Radiographie, scanner du dos, IRM lombaire : Tout savoir

imagerie médicale visant à clarifier le diagnostic de mal de dos

Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille 

Voici la discussion par téléphone que j’ai eue cette semaine à propos de l’imagerie médicale avec un de mes patients souffrant de douleurs lombaires :

Patient: Anas (moi, le kinésithérapeute), j’ai une terrible nouvelle à t’annoncer. J’ai eu très mal au dos ce weekend, dans la région lombaire, et j’ai dû aller à l’hôpital.

Moi (Anas): Vraiment désolé d’entendre ça ! Qu’est-ce qui s’est passé exactement ?

Patient: Je me suis réveillé avec un mal de dos intense. C’est bizarre parce que ça allait bien la veille ! Ça n’a pas passé malgré la prise de 2 anti-inflammatoires, donc j’ai dû aller à l’urgence. On m’a fait passé une IRM et on a détecté 2 hernies discales ! J’ai le coeur brisé. Je ne pourrais plus jamais faire de sport. Ma vie vient de changer d’un seul coup ! Je ne sais pas quoi dire, je suis tellement triste!

Moi: Il faut qu’on parle…

Oui, il fallait que je parle à ce patient. De vive voix. Et le plus rapidement possible! J’aimerais partager avec vous les concepts couverts durant cette conversation… Au cas où vous vous trouvez dans la même situation que mon patient.

Les limites de l’imagerie médicale

Laissez-moi deviner. Vous avez mal au dos depuis un moment déjà. Au début, les douleurs étaient tolérables, et passaient relativement vite avec le temps et/ou la prise de médicaments.

Mais au fur et à mesure, la douleur apparaissait de manière plus fréquente.  En plus d’être plus intense, elle prenait plusieurs semaines avant de se rétablir. En consultant votre médecin, celui-ci a jugé nécessaire de passer une imagerie médicale pour clarifier le diagnostic.

Est-ce une hernie discale ? Ou un lumbago ? Ou pire encore, un cancer ? Vous attendiez cette imagerie médicale avec impatience, pour enfin comprendre ce qui n’allait pas avec votre dos.

Radiographie, scanner, IRM, scintigraphie, EMG, vous avez possiblement passé un des tests suivants. Le problème, c’est qu’elles n’ont pas forcément apporté toutes les réponses à vos questions !

Mais pourquoi l’imagerie médicale ne m’aide pas autant que je l’aurai pensé ?

C’est probablement la question qui vous tracasse. La première chose à comprendre, c’est que l’imagerie médicale n’est pas suffisante pour expliquer la cause réelle de vos maux de dos. D’ailleurs, elle peut même avoir des effets délétères dans certains cas précis. 

Par exemple, une vaste étude portant sur des personnes souffrant de mal de dos a révélé que celles qui passaient des examens d’imagerie peu  de temps après avoir consulté ne guérissaient pas plus vite pour autant. Au contraire, certaines personnes voyaient leur condition guérir plus lentement que ceux qui appliquaient les conseils de base (à savoir rester actif, prendre des médicaments en vente libre, etc.).

Une autre étude a révélé que les personnes souffrant de douleurs lombaires qui passaient une IRM au cours du premier mois étaient huit fois plus susceptibles de subir une intervention chirurgicale. Le pire, c’est que le rétablissement n’était pas forcément accéléré en comparaison avec ceux qui suivaient une approche plus conservatrice.

Par ailleurs, les radiographies et les scanners exposent les patients à des radiations potentielles qui augmentent théoriquement le risque de cancer. Ceci concerne notamment les hommes et femmes en âge de procréer, car les irradiations au niveau des testicules ou des ovaires peut affecter la fertilité.

Imagerie médicale et douleur

Il est facile de penser que les lombalgies sont dûes à un problème “mécanique” comme un disque intervertébral usé, un ligament déchiré, ou une vertèbre endommagée (et non « déplacée » comme on a essayé de vous faire croire!). 

Malheureusement, c’est loin d’être le cas !

Pourquoi ? Parce qu’on a remarqué que certaines personnes présentaient des problèmes à l’IRM (comme des hernies discales ou discopathie dégénérative) sans pour autant expérimenter de douleur. Étonnement, d’autres personnes avaient des IRM et radiographies “normales” mais souffraient pourtant énormément !

