est pas rare que plus d’un test soit demandé en fonction de l’évolution des symptômes. Entre temps, le médecin va prescrire des traitements pour contrôler les symptômes, et éliminer d’autres causes potentielles expliquant le mal de dos.

Diagnostics alternatifs reliés au mal de dos

Heureusement, la grande majorité des cas de lombalgie ne sont pas causés par un cancer. Il est toutefois essentiel de bien s’informer sur sa condition, et de se faire suivre par un professionnel de santé pour optimiser la guérison.

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Les cas les plus fréquents de mal de dos sont :

Outre les causes typiques de lombalgie, on retrouve certains diagnostics qui peuvent être associés à des douleurs lombaires, et qui sont souvent ratés. Par exemple, on peut se retrouver en présence des pathologies suivantes :

Vous recherchez des solutions visant à soulager vos douleurs ?

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Conclusion (et message à retenir)

Voilà ! Dans cet article, nous avons d’abord présenté les 3 types de lombalgies souvent utilisés en médecine. Ce triage diagnostic est surtout utile pour éliminer les atteintes sérieuses comme le cancer, pondérer l’urgence d’intervention, et guider la prise en charge pharmacologique, conventionnelle ou chirurgicale.

L’autre élément essentiel de l’article était de mettre en valeur les signes et symptômes où le mal de dos pouvait provenir d’une atteinte sérieuse comme le cancer. Bien qu’elles représentent une proportion minime des lombalgies, ces situations requièrent une intervention médicale (et parfois chirurgicale) urgente.

Par contre, rappelez-vous que pour la majorité des lombalgies, le pronostic est favorable, et peut être optimisé en adoptant une approche adéquate. En effet, retenez qu’il y a toujours quelque chose à faire pour améliorer l’état de votre dos, même si les approches tentées jusqu’à présent se sont avérées vaines ! N’associez jamais l’intensité de vos douleurs avec la gravité de votre condition.

En d’autres termes, même si vous souffrez énormément pour l’instant, ne pensez pas qu’il s’agisse de quelque chose de grave. La douleur est multifactorielle, et prend en considération plusieurs facteurs différents.

En espérant vous avoir quelque peu rassuré !

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