Entorse lombaire ou hernie discale : Comment différencier ?

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L’entorse lombaire et la hernie discale sont deux pathologies très fréquentes qui touchent la colonne lombaire. Toutes deux se manifestent par des douleurs dans le bas du dos et peuvent survenir dans les mêmes circonstances.

Alors comment faire la part des choses entre entorse lombaire et hernie discale ? Réponse dans le présent article.

Colonne lombaire : rappel anatomique

Pour bien comprendre ce qu’est une entorse lombaire ou une hernie discale, il est indispensable de vous faire une petite leçon d’anatomie ! Rien de compliqué… Sachez juste que la partie mobile de notre colonne vertébrale est divisée en trois parties : une partie haute « cervicale », une partie intermédiaire « dorsale » ou « thoracique » et une partie basse « lombaire ».

Concentrons-nous sur cette dernière partie dite lombaire ! Il s’agit d’une superposition de vertèbres lombaires numérotées de L1 à L5 et séparées par des disques intervertébraux.

Les disques intervertébraux sont des anneaux fibrocartilagineux qui jouent le rôle d’amortisseur en absorbant les différents chocs que subit notre colonne vertébrale.

C’est la protrusion d’un ou plusieurs de ces disques qui sont à l’origine d’une pathologie qu’on appelle « hernie discale ».

Pour assurer la stabilité et la cohésion des vertèbres lombaires, il existe un certain nombre de structures ligamentaires qui les maintiennent :

  • Le ligament longitudinal antérieur qui relie les parties avant des corps vertébraux (s’étend du crâne jusqu’au coccyx).
  • Le ligament longitudinal postérieur qui relie les parties arrière des corps vertébraux.
  • Les ligaments intertransversaires (droit et gauche) qui relient les processus transverses des vertèbres.
  • Le ligament jaune qui relie les lames vertébrales (fines lames osseuses formant les parties postérieures des vertèbres). Ce ligament est très élastique et très riche en éléments proprioceptifs (il donne différentes informations au cerveau, notamment sur la position de la colonne vertébrale en fonction de la tension qui s’y exerce).
  • Les ligaments reliant les processus articulaires (ce sont en fait des épaississements capsulaires des articulations zygapophysaires).
  • Le ligament supraépineux qui relie les processus épineux des vertèbres.
  • Les ligaments ilio-lombaires (droit et gauche) qui relient les processus transverses des deux dernières vertèbres lombaires (L4 et L5) et les os iliaques.

NB : les disques intervertébraux sont également considérés comme des ligaments interosseux (puisqu’ils relient entre deux structures osseuses).

Lorsque l’un de ces ligaments s’étire ou se rompt (partiellement ou totalement), généralement à l’occasion d’un faux mouvement ou « tour de rein », on parle d’entorse lombaire. Le ligament le plus fréquemment en cause est le ligament ilio-lombaire (reliant entre les vertèbres L4-L5 et l’os du bassin).

Entorse lombaire et hernie discale : définitions

Maintenant que vous êtes un expert en anatomie de la colonne lombaire, il est important que vous connaissiez la définition des deux affections (entorse lombaire et hernie discale) afin de pouvoir les différencier plus facilement :

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1.     Entorse lombaire

L’entorse lombaire est une affection caractérisée par l’atteinte d’un ou plusieurs ligaments de la partie inférieure de la colonne vertébrale (l’un des ligaments que nous vous avons listés dans le rappel anatomique). Elle peut également être secondaire à une atteinte d’un muscle ou tendon au niveau de cette région. Elle est également qualifiée de lumbago.