Je vais me répéter au risque de vous ennuyer.

Certaines personnes n’ont AUCUNE douleur mais tout plein de trouvailles à l’imagerie médicale, tandis que d’autres souffrent le martyr alors que leur IRM/scanner ou autre n’indique absolument rien d’anormal ! Oui oui, vous avez bien lu! Mais pourquoi donc, me demanderez-vous ?

Ce que l’imagerie médicale ne peut détecter

La réponse est complexe et dépend en fonction de la personne. Rappelez-vous simplement que la douleur est multifactorielle, surtout lorsqu’elle est chronique. Et surtout, l’influence du système nerveux central (ie. votre cerveau) est déterminant pour moduler l’intensité de la douleur ressentie.

Outre les facteurs mécaniques, le mal de dos est modulé par d’autres facteurs tels que votre anxiété, votre situation familiale et/ou professionnelle, etc. Ceci peut vous paraître étrange, mais je suis certain que vos douleurs au dos peuvent augmenter après une dure journée de travail.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il faut prendre en considération les facteurs émotionnels, psychologiques et cognitifs lorsqu’on traite les problèmes de dos (et pas seulement les facteurs mécaniques).

Et ça, aucune imagerie médicale ne pourra l’expliquer.

Quand avoir recours à l’imagerie médicale?

Bon, je dois avouer que j’ai tenu jusqu’à présent un discours plutôt pessimiste en lien avec l’imagerie médicale. J’exagère peut-être un peu, mais force est de constater que les radiographies, scanner et autres sont parfois prescrits à l’excès, et sans raisons valables.

L’imagerie médicale a définitivement sa place à jouer dans le traitement des lombalgies. Par exemple, voici certaines situations où il est pertinent d’avoir recours à l’imagerie:

  • Pour éliminer une atteinte sérieuse de la colonne vertébrale (comme une tumeur, une infection ou une fracture).
  • Lorsque la douleur est réfractaire et ne répond pas au traitement conservateur.
  • Lorsque les symptômes irradient dans la jambe ou le bras, et sont acompagnés de paresthésies.
  • Pour servir de comparatif avec un test d’imagerie passé antérieurement.
  • Pour servir de guide pendant une infiltration du dos.
  • Pour préparer à une éventuelle chirurgie.
  • Lorsque les symptômes persistent malgré une intervention chirurgicale.

Les contre-indications de l’imagerie médicale

Avant de conclure, il convient de présenter les contextes où l’imagerie médicale serait contre-indiquée. En effet, si vous vous retrouvez dans l’une des situations suivantes, il se peut que le médecin préfère éviter de faire recours à l’imagerie (surtout pour l’IRM) :

  • Vous avez un stimulateur cardiaque (pacemaker), défibrillateur, etc.
  • Vous avez un corps étranger de nature métallique au niveau de l’oeil
  • Vous avez un implant cochléaire
  • Vous utilisez une pompe à insuline
  • Vous souffrez de claustrophobie sévère (dans ces cas, des IRM à champ ouvert peuvent aider)
  • Si vous avez des dispositifs métalliques au niveau de la colonne (comme des vis, cages, etc.), l’IRM est permise mais la résolution de l’examen sera affectée.
  • Il est important de retirer tout bijou avant la procédure

Conclusion

Rappelez-vous ceci: L’imagerie médicale ne vous aidera pas à guérir plus rapidement. Et ne vous aidera pas toujours à clarifier le diagnostic. Ces examens peuvent même engendrer du stress chez certains patients, et de la confusion pour d’autres. 

L’imagerie médicale a définitivement sa place à jouer dans le traitement des lombalgies. Par contre, elle doit être utilisée dans un contexte précis, et pas automatiquement après un épisode de lombalgie.

N’oubliez pas qu’il s’agit d’un test statique où il est impossible d’observer les mouvements dynamiques de votre colonne vertébrale. Pour cette raison, votre professionnel de santé pèsera le pour et le contre, et saura vous dire s’il est préférable de passer un test quelconque.

Il saura également vous rassurer lorsque vous lui montrerez votre rapport d’imagerie rempli de termes complexes et potentiellement effrayants!

Bonne guérison!

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Références

  • https://www.jospt.org/doi/10.2519/jospt.2011.3618
  • https://www.spineuniverse.com/exams-tests/do-really-need-ray-or-mri-lower-back-pain
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