Scoliose de l’adulte : Comment guérir sans chirurgie ?

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Article revu et approuvé par Dr. Ibtissama Boukas, médecin spécialisée en médecine de famille

La scoliose de l’adulte est une pathologie caractérisée par une courbure anormale de la colonne vertébrale. Les formes légères n’engendrent qu’une simple gêne, mais dans les situations plus critiques, elle est susceptible de causer une douleur plus ou moins intense. Elle peut aussi affecter les organes internes. Cette déformation touche 6 % des personnes âgées de 40 ans, 10 % des personnes de 65 ans et 50 % des sujets de plus de 90 ans. Découvrez dans cet article tout ce qui concerne la scoliose de l’adulte.

Scoliose, c’est quoi ?

La scoliose désigne une déformation tridimensionnelle de la colonne vertébrale ou du rachis. La déviation peut être vers l’avant ou l’arrière ; vers la droite ou la gauche ; ou encore en rotation.

La scoliose de l’adulte est similaire à celle de l’enfant. La seule différence est que la scoliose de l’adulte est généralement symptomatique, ce qui n’est pas toujours forcément le cas chez l’enfant.

Pour tout savoir sur la scoliose chez l’enfant (incluant la prise en charge), consultez l’article suivant.

Les causes de la scoliose

La déformation de la colonne vertébrale peut avoir différentes origines. Il en existe d’ailleurs deux types.

La scoliose idiopathique

On parle de scoliose idiopathique lorsque la cause de la déformation de la colonne est méconnue.

On observe soit une seule courbure supérieure à 10 ° sur la région thoracique ou thoracico-lombaire ou lombaire, soit deux courbes.

La forme idiopathique apparaît chez les enfants et chez les adolescents sains, car chez eux, on n’observe pas encore de traces de pathologies susceptibles de provoquer une difformité rachidienne.

Les groupes d’âge des cibles sont :

  • des enfants en bas âge (0 à 3 ans) ;
  • les enfants âgés de 3 à 10 ans ;
  • les adolescents (depuis l’âge de 11 ans jusqu’à la fin de la puberté).

Cette pathologie est non réductible et peut avoir tant une forme modérée que grave. Son évolution est considérable pendant la poussée pubertaire. Elle provoque des douleurs rachidiennes et radiculaires et impacte l’esthétique dorsale.

Les facteurs qui déterminent la scoliose idiopathique

Bien que cette affection vertébrale ne soit pas liée à une autre maladie, elle reste multifactorielle. L’une des causes est la prédisposition génétique. En d’autres termes, la maladie est présente chez d’autres membres de la famille.

Le genre féminin est aussi un facteur déterminant de cette maladie. Elle est plus fréquente chez les filles.

Certains spécialistes ont avancé une hypothèse comme quoi la scoliose idiopathique aurait un lien avec la déficience en mélatonine. La baisse de mélatonine engendre un défaut de signalisation au sein de la colonne vertébrale.

Les spécialistes (Domenech et coll. 2010 et 2011) ont également procédé à un examen IRMF (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) sur des patients atteints de la scoliose. Ils en ont conclu que les sujets atteints possèdent un aspect neurologique différent de celui des personnes saines.

La scoliose « de novo » ou « dégénérative »

La scoliose dégénérative est une déformation de la colonne vertébrale dans les trois plans de l’espace. Elle apparait à l’âge adulte (au-delà de 50 ans) et est plus fréquente chez les femmes.

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La cause principale est une défaillance (usure) du disque intervertébral associée à une perte musculaire et une faiblesse ligamentaire. Avec le vieillissement, le rachis se fragilise. Les disques intervertébraux qui relient les vertèbres entre elles s’usent. Les muscles et les ligaments se relâchent. À tout cela peuvent aussi s’ajouter des problèmes neurologiques ou encore de l’arthrose.

Chez les femmes post-ménopausées, l’ostéoporose est susceptible de provoquer des fractures des vertèbres.

La déformation est souvent à l’origine d’un déséquilibre global entraînant une instabilité mécanique et parfois des signes neurologiques.

La première étape du développement de la scoliose dégénérative est la dégénérescence discale. Il se constitue une discopathie asymétrique qui aboutit, sous l’effet des contraintes mécaniques, à l’apparition de :

  • spondylolisthésis dégénératif : glissement des vertèbres en avant ;
  • dislocation rotatoire: glissement sur le côté.

Cela peut parfois même entraîner la compression des racines et de la moelle épinière.

Elle est dite « de novo » quand elle survient sur un rachis initialement sain et « secondaire » lorsqu’elle résulte de la décompensation d’une scoliose idiopathique de l’adolescent.