Une entorse lombaire peut être consécutive à :

  • Un faux mouvement : le faux mouvement en question est le plus souvent une extension et torsion du dos en partant d’une position penchée en avant (dos en flexion). Cela s’observe fréquemment lorsqu’une personne soulève une charge lourde du sol en ayant une mauvaise position du dos.
  • Un mauvais alignement entre la colonne vertébrale et le bassin qui entraîne une tension excessive au niveau de certains ligaments, muscles ou tendons. Ces derniers finissent par craquer (étirement, déchirure complète ou partielle).
  • Des mouvements répétitifs de la partie lombaire de la colonne vertébrale (dans certains sports et certains métiers) peuvent également causer une blessure au niveau des structures molles du bas du dos (ligaments, muscles ou tendons).

Le principal symptôme de l’entorse lombaire est une douleur vive et d’apparition brutale localisée dans le bas du dos, généralement à l’occasion d’un faux mouvement ou autre traumatisme aigu du rachis.

Cette douleur s’accompagne souvent d’un « blocage » du dos, c’est-à-dire une incapacité à changer de position durant un long moment.

Pour tout savoir sur l’entorse lombaire, consultez l’article suivant.

2.    Hernie discale

La hernie discale est une affection caractérisée par la protrusion ou la saillie d’un disque intervertébral hors de sa position habituelle. Il s’agit en fait d’une sortie de sa partie interne (gélatineuse et molle) à travers une brèche de sa couche externe (fibreuse et dure).

En général, lorsqu’une hernie discale survient, elle comprime une ou plusieurs structures adjacentes. Lorsque c’est une racine nerveuse qui est comprimée, la douleur qui en résulte est appelée « radiculalgie », lorsque c’est un nerf, on parle de « névralgie ».

Par exemple, en cas de hernie discale lombaire, le nerf sciatique (ou l’une de ses racines nerveuses) est comprimé et irrité, ce qui se traduit cliniquement par des douleurs à la jambe (sur le trajet du nerf sciatique). On appelle cela une « névralgie sciatique ».

La hernie discale peut survenir de manière brutale à l’occasion d’un traumatisme aigu, ou de manière progressive favorisée par plusieurs facteurs tels que le vieillissement, le surpoids et autres sources de microtraumatismes répétés du disque intervertébral.

Quelles différences entre entorse lombaire et hernie discale ?

À présent, voici les principales différences entre l’entorse lombaire et la hernie discale :

  • Les structures concernées : l’entorse lombaire est une atteinte ligamentaire (voire musculaire ou tendineuse), tandis que la hernie discale est une atteinte du disque intervertébral.
  • Le mode de survenue : toutes les deux peuvent survenir aussi bien de manière brutale que progressive. Néanmoins, en général, l’entorse lombaire survient brutalement (à l’occasion d’un faux mouvement par exemple) alors que la hernie discale s’installe progressivement (évolution sur plusieurs années).
  • Les symptômes : l’entorse lombaire se manifeste généralement par des douleurs qui se limitent à la région lombaire (irradiations à la jambe rares) ainsi que par un blocage du dos, alors que la hernie discale peut soit être asymptomatique soit provoquer des douleurs qui irradient à la jambe (sciatique).
  • Le pronostic : il est généralement meilleur pour les entorses lombaires comparativement aux hernies discales, surtout lorsqu’il s’agit d’entorse par simple étirement ou élongation (guérison spontanée complète en quelques jours).
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Comment clarifier le diagnostic ?

En général, un bon interrogatoire du médecin complété par un examen physique minutieux est amplement suffisant pour faire la part des choses entre entorse lombaire et hernie discale.

Dans la grande majorité des cas, aucun examen complémentaire n’est nécessaire pour poser le diagnostic de l’une ou de l’autre.

Si toutefois une imagerie est réalisée, certaines informations peuvent être utiles pour éliminer des diagnostics différentiels.

Par exemple, en cas de traumatisme du rachis (chute, accident domestique, accident de la circulation…), une radiographie standard du rachis lombaire peut permettre d’éliminer une fracture vertébrale — bien que le scanner soit l’idéal pour vérifier l’intégrité des os.

