IRM cervicale et tumeur : Outil diagnostique

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La région cervicale est une partie du corps très riche d’un point de vue anatomique (nombreuses structures anatomiques) et histologique (différents tissus : osseux, nerveux, musculaires, glandulaires, conjonctifs…). Elle est donc susceptible d’être touchée par une grande variété de pathologies tumorales.

Le diagnostic des tumeurs du cou repose en grande partie sur l’interrogatoire et l’examen physique, mais la confirmation fait appel quasi systématiquement à des examens complémentaires tels que le scanner, l’IRM et l’étude histologique (biopsie).

L’IRM cervicale est l’un des examens les plus perfectionnés pour diagnostiquer de nombreuses pathologies, en particulier celles touchant les tissus mous.

Dans cet article, nous parlerons des tumeurs de la région cervicale et de l’intérêt de l’IRM cervicale comme outil diagnostique de ces dernières.

Région cervicale : rappel anatomique

La région cervicale, partie relisant la tête au tronc, est très riche en éléments anatomiques :

  • Os : la charpente osseuse du cou est représentée essentiellement par le rachis cervical, la partie supérieure de la colonne vertébrale constituée de 7 vertèbres numérotées de C1 à C7. Chacune de ces dernières s’articule avec les vertèbres adjacentes par l’intermédiaire d’un disque intervertébral, une structure fibrocartilagineuse jouant le rôle d’amortisseur.
  • Moelle épinière : elle est contenue dans le canal vertébral, une sorte de tunnel osseux formé par la superposition des foramens vertébraux (trous creusés au centre de charque vertèbre).
  • Muscles et tendons : ils permettent de donner de la stabilité et de la mobilité au cou. On peut citer notamment les trapèzes, les sterno-cléido-mastoïdiens, les scalènes et les splénus.
  • Organes : le cou contient de nombreux organes tels que la glande thyroïde, les glandes parathyroïdes, le larynx, la trachée et la partie cervicale de l’œsophage.
  • Vaisseaux : le cou est traversé par des vaisseaux de gros calibres, notamment ceux destinés à la vascularisation du cerveau tels que les artères carotides, les artères vertébrales et les veines jugulaires.

Tumeur impliquant la région cervicale

La grande richesse anatomique et histologique de la région cervicale l’expose à une grande variété de tumeurs :

  • Tumeurs osseuses : les tumeurs touchant le rachis peuvent être primitives (localisation primaire, bénignes ou malignes) ou secondaires (métastases rachidiennes d’un autre cancer, toujours malignes).
  • Tumeurs de la moelle épinière : ces tumeurs du système nerveux central dites « intramédullaires » peuvent être bénignes ou malignes. Elles se manifestent par une grande variété de symptômes neurologiques qui sont principalement le résultat d’une compression de la moelle épinière.
  • Tumeurs musculaires : tumeurs bénignes (myomes) ou malignes (myosarcomes) pouvant toucher n’importe quel muscle strié du corps. Chez l’enfant, le cou est une zone de prédilection des rhabdomyosarcomes (tumeurs musculaires malignes les plus fréquentes chez l’enfant et l’adolescent).
  • Tumeurs de la thyroïde : la glande thyroïde peut être le siège de nodules (goitre nodulaire ou multinodulaire) fonctionnels ou non (selon qu’ils sécrètent ou non un excès d’hormones thyroïdiennes), bénins ou malins. Ces nodules sont généralement palpables et facilement décelables à l’échographie cervicale.
  • Tumeurs du larynx et de la trachée : les cancers du larynx ou de la trachée touchent particulièrement les gros fumeurs et buveurs d’alcool.
  • Tumeurs de l’œsophage : le cancer de l’œsophage est le plus souvent diagnostiqué à l’occasion de symptômes tels que la dysphagie (gêne à la déglutition) et la survenue de régurgitations. La fibroscopie représente l’examen de choix pour mettre en évidence cette pathologie, mais le diagnostic final et précis n’est possible qu’avec l’étude histologique d’une biopsie de la tumeur.
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Symptômes (Quand s’inquiéter ?)

Les pathologies cancéreuses touchant la région cervicale sont extrêmement nombreuses et peuvent se manifester par des symptômes très différents selon le siège de la tumeur, son type, son stade évolutif, l’état du patient…

Voici une liste des symptômes qui peuvent indiquer la présence d’une pathologie cancéreuse au niveau de la région cervicale :

  • Les symptômes neurologiques

Les symptômes neurologiques tels que des troubles moteurs des membres supérieurs ou inférieurs (diminution de la force musculaire, paralysie partielle ou totale…), des douleurs (localisées, diffuses ou donnant des irradiations), une perte de sensibilité ou des fourmillements au niveau des membres et/ou du tronc peuvent indiquer la présence d’une compression médullaire au niveau de la région cervicale.

Cette compression pourrait être due soit à une tumeur nerveuse se développant au niveau de la moelle épinière (tumeur intramédullaire), soit à une tumeur osseuse touchant le rachis cervical (compression de la moelle en rétrécissant le canal vertébral).

D’autres pathologies peuvent également entraîner une compression médullaire au niveau cervicale (notamment la hernie discale). Il est donc indispensable de consulter dans les meilleurs délais un médecin devant tout symptôme neurologique.

  • Symptômes liés à une tumeur musculaire

Les cancers touchant les muscles du cou peuvent se manifester par différents symptômes selon le muscle touché, le type de tumeur et son stade évolutif. En général, il s’agit de douleurs localisées et l’apparition de masses musculaires anormales (visibles à l’inspection ou perceptibles à la palpation).