Au niveau des symptômes, la scoliose dégénérative s’accompagne de différents signes cliniques (liés à l’instabilité de la colonne vertébrale) : mal de dos, douleurs neurologiques (sciatiquecruralgie), troubles posturaux, difficulté à marcher, diminution du périmètre de marche. Il peut aussi se produire des douleurs dans les membres inférieurs provoqués par le rétrécissement du canal lombaire.

Le diagnostic de la scoliose dégénérative

Le diagnostic de la maladie se fait par des radiographies de l’ensemble de la colonne vertébrale. Ces examens d’imagerie permettent d’évaluer la morphologie globale de la colonne vertébrale. Le caractère mobile du spondylolisthésis est apprécié sur des clichés dynamiques de face en inclinaison latérale et de profil (en flexion, en extension et en chien de fusil).

Une IRM, quant à elle, est utile pour mesurer le degré de dégénérescence discale et l’inflammation des plateaux vertébraux. On peut également demander le scanner : il apporte des informations complémentaires sur la taille du canal rachidien et la compression des nerfs.

Quels sont les principaux symptômes de la scoliose chez l’adulte ?

La scoliose peut être asymptomatique durant une longue période. Mais, il arrive qu’elle soit symptomatique chez certains individus. Elle se manifeste généralement par une déformation du haut du dos, qu’on appelle gibbosité. Il existe également d’autres signes caractéristiques de cette déformation du rachis.

Une douleur au rachis

Environ 40 % des personnes qui souffrent la scoliose présentent une douleur vertébrale. Cette douleur prédomine au niveau lombaire, mais peut également se manifester au secteur dorsal et cervical (cou). Elle commence par une douleur chronique et peut devenir très sévère en cas de négligence. Avec l’augmentation de la douleur, la gravité de la déformation augmente aussi (de face et de profil).

Une sciatique ou une cruralgie

Dans une forme plus évoluée de la scoliose, il est fréquent de retrouver une sciatique. Il s’agit d’une douleur neurologique qui s’exprime comme une brûlure partant du dos vers l’arrière ou le côté de la jambe et va jusqu’au pied.

Pour tout savoir sur la sciatique et sa prise en charge, consultez l’article suivant.

La cruralgie se manifeste avec le même type de douleur, mais celle-ci se situe à l’avant (creux inguinal et face antérieure de cuisse). La douleur est liée à la compression d’un ou plusieurs nerfs au niveau du rachis lombaire.

Pour tout savoir sur la cruralgie et sa prise en charge, consultez l’article suivant.

Une claudication neurogène

La claudication neurogène (ou claudication intermittente) n’est autre qu’une fatigabilité à la marche. Elle survient au bout d’une distance ou d’une durée déterminée. On parle de périmètre de marche (5, 10 minutes ou 500 mètres, etc.).

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Lors de la marche, certains patients affirment avoir une sensation de « marcher sur des œufs ». En fait, les jambes perdent ses forces et n’arrivent plus à supporter le corps. Parfois, le sujet est obligé de s’asseoir ou de se pencher vers l’avant pour qu’il puisse récupérer avant de poursuivre son trajet.

La claudication résulte du rétrécissement du canal médullaire (également appelé canal rachidien) où circulent les racines nerveuses qui innervent les jambes et le périnée. Il peut provenir d’une condition nommée canal lombaire étroit.

Dans les cas plus sévères, des troubles vésico-sphinctériens peuvent s’ajouter. Ces derniers se traduisent par une fuite urinaire fréquente, une incontinence fécale et une insensibilité du périnée (réduction de la sensation de toucher sur les fesses et les organes génitaux).

Un déséquilibre sagittal

En vieillissant, la lordose lombaire (courbure du bas du dos vers l’intérieur) diminue et la cyphose thoracique (exagération de la courbure dorsale sur la zone thoracique) augmente. Par conséquent, le patient se retrouve « vouté ». On parle de déséquilibre sagittal décompensé. Dans les cas plus critiques, le patient marche avec les genoux fléchis pour maintenir une posture droite.

Une insuffisance respiratoire

L’insuffisance respiratoire est une forme de complication de la scoliose idiopathique à l’âge adulte. Elle survient lorsque la courbure thoracique est au-delà de 100 °. On parle de l’angle de Cobb et elle ne se produit que chez l’adulte.

En dehors de ces symptômes, sachez que la scoliose de l’adulte peut aboutir à de nombreux troubles tels que l’asymétrie du tronc, la perte de l’autonomie et de la force, la sensibilité musculaire ainsi que des problèmes digestifs.

Les traitements envisageables de la scoliose de l’adulte

La prise en charge de la scoliose se base sur des traitements symptomatiques. Il peut s’agir soit d’une simple surveillance et d’un traitement orthopédique, si la courbure de la colonne vertébrale est peu importante.

