Arthrodèse sacro-iliaque : Fusion de l’articulation sacro-iliaque

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille

La plupart des douleurs à l’articulation sacro-iliaque sont traitées de manière conservatrice (médicaments, thérapies physiques, infiltration, etc.). Par contre, l’opération peut s’avérer nécessaire lorsque les traitements non-chirurgicaux s’avèrent inefficaces. On a parfois recours à l’arthrodèse sacro-iliaque pour traiter ces cas particuliers.

Qu’est-ce que l’arthrodèse sacro-iliaque, et quelles en sont les indications ? Comment se déroule l’intervention, incluant les risques et complications potentielles ? Comment se déroule la rééducation post-chirurgicale ? Cet article vulgarisé vous explique tout ce qu’il faut savoir sur cette opération.

Définition et anatomie

Pour mieux comprendre l’arthrodèse sacro-iliaque, il convient d’expliquer l’articulation sacro-iliaque d’un point de vue anatomique et physiologique.

L’articulation sacro-iliaque relie les os du bassin (appelés iliaques) au sacrum, un os triangulaire situé sous les vertèbres lombaires. La fonction principale des articulations sacro-iliaques est d’absorber les chocs, et d’augmenter la stabilité du tronc.

On estime que l’articulation sacro-iliaque est responsable de 15 à 30% des cas de lombalgie. Parmi les causes principales de douleur sacro-iliaque, on compte les traumas, déformations anatomiques (comme une scoliose ou une différence de longueur des membres inférieurs), des pathologies inflammatoires, une infection, etc.

Le diagnostic d’une atteinte sacro-iliaque n’est pas toujours évident à établir. Un examen clinique intégrant plusieurs tests spécifiques peut mettre en valeur une dysfonction de cette articulation. Il est à noter qu’il n’existe pas de test unique indiquant que l’articulation sacro-iliaque est la source de douleur. Plutôt, c’est une combinaison de tests qui permet d’orienter vers une atteinte de cette articulation.

Le recours à l’imagerie médicale peut également aider à clarifier le diagnostic. Il peut s’agir d’une radiographie, d’un scanner, d’une imagerie par résonance magnétique (IRM), etc. Ceci permettra notamment d’éliminer une autre atteinte lombaire pouvant reproduire des symptômes similaires telle que :

Une dysfonction sacro-iliaque provoque des symptômes tels que des douleurs lombaires irradiant vers la jambe (hanche, fesse, aine, cuisse, mollet), une raideur des hanches ou du bassin, ou encore une instabilité dans certains cas.

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Typiquement, le traitement comprend en première intention la prise de médicaments et des thérapies physiques (kinésithérapie, ostéopathie, exercices, etc.).

Lorsque ces modalités n’améliorent pas les symptômes, on considère l’infiltration sacro-iliaque. Celle-ci peut être soit à visée diagnostique pour confirmer l’atteinte de la sacro-iliaque et établir un diagnostic définitif, ou encore dans un but thérapeutique afin de soulager les douleurs. Elle consiste essentiellement à injecter un anesthésique local et/ou un agent anti-inflammatoire dans l’articulation sacro-iliaque.

Si les symptômes ne s’estompent pas malgré l’utilisation des modalités citées précédemment, le médecin va parfois recourir à la chirurgie pour soulager le patient et améliorer sa qualité de vie. Dans cette optique, l’arthrodèse sacro-iliaque s’avère une intervention potentielle.

Arthodèse sacro-iliaque : Indications

Le choix de procéder à une arthrodèse de l’articulation sacro-iliaque sera toujours fait conjointement avec le patient. De nombreux facteurs devront être pris en compte, notamment l’efficacité des traitements conservateurs, les chances de réussite de l’opération, les complications potentielles, la rééducation post-chirurgicale et l’impact sur la qualité de vie.

Lorsque les symptômes suivants persistent pendant plusieurs semaines ou mois et ne répondent pas à un traitement non chirurgical bien conduit d’au moins 3 mois, une arthrodèse de l’articulation sacro-iliaque peut être recommandée. De manière générale, il persiste :

  • Des douleurs importantes dans le bas du dos ou le membre inférieur qui rendent difficile les activités de la vie quotidienne. Cette douleur est généralement unilatérale.
  • Une instabilité du bassin qui peut entraîner des douleurs à la station debout prolongée, à la marche ou en se levant d’une chaise. La douleur peut également s’aggraver lors de la montée d’un escalier en montant une colline.
  • Une raideur et une mobilité limitée dans le bas du dos, les hanches, ou le bassin.
  • Difficulté à dormir et/ou à fonctionner au quotidien.

Procédure

L’objectif de l’arthrodèse sacro-iliaque est de fusionner le sacrum à l’os iliaque pour favoriser la croissance osseuse à travers l’articulation. Cette fusion sera réalisée à l’aide d’instruments chirurgicaux et/ou d’une greffe osseuse, et permettra une soudure de l’articulation pendant le processus de guérison suivant l’intervention chirurgicale.