  • Certains symptômes digestifs

Une dysphagie (gêne à la déglutition) persistante et d’installation progressive, régurgitations, haleine fétide, hoquet… Ces symptômes sont évocateurs d’une pathologie tumorale touchant l’œsophage, surtout lorsqu’ils évoluent dans un contexte général d’asthénie (fatigue chronique) et s’accompagnent d’un amaigrissement.

  • Certains symptômes respiratoires
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Des symptômes tels qu’une dysphonie (modification de la voix), des difficultés à déglutir ou à respirer d’installation progressive peuvent être le signe d’un cancer du larynx. En particulier lorsqu’ils se manifestent chez une personne présentant des facteurs de risque tels que la consommation de tabac et d’alcool.

IRM cervicale : Outil diagnostique ?

L’IRM (Imagerie par résonance magnétique) est un examen d’imagerie médicale utilisant un champ magnétique pour obtenir des images très détaillées des structures internes de notre organisme. En plus d’être non invasive et inoffensive, l’IRM est extrêmement performante pour diagnostiquer de nombreuses pathologies.

L’IRM cervicale est largement utilisée dans le diagnostic des pathologies touchant la région du cou, surtout celles qui concernent les tissus mous telles que les hernies discales et de nombreux types de tumeurs cervicales.

Cet examen possède surtout un intérêt dans l’étude morphologique des tumeurs cervicales. C’est-à-dire qu’il est efficace pour mettre en évidence une masse (diagnostiquer sa présence) et permet d’étudier certaines de ses caractéristiques telles que :

  • Le siège exact de la masse,
  • Ses contours (réguliers ou irréguliers),
  • Ses dimensions (diamètres),
  • Sa forme (ronde, ovalaire…),
  • Sa consistance (selon l’intensité du signal à l’IRM),
  • Son extension locale (par rapport aux structures voisines),
  • Sa vascularisation (intérêt d’une IRM cervicale avec injection de produit de contraste pour étudier les vaisseaux sanguins nourrissant la tumeur).

Ainsi, au terme de cet examen par résonance magnétique, le médecin pourra non seulement poser le diagnostic d’une tumeur cervicale, mais également avoir une idée sur son caractère bénin ou malin.

En effet, grâce aux caractéristiques morphologiques d’une tumeur obtenues par une imagerie, il est possible de s’orienter vers un type tumoral particulier.

Néanmoins, le diagnostic définitif et précis ne sera apporté qu’avec une biopsie de la masse. Seule cette dernière permet d’étudier la structure microscopique de la tumeur pour déterminer :

  • Son caractère bénin ou malin.
  • Le type cellulaire concerné par la transformation maligne (neurones, fibroblastes, ostéoblastes…).
  • Le degré de différenciation des cellules cancéreuses (indifférenciées, peu ou très différentiées…).
  • La présence ou non d’infiltrats inflammatoires.
  • La prolifération des vaisseaux sanguins (angiogenèse)…

L’IRM cervicale est donc un outil très performant pour diagnostiquer de nombreux types de tumeurs touchant la région du cou.

Il existe un autre examen d’imagerie encore plus récent et perfectionné pour diagnostiquer différents types de tumeurs appelé « tomographie par émission de positrons » ou « TEP scanner » (« PET scan » chez les Anglo-saxons).

Le PET scan est capable de dépister des tumeurs en mettant en évidence une augmentation de l’activité métabolique dans certaines zones du corps grâce à l’injection de glucose radioactif (les tumeurs possèdent une forte activité métabolique et consomment plus de glucose que les tissus sains, ce qui permet de les distinguer au PET scan). Les tumeurs s’allument donc comme des ampoules à l’imagerie, même celles qui sont indétectables à l’IRM.

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D’autres examens peuvent être utilisés dans le diagnostic des tumeurs cervicales selon leurs localisations :

  • La fibroscopie pour les tumeurs de l’œsophage.
  • La laryngoscopie pour les tumeurs du larynx.
  • L’échographie cervicale pour les tumeurs de la thyroïde.
  • Les analyses sanguines pour détecter les marqueurs biologiques des tumeurs.
  • Etc.

Références

[1] M. N. Razafindranaivo, « LES TUMEURS MALIGNES DE LA REGION CERVICALE ANTERIEURE AU CENTRE HOSPITALIER DE SOAVINANDRIANA ».

[2] S. Lezar, S. Hassen, W. Zamiati, et R. Kadiri, « NR31 Tumeurs medullaires (a propos de 24 cas) », Journal de radiologie, vol. 87, no 10, p. 1492, 2006.

[3] J. Paris, M. Zanaret, et M. A. Chrestian, « Tumeurs cervicales et adenopathies: quelles sont les questions du clinicien », Journal de Radiologie, vol. 86, no 10, p. 1323, 2005.

[4] E. du C. de Neurochirurgie, « Tumeurs du rachis ».

[5] E. Saïji et L. Guillou, « Tumeurs fibroblastiques et myofibroblastiques de la tête et du cou », in Annales de pathologie, 2009, vol. 29, no 4, p. 335‑346.

[6] J.-L. Lefebvre et D. Chevalier, « Cancers du larynx », EMC-Oto-rhino-laryngologie, vol. 2, no 4, p. 432‑457, 2005.

[7] G. Jerusalem, R. Hustinx, Y. Beguin, et G. Fillet, « PET scan imaging in oncology », European Journal of Cancer, vol. 39, no 11, p. 1525‑1534, juill. 2003, doi: 10.1016/S0959-8049(03)00374-5.

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