Par ailleurs, si la courbure est plus conséquente, une intervention chirurgicale peut être envisageable.

Un traitement conservateur

Dans le cadre d’une scoliose, le traitement conservateur a toujours sa place. Il correspond à un traitement médical, une rééducation (kinésithérapie) et une orthopédie conservatrice (le port d’un corset). Il convient aux adultes tout comme aux adolescents.

Le port de corset

Le corset est un appareil médical qui aide à maintenir la colonne vertébrale afin de diminuer le risque de courbure lié à la scoliose. Le choix du type de corset dépend de l’importance de la déformation du rachis.

Fabriqué sur mesure par moulage du corps, cet appareil s’ajuste parfaitement à la morphologie du patient.

Chez l’adulte, le corset atténue la douleur de la scoliose, réinstaure l’équilibre de la colonne vertébrale et limite l’évolution de la pathologie.

Pour connaître les différents types de corsets utilisés dans le traitement de la scoliose, consultez l’article suivant.

La kinésithérapie

Les exercices proposés en kinésithérapie permettent d’améliorer le tonus, la souplesse et la force musculaire. Ils agissent également sur la déformation de la colonne vertébrale et aident à mieux contrôler la douleur et améliorer la posture.

L’opération chirurgicale

La chirurgie d’une scoliose de l’adulte est indiquée lorsque les gênes ressenties avec les symptômes deviennent invalidantes et affectent les activités de la vie quotidienne du patient.

L’intervention est également conseillée lorsque les traitements conservateurs rencontrent un échec ou lorsque la maladie est plus grave. Dans ce type de chirurgie, l’arrêt de travail peut durer jusqu’à un an, voire plus.

Avant de procéder à l’opération de la scoliose, le patient doit réaliser une série d’examens afin de pouvoir faire le bilan exhaustif de la maladie et de sécuriser les conditions de réalisation de l’opération.

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La chirurgie consiste d’abord à aligner les vertèbres de face et à restituer le profil de la colonne vertébrale.

Elle intervient ensuite dans la fusion des vertèbres entre elles. Celle-ci s’effectue par une greffe osseuse permettant de souder les vertèbres sur un certain nombre d’étages. Le remplacement des disques intervertébraux est nécessaire parfois (prothèse discale).

Quels sont les sports interdits pour la scoliose ?

Vous vous demandez si la pratique du sport est interdite aux scoliotiques ? Alors la réponse est non. Au contraire, les activités physiques et surtout les sports qui sollicitent les muscles dorsaux (comme les rhomboïdes) et du tronc sont fortement conseillés.

Selon les professionnels de santé, faire du sport au moins 180 minutes par semaine favorise le traitement de la scoliose. Bien qu’il y ait des sports qui se concilient à cette pathologie, il reste quand même des sports interdits.

Parmi les sports à risque se trouvent les sports de collision. Ces disciplines sportives pourraient théoriquement abimer la colonne vertébrale et aggraver la scoliose.

En outre quand la pathologie est associée à une myalgie ou une lombalgie, il est préférable de se dispenser des sports suivants :

  • l’haltérophilie ;
  • l’acrosport ;
  • le golf ;
  • l’équitation ;
  • les courses à grande vitesse ;
  • le rugby, le football ;
  • le lancer de javelot ou le lancer de poids ;

Il faut noter que ces sports ne représentent pas une contre-indication absolue. En effet, il est possible de pratiquer ces sports si la musculature et le corps puisse soutenir la charge demandée. Un professionnel de santé pourra vous guider si jamais vous souhaitez pratiquer un sport de contact en présence de scoliose.

La scoliose est-elle une maladie professionnelle et une invalidité ?

Une maladie professionnelle est la conséquence de l’exposition plus ou moins prolongée à un risque lors d’une activité habituelle et professionnelle.

De nos jours, seules la sciatique et la radiculalgie par hernie discale figurent dans le tableau des maladies professionnelles du régime général (RG) ou du régime agricole (RA) de la Sécurité sociale. Donc non, la scoliose n’est pas une maladie professionnelle.

En outre, la maladie invalidante est un ensemble de troubles de la santé qui touchent les organes internes vitaux (insuffisance respiratoire, insuffisance cardiaque ou rénale, troubles articulaires…). D’après cette description, comme la scoliose est une pathologie articulaire, on peut ainsi la considérer comme une maladie invalidante. On estime que 10 % des personnes scoliotiques souffrent tous d’invalidité.

Références

https://rachis.paris/pathologies-problemes-de-dos/scolioses/scoliose-adulte/

https://www.sofcot.fr/patients/actualites/tout-savoir-sur-la-scoliose-de-ladulte

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