Spondylodiscite : Infection de la colonne vertébrale (Est-ce grave ?)

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille 

La spondylodiscite est une affection qui touche à la fois les vertèbres et le disque intervertébral. Elle est grave et peut conduire à de sérieuses complications en absence de traitement.

Comment reconnaitre les signes d’alertes en cas de spondylodiscite ? Quelles sont les principales causes de cette maladie infectieuse ? Qui contacter ?

Découvrez dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur la spondylodiscite pour avoir une idée de ce qu’il faut faire si vous rencontrez cette maladie.

Qu’est-ce que la spondylodiscite ?

Définition de la spondylodiscite

La spondylodiscite est une infection microbienne qui touche à la fois les vertèbres et les disques intervertébraux. Si l’atteinte inflammatoire n’atteint qu’une ou plusieurs vertèbres, la maladie est appelée « spondylite ». En effet, le mot « spondylodiscite » est issu des deux mots grecs « spondulos » et « diskos » qui signifient respectivement « vertèbre » et « disque ». Cette pathologie est sévère et peut exposer à des risques de séquelles neurologiques et de déformations rachidiennes.

Qui sont concernés ?

C’est une maladie infectieuse rare. Parmi les différents types d’infections ostéo-articulaires (ostéomyélites), elle représente seulement 2 à 7 %.

Bien qu’elle puisse toucher en même temps les hommes et les femmes, elle est beaucoup plus fréquente chez les hommes notamment autour de l’âge de 60 ans ou de l’âge de l’adolescence. Ceci s’explique par le fait que pendant ces deux périodes, les os subissent de grands changements. Ces derniers ont la possibilité de favoriser la vulnérabilité du système immunitaire face aux risques d’infection.

Origine de la spondylodiscite

La contamination survient habituellement après une septicémie et s’effectue par voie sanguine. Dans la majorité des cas, les germes à l’origine de cette maladie infectieuse sont :

  • les pyogènes comme le Staphylococcus aureus ;
  • les bacilles tuberculeux (Mal de Pott) ;
  • les bacilles gram négatif comme l’Escherichia Coli ou le Streptococcus.

Dans des rares cas, elle peut être due à des bactéries telles que les Salmonelles, les Brucelles, ou parfois même des champignons de type Candida albicans.

Selon les germes responsables, la spondylodiscite peut suivre deux types de mode évolutifs. En cas de bactéries pyogènes, son évolution est aiguë. Tandis qu’en présence de tuberculose ou d’infections à pyogènes dont l’antibiothérapie a été insuffisante, son évolution est chronique.

Ceci est dû au fait que la tuberculose se situe généralement au niveau du thorax. En revanche, les bactéries pyogènes peuvent atteindre plusieurs zones telles que le rachis lombaire, le rachis thoracique, le rachis cervical ainsi que différents étages.

Facteurs de risque de la spondylodiscite

Le facteur de risque principal de cette maladie est une faible immunité. Aussi, d’après les statistiques, chez les patients atteints de spondylodiscite, plus 30 % sont diabétiques, presque 10 % souffrent d’alcoolisme chronique et environ 5 % sont atteints soit de cancer, d’insuffisance rénale terminale, de cirrhose hépatique ou de maladie systémique.

La spondylodiscite peut également faire suite à :

  • une intervention chirurgicale de la colonne vertébrale ;
  • un prélèvement du liquide céphalo-rachidien (ponction lombaire) ;
  • une infection urinaire, de la prostate, une infection dentaire, cutanée, digestive, cardiaque ou pulmonaire ;
  • une discographie ou une infiltration épidurale.

 

 

Quels sont les signes d’une spondylodiscite ?

Les principaux symptômes de la spondylodiscite sont :

  • des douleurs au niveau de la colonne vertébrale associée à une importante raideur locale ;
  • des douleurs situées au niveau des trajets nerveux : cruralgie, sciatique, névralgie cervico-brachiale ;
  • des frissons accompagnés de fièvre dans la plupart des cas de spondylodiscite à pyogènes ;
  • une dégradation de l’état général.

Quels sont les examens utiles au diagnostic de la spondylodiscite ?

Le diagnostic de la spondylodiscite peut parfois s’avérer difficile. Généralement, différents types d’examens d’imagerie doivent être réalisés pour parvenir à la diagnostiquer : radiographie, scintigraphie osseuse, tomodensitométrie, IRM…

Une radiographie est une technique médicale de photographie qui a recours à des rayonnements électromagnétiques (rayons X). Lors d’une spondylodiscite, elle permet d’observer un pincement discal global, une déminéralisation des vertèbres, des érosions et une condensation des plateaux vertébraux.