Il existe diverses méthodes chirurgicales, la plus populaire étant l’arthrodèse sacro-iliaque minimalement invasive via une petite incision dans la fesse. Certains opérations impliquent une chirurgie ouverte, mais le risque de complications plus élevé et les résultats moins encourageants font en sorte que ce type de chirurgie est désormais rarement pratiquée.

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Arthrodèse sacro-iliaque minimalement invasive

Une procédure typique de fusion de l’articulation sacro-iliaque comprend généralement les étapes de base suivantes :

  • Le patient est allongé en décubitus ventral (à plat ventre) sur la table d’opération, sous anesthésie générale.
  • Une petite incision (2 à 3 centimètres) est pratiquée sur le côté de la fesse (à travers les muscles fessiers) pour accéder à l’ilium.
  • Les instruments de l’implant sont ensuite mis en place à l’aide de vis, de broches ou d’un maillet.
  • Si une greffe osseuse est nécessaire, l’articulation sacro-iliaque est débarrassée du cartilage et des tissus mous, et une greffe osseuse est placée dans l’espace articulaire. Le greffon osseux est généralement prélevé dans une autre zone de l’ilium.
  • Le site de l’incision est ensuite irrigué à l’aide d’une solution saline qui élimine les débris de la plaie avant de la refermer. Ensuite, l’incision est fermée en plusieurs couches à l’aide de sutures standard.

L’opération dure en général une heure. Un imagerie par fluoroscopie est utilisée tout au long pour s’assurer d’atteindre l’articulation sacro-iliaque, et permettre d’implanter le matériel chirurgical et la greffe osseuse de manière appropriée.

Risques et complications

L’arthrodèse sacro-iliaque présentent un faible risque de complications, surtout si elle est réalisée de manière minimalement invasive. C’est plutôt la chirurgie ouverte, rarement pratiquée de nos jours, qui s’avère plus à risque.

Évidemment, cette intervention comporte tout de même des complications possibles pendant ou après l’opération, comme toute intervention chirurgicale d’ailleurs. Parmi les risques potentiels, on compte :

  • infection
  • perte de sang excessive
  • complications dûes à l’anesthésie
  • etc.

Par ailleurs, une complication potentielle qu’il est important de mentionner est la compensation des segments adjacents. Comme l’articulation sacro-iliaque fusionnée ne fera plus son travail d’absorption des chocs et de mobilité du bassin, elle transmettra la pression à un autre segment vertébral qui devra compenser.

Ceci mène à une surchage au niveau du segment L5-S1 (articulation lombo-sacrée) qui pourrait provoquer des douleurs et une instabilité lombaire. D’ailleurs, une étude a révélé que de nouveaux problèmes dans la colonne lombaire apparaissaient chez environ 5 % des patients dans les six mois suivant une fusion de l’articulation sacro-iliaque.

Rééducation suite à l’arthrodèse sacro-iliaque

La rééducation et le temps de guérison après une arthrodèse sacro-iliaque dépendra de plusieurs facteurs. Le type de chirurgie (implants, greffe, etc.) y sera pour beaucoup, de même que la gravité des symptômes présents avant même l’intervention chirurgicale.

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Étant donné que les os continuent de fusionner pendant la période de cicatrisation suivant l’opération, il faut s’attendre à une douleur persistante et d’autres symptômes. Heureusement, ceux-ci commenceront généralement à s’atténuer en quelques semaines. En tout, le processus de récupération peut prendre jusqu’à 6 mois.

Pour optimiser la rééducation, les modalités suivantes pourront être mises en place :

Gestion de la douleur 

La plupart des patients qui subissent une arthrodèse sacro-iliaque sortent de l’hôpital le lendemain de l’opération. On pourra alors leur prescrire les éléments suivants pour améliorer leur confort et réduire leurs douleurs :

  • Un déambulateur ou une canne pour réduire les contraintes sur l’articulation sacro-iliaque pendant sa fusion.
  • Une ceinture lombaire pour stabiliser l’articulation et limiter les mouvements susceptibles d’exacerber la douleur et d’entraver la guérison.
  • Des analgésiques pour gérer la douleur postopératoire (allant de médicaments anti-douleur, anti-inflammatoires jusqu’aux opioïdes en fonction des cas).

Kinésithérapie

L’objectif de la kinésithérapie (physiothérapie) post-chirurgicale est de retrouver la fonction et de réduire la douleur. Elle est le plus souvent prescrite par le chirurgien orthopédiste, et comporte les modalités suivantes :

  • chaleur et glace
  • électrostimulation (TENS)
  • massage et mobilisations
  • thérapie aquatique
  • exercices thérapeutiques et étirements
  • éducation et programme à domicile
  • etc.

Vidéos

Références

  • https://www.spine-health.com/treatment/spinal-fusion/what-know-about-sacroiliac-joint-fusion

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