En cas de doute entre ces deux pathologies, l’examen d’imagerie le plus performant est l’IRM (imagerie par résonance magnétique). Cette dernière est capable d’étudier avec une grande précision les tissus mous tels que les disques intervertébraux, les ligaments, les muscles et les tendons.

Elle peut donc aisément mettre en évidence une lésion discale ou ligamentaire (ou musculaire/tendineuse) et permettre ainsi de poser le diagnostic de hernie discale ou d’entorse lombaire.

Il n’est pas rare qu’un diagnostic d’entorse lombaire soit posé à l’examen clinique, puis, lorsqu’une IRM est réalisée, on retrouve une hernie discale associée.

En effet, puisque la hernie discale reste longtemps asymptomatique, il arrive fréquemment qu’elle soit découverte fortuitement à l’occasion d’une imagerie (IRM ou scanner) réalisée pour une autre pathologie.

Que faire?

En cas de douleurs lombaires, qu’elles soient apparues à l’occasion d’un faux mouvement ou qu’elles se soient installées de manière progressive, n’hésitez pas à consulter un médecin afin d’en déterminer la cause et de bénéficier d’une prise en charge adaptée.

En attendant, vous pouvez soulager vos douleurs grâce à quelques méthodes « générales » telles que :

  • Le repos : évitez les mouvements qui réveillent les douleurs, sans pour autant arrêter toute activité physique.
  • La ceinture lombaire : portez-la pour diminuer les contraintes qui pèsent sur le bas de votre dos. Mais attention, son utilisation ne doit être que temporaire (lorsque les douleurs sont importantes) afin d’éviter l’affaiblissement de vos muscles abdominaux et lombaires, de même que la raideur articulaire.
  • L’application de glace : en cas d’entorse lombaire après un faux mouvement, appliquez de la glace sur la zone douloureuse une quinzaine de minutes à raison de 3 à 4 fois par jour (voire chaque 2 heures) pour réduire l’inflammation et les douleurs.
  • L’application de chaleur : après la phase aiguë d’une entorse lombaire (environ 3 jours), vous pourrez appliquer de la chaleur (bouillotte) au niveau de la zone douloureuse pour détendre vos muscles (la chaleur réduit les spasmes et tensions musculaires sources de douleurs).
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Pour savoir dans quels cas utiliser du chaud ou du froid devant des douleurs au dos, consultez l’article suivant.

  • Les médicaments : en cas de douleurs aiguës, vous pouvez prendre des anti-inflammatoires non stéroïdiens (aspirine, diclofénac…) ou des antalgiques simples (paracétamol) en attendant votre rendez-vous médical.

Pour découvrir de nombreuses autres méthodes pour lutter contre le mal de dos, consultez l’article suivant.

Références

[1] P. Mevel, « La hernie discale », L’Aide-Soignante, vol. 27, no 150, p. 23‑24, 2013.

[2] P. Allard, J. M. Page, G. Kemoun, M. Duhaime, F. Barbier, et E. Watelain, « Perturbations dans les mouvements de rotation du tronc chez les personnes ayant des entorses lombaires », in Annales de readaptation et de medecine physique, 1998, vol. 6, no 41, p. 336.

[3] F. Rannou, M.-A. Mayoux-Benhamou, S. Poiraudeau, et M. Revel, « Disque intervertébral et structures voisines de la colonne lombaire: anatomie, biologie, physiologie et biomécanique », EMC-rhumatologie-orthopédie, vol. 1, no 6, p. 487‑507, 2004.

[4] F. Rannou, M. Corvol, M. Revel, et S. Poiraudeau, « Dégénérescence discale et hernie discale: rôle des contraintes mécaniques », Revue du rhumatisme, vol. 68, no 10‑11, p. 908‑912, 2001.

[5] W. Bengouga, « Comportement mécanique du rachis lombaire et thoracique », PhD Thesis, Université de Batna 2, 2014.

[6] P. G. VERSIER, « BIOMECANIQUE DU RACHIS », Service de chirurgie orthopédique HIA Begin, vol. 94160.

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