Une scintigraphie osseuse consiste à administrer des isotopes radioactifs dans l’organisme. Les résultats s’obtiennent lorsque leur rayonnement est capté par l’organisme à examiner. Dans le cas d’une spondylodiscite, le praticien peut trouver une hyperfixation au niveau de la colonne vertébrale.

Une tomodensitométrie passe par une mesure de l’absorption des rayons X pour obtenir une image en 2 ou 3 dimensions d’une quelconque structure anatomique. Associée à une injection de produit de contraste iodé, elle permet de localiser les géodes intrasomatiques, l’épidurite et d’éventuels abcès dans les parties molles.

Bien que ces trois techniques permettent de diagnostiquer la spondylodiscite, leurs signes peuvent apparaître tardivement. C’est l’IRM (imagerie par résonance magnétique) qui permet de détecter plus tôt cette pathologie. Pour ce faire, elle doit être accompagnée d’une injection de gadolinium. Cet examen permet de mettre en évidence l’hyposignal des disques et des vertèbres ainsi que les étages touchés. Il montre aussi les abcès épiduraux et divers signes de souffrance médullaire ou radiculaire.

Au besoin, d’autres examens peuvent être réalisés à l’instar d’une prise de sang ou d’une ponction-biopsie disco vertébrale.

 

 

La spondylodiscite : est-ce grave ?

En cas d’apparition d’un ou de plusieurs symptômes, il faut contacter en urgence une équipe médicale. Étant une maladie grave, la spondylodiscite nécessite une prise en charge immédiate. À cet effet, une hospitalisation suivie d’une immobilisation au lit devient indispensable.

Pour empêcher une déformation rachidienne due au tassement vertébral, un corset ou une coquille plâtrée se révèle très utile. C’est également nécessaire pour soulager les douleurs.

L’hospitalisation est nécessaire jusqu’à ce que les douleurs disparaissent. Cela peut prendre 10 à 30 jours pour les spondylodiscites à pyogènes. Par contre, dans le cas du Mal de Pott, la période d’hospitalisation peut s’étendre jusqu’à 1 à 3 mois.

 

Conséquences de la spondylodiscite

Cette pathologie peut avoir des conséquences immédiates telles qu’une fragilisation ou un tassement vertébral, une compression de la moelle par un abcès, une infection des méninges ou une aggravation des signes radiculo-médullaires.

En fonction de l’évolution de l’infection, d’autres conséquences tardives peuvent aussi être constatées. C’est le cas du bloc vertébral qui indique l’état de deux vertèbres en vis-à-vis soudées.

 

 

Comment traiter la spondylodiscite ?

L’antibiothérapie

L’antibiothérapie permet de traiter la spondylodiscite. Elle doit être suivie pendant une longue durée et être adaptée au germe en cause :

  • staphylocoques : du céfotaxime (100 mg/kg) associé à du fosfomycine (200 mg/kg) suivie d’une association de fluoroquinolone et de rifampicine ;
  • bacilles à gram négatif : une association de céphalosporine de 3e génération et de fosfomycine ou de céphalosporine de 3e génération et d’aminoside ou encore d’aminoside et de la fluoroquinolone ;
  • Mal de Pot : une antibiothérapie quadruple antituberculeuse (pendant les 3 premiers mois) suivie d’une bi-chimiothérapie pour les 9 prochains mois.

Si l’infection est d’origine hospitalière résistante à la méticilline, l’antibiothérapie consiste en l’association de vancomycine et d’acide fusidique ou de fosfomycine. Dans tous les cas, il convient toujours de consulter les urgences dès l’apparition des symptômes d’une spondylodiscite.

La chirurgie

Une intervention chirurgicale se fait uniquement pour les cas exceptionnels comme l’évacuation d’un abcès épidural ou d’une laminectomie décompressive.

Si la spondylodiscite est détectée tôt, l’antibiothérapie peut faire effet pendant la première semaine de traitement. Une évolution favorable peut être constatée rapidement. Au contraire, si le traitement tarde ou est absent, la maladie peut exposer à diverses complications.

S’il faut 2 à 3 mois pour se rétablir complètement d’une spondylodiscite à pyogènes, il en faut 12 pour une spondylodiscite tuberculeuse.

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